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Ukraine : le NYT n’a pas trouvé de Russes dans le sud-est du pays
Publie le mardi 6 mai 2014 par Open-PublishingDeux correspondants du New York Times ont passé plus d’une semaine avec des miliciens de la République populaire de Donetsk, pour tenter de comprendre quelles forces évoluaient dans le sud-est de l’Ukraine, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Ces miliciens sont-ils des Ukrainiens, comme l’affirme Moscou ? Ou la Russie est-elle derrière eux, comme le pense l’Occident ?
"Nous avons communiqué pendant plus d’une semaine avec les combattants d’une unité, à leurs postes de contrôle et en suivant leurs actions contre l’armée ukrainienne. Les miliciens, comme beaucoup d’autres personnes de la région, ont des liens plus ou moins forts avec la Russie. Nombreux sont ceux qui ont effectué leur service militaire dans l’armée soviétique ou ont de la famille en Russie : c’est un mélange complexe en matière d’identification de soi et de loyauté. Cependant, ils sont Ukrainiens. Le chef de l’unité, Iouri, 55 ans, est un Ukrainien ordinaire de sa génération. Il a servi en Afghanistan et possède aujourd’hui une petite entreprise de bâtiment à Droujkovka. Il donnait ses ordres comme un homme qui a vu plus d’une bataille.
En évoquant sa participation à l’occupation des bâtiments administratifs à Donetsk, Iouri dément les accusations de Kiev et de l’Occident selon qui ces actions seraient orchestrées par les services de renseignement russes : "Il n’y pas de Russes ici. J’ai suffisamment d’expérience". Sous son commandement se trouvent 119 hommes âgés de 20 à 50 ans – tous ont servi dans l’armée soviétique, ukrainienne ou encore dans les forces spéciales. Ils sont disciplinés, établissent une surveillance des postes de contrôle, nettoient souvent leurs armes et ne consomment pas d’alcool.
Ils peuvent avoir des points de vue différents sur l’avenir de l’Ukraine mais tout parlent des autorités de Kiev avec aversion. Et ils affirment que la décision d’occuper les bâtiments administratifs à Donbass était une bonne décision : ils rappellent que les forces pro-occidentales ont saisi des bâtiments publics dans la capitale ces derniers mois. "Pourquoi les Etats-Unis soutiennent leurs actions et condamnent les nôtres ? C’est contradictoire", déclare Maxim, un combattant qui comme bien d’autres, croit aux liens culturels, économiques et religieux avec la Russie. Lui est ses compagnons d’armes ont vu une menace flagrante quand Kiev a décidé de priver le russe de son statut de langue officielle.
Les miliciens nient être payés par la Russie ou des oligarques. "Ce n’est pas un travail. C’est un service", déclare Dmitri. "Si les renseignements russes nous aidaient, nous aurions des armes récentes", ajoutent les miliciens. Au lieu de cela, on peut voir sur les postes de contrôle des armes plutôt usagées, les mêmes dont disposent les militaires ukrainiens et les unités de police qui assiègent la ville : des pistolets Makarov, des fusils d’assaut Kalachnikov, des fusils de précision Dragounov et des lance-roquettes antichars, fabriqués dans les années 1980-1990 à en juger par leur marquage.
Pratiquement toutes les armes semblent utilisées depuis longtemps. Nous avons tout de même vu un lance-roquettes RPG-7 neuf : les miliciens ont dit l’avoir acheté avec 12 roquettes aux soldats ukrainiens pour 2 000 dollars. Ils prennent des armes dans les commissariats de police qu’ils assiègent, ainsi qu’aux militaires qui passent dans leur camp.
Rien n’indique que la Russie arme les miliciens. En revanche, ces derniers sont soutenus par la population locale, qui leur apporte de la nourriture et offre un toit pour se reposer. Kiev nous considère comme des séparatistes et des terroristes. Mais pour la population locale, nous sommes des défenseurs, conclut Iouri".