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Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice
par La Croix
Publie le samedi 6 avril 2013 par La Croix - Open-Publishing3 commentaires
Rédigé par des officiers du renseignement intérieur, il a été remis confidentiellement aux députés du groupe de travail parlementaire sur l’exil fiscal constitué en janvier 2013.
C’est un document d’une sévérité inédite rédigé par un collectif d’officiers de la DCRI, ce « FBI à la française » issu, en 2008, de la fusion entre la Direction de la surveillance du territoire (DST) et les Renseignements généraux (RG) voulue par Nicolas Sarkozy. Rédigé sur 14 pages en style parfois télégraphique, ce véritable audit du service de renseignement, mais aussi de nombreuses autres directions de la police compétentes en matière de délinquance financière, a été remis le 16 février dernier aux parlementaires du groupe de travail sur les exilés fiscaux dirigé par le député socialiste Yann Galut.
banque suisse UBS
Cette note très précise, que La Croix a pu consulter, encourage les élus à interroger, si possible dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire, les anciens et actuels patrons ou responsables de la DCRI (dont Bernard Squarcini, Gilles Gray, Éric Bellemin-Comte…), notamment celles et ceux qui étaient et sont encore chargés du renseignement économique et financier, ainsi que ses chefs du « département sécurité » ou du « groupe action » de la sous-direction chargée du renseignement économique.
Car les auteurs de la note se livrent à un véritable réquisitoire, révélant d’une part la surveillance étroite opérée par le renseignement intérieur sur l’organisation de la fraude fiscale internationale, notamment celle qui fut organisée en France par la banque suisse UBS, et dénonçant d’autre part la non-transmission à la justice des informations considérables recueillies lors de cette surveillance.
« Pourquoi, après avoir découvert cette infraction pénale (NDLR : celle commise par UBS), la sous-direction K (renseignement économique et financier) de la DCRI ne l’a-t-elle pas dénoncée au procureur de la République (…) ? Pourquoi la sous-direction K a-t-elle axé son travail de surveillance sur les cadres de l’UBS qui dénonçaient le système de fraude plutôt que sur ceux (qui étaient) à l’origine du système ? », peut-on lire dans ce document confidentiel.
service interministériel d’intelligence économique
Plus grave encore, les rédacteurs de la note pointent du doigt « les services extérieurs à la DCRI qui ont travaillé sur le dossier Tracfin » concernant l’organisation de l’évasion fiscale massive de la France vers la Suisse, notamment le service interministériel d’intelligence économique. Selon l’un de ces officiers, « la presque totalité des cadres de la DCRI et de ces autres services de police ou de renseignement, toujours en responsabilité, sont ceux qui ont servi avec zèle le président de la République précédent ».
Résultat, selon eux, « le faible nombre de dénonciations qui émanent des services de renseignement spécialisés dans le domaine économique et financier, notamment ceux de la DCRI, nous incite à réfléchir sur la mission de ces services dont l’inefficacité pénale est injustifiable ». Dès lors, le verdict de ces professionnels est radical : « Ces services se nourrissent des délits qu’ils ne souhaitent pas voir apparaître ou révéler à l’autorité judiciaire pour ne pas amoindrir leur influence, quand le besoin s’en fait sentir. »
une entrave majeure à la justice
Enfin, la note des officiers du renseignement intérieur remise aux élus affirme que le fonctionnement actuel de leur service représente une entrave majeure à la justice. « Il conviendrait de ne plus abusivement protéger le recueil de renseignements économiques et financiers par le “secret défense”, car ce type de renseignements ne menace pas la défense ou la sécurité nationale », écrivent-ils.
Avant de conclure : « Généraliser la classification des activités et des informations recueillies par la DCRI empêche la justice d’avoir à connaître des informations dont elle a rapidement besoin pour ses enquêtes. »
ANTOINE PEILLON
Messages
1. Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice, 6 avril 2013, 15:17
Si la France avait été gouverné par un chef maffieux, il n’aurait pas fait autrement. Connaître la fraude pour asservir les fraudeurs plutôt que de les traduire en justice ; organiser la fraude pour les petits copains ; gérer le système au mieux des intérêts de soi-même et de la famille (l’honorable société) ; mettre la police et la justice au service de la famille et lui éviter de trop se faire de soucis pour ces petites affaires de la famille ; éliminer ceux qui dénonceraient le système.
Ce qui est inquiétant c’est que tellement de fonctionnaires collaborent avec tant de servilité. L’administration française est devenue une gestapo dévouée. Rien ne lui semble trop aberrant. Plus c’est nul, plus elle applique ; plus c’est injuste, plus est fait du zèle ; plus c’est crapuleux, plus elle semble jouir de mettre en œuvre. Cependant il reste un petit espoir : tout n’est pas pourri. Il reste quelques courageux fonctionnaires pour établir les "dysfonctionnements". Mais le pouvoir politique actuel semble bien peut disposé à faire les ménages nécessaires, ce qui laisse à penser qu’il est bien engagé dans le système. Cahuzac la main dans sac est sacrifié (jusque-là c’est du mauvais théâtre de boulevard) pour que les autres puissent continuer tranquillement leurs petites affaires. Merci pour eux. Peut-être qu’un jour le peuple se réveillera, alors la bourgeoisie tremblera. Pour l’instant le club sélect de l’UMPSFN va bien et le beau rapport sera enterré avec les autres et les fonctionnaires rapporteurs seront casés ailleurs avec promotion s’il n’est pas possible de les suicider.
1. Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice, 6 avril 2013, 22:33
Si la France avait été gouverné par un chef maffieux, il n’aurait pas fait autrement.
Ouarfff !!!!
Mais, Cher ami, la France, (et les autres, ceux qui la contrôlent), est totalement sous la coupe d’une oligarchie maffieuse.
Simplement les médias aux ordres oublient de vous en parler.
Et, évidemment, ce dont on ne parle pas, n’existe pas !
Refrain bien connu.
G.L.
2. Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice, 7 avril 2013, 00:27, par jean Baptiste 64
Une chose est sûre, il y a des réglements de compte en interne dans ces services, mais aussi, et je l’espère, des gens de bonne foi, consciencieux et qui ont des convictions sur la justice. L’essentiel, c’est que la brèche est ouverte, gare aux eclaboussures.