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Une candidate Front de gauche aux législatives rejoint le FN

par Jean-Marie Leforestier

Publie le vendredi 24 mai 2013 par Jean-Marie Leforestier - Open-Publishing
7 commentaires

Là ça commence vraiment à craindre... et qui pouvait douter que le populisme même dit de "gauche de gauche" ne mènera pas, tôt ou tard, certains, à celà !? Pfff !!!!


Une candidate Front de gauche aux législatives rejoint le FN

Anna Rosso-Roig était candidate communiste aux législatives dans les 9e et 10e arrondissements de Marseille. L’an prochain, c’est sous les couleurs de Marseille bleu Marine qu’elle postulera aux municipales.

À la voir discuter avec le conseiller régional Laurent Comas, il faut croire que même au Front national, l’intégration peut parfois fonctionner. Anna Rosso-Roig est une nouvelle venue étonnante au sein du parti d’extrême-droite. Il y a moins d’un an encore, elle était candidate Front de gauche aux législatives dans la 6e circonscription face notamment à ce même Comas. Après avoir réuni 7 % des voix au premier tour, elle avait au second soutenu le candidat EELV-PS Pierre Semeriva dans une triangulaire dont était sorti vainqueur Guy Teissier.

En mars prochain, sous les couleurs du Rassemblement bleu Marine, Anna Rosso-Roig sera deuxième de liste dans un secteur municipal encore indéterminé, à choisir entre le 1/7 et le 9/10. C’est dans ces derniers arrondissements où elle vit qu’elle aimerait bien concourir, derrière Laurent Comas pour y obtenir, pourquoi pas, un poste de conseillère municipale dans la dizaine qu’espère obtenir son nouveau parti.

Boutin, "trop rétrograde"

La jeune femme est bien la seule à ne pas s’étonner de ce transfert éclair de la gauche de la gauche à l’extrême-droite. "Je n’ai pas agi par opportunisme. Je suis préoccupée par la montée de l’islam en tant que catholique pratiquante. Le Front de gauche ne défend pas nos valeurs traditionnelles et notamment religieuses", confie la fidèle de la paroisse de Mazargues. Elle dit avoir un temps hésité avec le parti chrétien-démocrate de Christine Boutin mais l’avoir trouvé "trop rétrograde" et finalement avoir été séduite par Marine Le Pen, "bien plus modérée que son père sous la présidence de qui, honnêtement, je n’aurais pas adhéré."

Pour le FN, il s’agit d’une recrue de choix dans sa stratégie de dédiabolisation. Le premier responsable national à l’avoir rencontré est d’ailleurs Florian Philippot un proche de Marine Le Pen lui aussi venu de la gauche et du MRC de Jean-Pierre Chévènement. Le FN cherche en effet depuis des mois à recruter à gauche et notamment parmi les syndicats. Militante CGT - elle a été conseillère prud’hommale- Anna Rosso-Roig a rendu sa carte avant d’adhérer au Front national, ce qui lui a permis d’éviter l’exclusion.

Quand on l’interroge sur cette nouvelle recrue, Stéphane Ravier, le tête de liste pour ses municipales répond tout d’abord par une pirouette : "elle s’était trompé de Front", lâche-t-il fier de son bon mot. Il reprend plus sérieux : "Nous accueillons tous ceux qui veulent nous rejoindre mais il est clair que cet électorat ne vient pas tout seul, il faut aller le chercher. Son arrivée correspond aussi au glissement de beaucoup d’électeurs communistes."

D’Olmeta à Comas

Cette analyse, Alain Hayot, spécialiste de la riposte au Front national au sein du PCF, la conteste : "C’est un leurre, un faux semblant. Notre électorat s’est plutôt réfugié dans l’abstention ou dans le vote utile à gauche". Ironie de l’histoire, c’est ce conseiller régional qui a mis le pied à l’étrier de Rosso-Roig au sein du Front de gauche après la candidature de celle-ci sur la liste du socialiste René Olmeta dans le 9/10 en 2008. En 2011, il en a fait sa suppléante aux cantonales avant de la pousser dans la course aux législatives. "Si j’étais catholique, je dirais que je porte ma croix", philosophe celui qui s’est battu contre la municipalité frontiste à Vitrolles. "Jamais au cours de nos discussions, je n’ai pu déceler un quelconque rapprochement de ses idées avec celles du Front national", reprend-il avant de s’interroger sur ses véritables motivations :

J’ai fini par me faire à l’idée qu’elle cherche une niche électoral pour obtenir un poste et qu’elle a estimé que le Front de gauche, après le PS, n’était pas en mesure de le lui apporter.

Elle lâche qu’un "électrochoc personnel" a aussi motivé sa décision sans vouloir s’étendre sur le sujet. Elle épouse ensuite avec la ferveur d’une fraîche convertie les thématiques les plus primaires de son parti : "Le pays va mal, il y a de plus en plus d’étrangers. Les coupables, ce sont ceux qui laissent rentrer des étrangers alors que ceux qui sont là sont au chômage. Les Français d’abord."

Ses désormais opposants, eux, devront faire de la pédagogie sur ce transfert. "C’est inquiétant, estime Pierre Semeriva. Mais attention, ce n’est peut-être qu’une démarche personnelle. Est-ce qu’on peut en faire une généralité ? Je pose la question." "Les militants sont déjà au courant, complète Alain Hayot. Il est évident qu’il faudra clairement dire que cette personne n’a plus rien à voir avec nous, qu’on n’a rien à voir avec ses choix tout en précisant bien que le Front de gauche et sa légère embellie lors des dernières élections ne se résument pas à Anna Rosso-Roig". Cette dernière est déjà repartie sur les marchés tout en sachant qu’elle risque d’affronter quelques moments délicats : "J’imagine que ce ne sera pas aussi facile qu’avant quand je retournerai à La Cayolle."

http://www.marsactu.fr/politique/une-candidate-front-de-gauche-aux-legislatives-rejoint-le-fn-31257.html

Anna Rosso-Roig avec le conseiller régional FN Laurent Comas
MarsActu/Jean-Marie Leforestier

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