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Un million et demi de "stagiaires" !

Publie le lundi 27 janvier 2014 par Open-Publishing

Les stages en entreprises, le mécanisme le plus efficace pour agraver le chômage.

Khirouni, députée "socialiste", vient de déposer une proposition de loi, soutenue par le gouvernement, sur les "stages" des étudiants en entreprise. Il s’agit officiellement de mettre fin aux abus des employeurs et d’améliorer le statut des stagiaires.

Le projet prétend « renforcer la dimension pédagogique », en assurant un "suivi" des stagiaires par un enseignant et en limitant la durée du stage à six mois maximum. Le stage ne devrait pas se substituer à un emploi permanent ou temporaire : l’inspection du travail devrait obtenir de « nouvelles missions de contrôle » dans ce domaine.

 Problème 1 : les stages sont souvent obligatoires, désormais, pour valider les diplômes. Aussi, compte-tenu de la diffciulté de trouver, la plupart des étudiants s’engagent dans des stages qui sont en réalité des emplois déqualifiants par rapport à leur études (vente, restauration, centre d’appel téléphonique). Ce problème est la conséquence de la vértitable complicité qui existe désormais entre les écoles et universités d’une part et le patronat d’autre part, avide de main d’oeuvre docile (il faut obtenir le diplôme) et quasi gratuite. Cette complicité doit être dénoncée, et la pratique des stages totalement interdite, à rebours des misérables revendications de "Génération Précaire". Les enseignants qui réfléchissent un peu doivent refuser l’encadrement et le suivi des stages, et les étudiants qui réfléchissent aussi un peu devraient les boycotter plutôt que d’offrir du travail quasi gratuit aux patrons.

 Problème 2 : le projet SAPIN de "réforme" de l’inspection du travail vise à empêcher les inspecteurs du travail contrôler le patronat, en modifiant les missions des inspecteurs et en les caporalisant sous l’autorité de petits chefs serviles. Les inspecteurs du travail, ont de moins en moins de moyens de faire leur travail auprès de patrons de plus en plus arrogants : on voit mal comment ils pourraient accomplir ces « nouvelles missions ».

Selon le projet, les entreprises ne devraient pas dépasser un nombre maximum de stagiaires à préciser, et l’indemnité versée, dans le cas des stages de deux mois et plus, soit 436 euros minimum pour 35 heures, ne serait plus imposable.

problème 3 : les étudiants qui doivent travailler pour payer leur études ne peuvent plus survivre pendant la période des stages. Les autres sont aidés par les parents, ce qui représente un extraordinaire symbole pour ces politiciens qui n’on à la bouchhe que le concept fumeux d’égalité des chances.
Un détail oublié par la députée "socialiste" ?

Après les déclarations de la ministre de l’Enseignement supérieur en mars 2013, puis la loi de juillet dernier sur l’enseignement supérieur, cette proposition de loi réaffirme de grands principes sans se donner les moyens de contraindre les patrons à les respecter. La députée a d’ailleurs précisé qu’il s’agissait d’un texte « qui doit défendre les stagiaires sans tarir l’offre de stages côté entreprises ». Le gouvernement a donc renoncé à fixer le nombre maximum des stagiaires à 10 % de l’effectif de l’entreprise ou à deux par PME, comme le réclamait mollement le collectif Génération précaire. En dessous de deux mois consécutifs, la « gratification » reste au bon vouloir de l’employeur. On peut imaginer que la limite de six mois de stage sera aussi peu respectée que la limite du nombre de CDD, que l’employeur soit privé ou public.
En dépit de la loi, les employeurs ont souvent recours à des stagiaires pour un surcroît temporaire d’activité, dans les magasins en fin d’année ou pendant les soldes. Certaines entreprises de publicité, de sondage, de presse, emploient des stagiaires en permanence. Les stages en cours d’études sont devenus des stages d’après diplômes, en réalité des emplois précaires, encore moins payés, et souvent sans perspective d’embauche. De 600 000 en 2006, le nombre de stagiaires est passé à plus d’un million et demi en 2013. Vu la complaisance du gouvernement envers le patronat, la tendance n’est pas près de s’inverser.