Un essai de prospective politique d’après les Présidentielles 2017

Un essai de prospective politique

Luchon, le lundi 17 10 2016

1 - Une France en plein basculement idéologique :

Notre présente période historique en France et en Europe sera plus tard regardée comme un temps de reflux graves des espoirs européens. En quelque sorte comme une revanche prise par ce qu’il y a dans nos pays européens vieillissants, de plus timoré, de moins en moins entreprenant et de plus réactionnaire a l’égard des salariats et les Peuples fourvoyés par leurs mauvais bergers.
Il en va souvent comme cela ; lorsque l’humanité n’arrive plus a se frayer de nouvelles voies vers le neuf, elle se réfugié dans un passe fallacieux et momifie et dans l’illusion d’un retour possible aux vielles pratiques et aux recettes usées.
Nous vivons, hélas en France et en Europe, l’une de ces périodes ou les prestiges usurpes d’un passe mythifié entraînent le ressassement de propos et de recettes politiques inappropriés et la stagnation de propositions novatrices pour le présent et l’avenir.
C’est dans ce contexte d’absence d’hégémonie des idées progressistes qu’il faut analyser l’atonie d’idées neuves dans la présente préparation des primaires de Droite et de Gauche en vue des Présidentielles 2017.
L’absence de vrai "neuf" fait ressurgir les fantômes des anciens temps qui se partagent nos esprits et nous incitent a vouloir redonner vie a des rapports sociaux révolus au lieu d’expérimenter des pratiques nouvelles.

2 - Les perspectives a venir des forces politiques en France :

Idéologiquement, il ne reste a la Droite française, ayant jeté par dessus bord le christianisme social et le gaullisme qu’une valse hésitation entre la surenchères d’un nationalisme de repliement et d’exclusion, renouant avec celui de Maurras et la nostalgie d’une politique d’affrontement dure avec le salariat, copiant la pratique des années Thatcher, dont ses principaux leaders pensent que cette "réaction" lui permettrait de recréer un capitalisme générateur de plus hauts profits.
Ce n’est hélas pas la première fois ; rappelons-nous ; que cette famille d’idée a été saisie par une telle illusion de la rupture et d’une refondation culturelle a rebours de la société.
Sans remonter a la "révolution nationale" prônée par le Marechal Pétain, laquelle était, pour partie, le fruit amer de la défaite de mai 1940, rappelons nous qu’ en 1986, revenue au pouvoir, au lendemains des législatives sous la présidence de François Mitterrand, la droite française s’efforça déjà de transposer la réaction thatcherienne en France et perdit très rapidement les faveurs de l’électorat. L’un des marqueurs et des symboles les plus apparents de cette attitude "réactionnaire" est la volonté quasi unanime a l’exception méritoire de NKM de supprimer l’impôt sur les grandes fortunes au moment ou le budget de l’Etat a tant de besoins pour faire repartir l’économie et ou tant de catégories sociales et la jeunesse voient leur niveau de vie écorné. Ce qui reste des classes moyennes pressurées paiera bien entendu les cadeaux aux pauvres riches !

Que peut donner l’application d’une telle politique mixte si contradictoire mêlée d’accentuation d’un néo-libéralisme faisant de la surenchère dans le sens de la mondialisation inégalitaire dont il conviendrait au contraire de tempérer le rythme et d’une politique culturelle et nationale antileberale sur le plan politique ?

– La victoire probable annoncée d’Alain Juppe est apparemment le scénario le moins régressif. Mais que permettra t’il sinon la mise en œuvre renouvelée d’une politique libéral-conservatrice incapable de redonner vigueur a une économie anémiée par manque d’investissements productifs et dans la "R et D" ?
Son élection pourrait ouvrir la voie a une consolidation temporaire d’un vaste pôle conservateur. Mais cette restauration conservatrice se fera sous une forte pression a la surenchère droitière de pans divers de la droite extrême, y compris d’une partie des Sarkosystes.
Soyons certains que la permanence d’une forte extrême droite renforcée par les ultras du Sarkosysme ne manquera pas de causer a Juppe les plus graves ennuis, y compris sur le plan parlementaire, notamment sur les choix de la politique européenne et d’intégration des minorités.

Or une politique "clivante" ne sera jamais apte a ramener les "enfants perdus" de la Republique que sont nombre des électeurs du Front National mais deviendra vite insupportable a l’ensemble des multiples minorités dont est en réalité constitue notre pays réel non mythifie

Un retour du balancier en sens inverse sera, par conséquent, a prévoir, une fois la période des ambiguïté et des illusions passées.
Cependant le courant qui sortira vainqueur dépendra des stratégies et du nouveau positionnement des forces qui seront en mesure d’apparaître ultérieurement comme l’opposition la plus déterminée et la plus cohérente.
Une course de vitesse pour s’assurer de l’hégémonie sera donc engagée entre les oppositions de l’ultra-droite et des gauches reconstituées.

- Le danger principal proviendra de l’ultra-droite du Front National renforcée par les plus virulents des partisans de Sarkozy.
Ce qui reste de la gauche post-hollandaise laquelle n’aura été qu’une parenthèse suspendue dans le vide sociologique et idéologique et apparaît comme une caricature de social-démocratie devrait a terme être battue par une nouvelle forme de l’unité des gauches et d’un nouveau centre.

– cependant, un nouveau centre Macronien pourrait aussi être en mesure de capter les besoins de renouveau et de conquérir un espace supérieur a celui que détint le MODEM bien que restant handicapé par le mode de scrutin majoritaire a deux tours qui est le carcan de la vie politique Francaise.
Cependant la paralysie idéologique des gauches pourrait offrir a ce nouveau centre un espace politique lui permettant de durablement s’installer en deuxième position, comme aujourd’hui PODEMOS en Espagne et de faire "turbuller" le système, non pas aux extrêmes mais au centre. Ce changement préparerait de nouveaux équilibres dans une configuration politique nouvelle.

Paul Saint-Aubin