Valls...avec la nuit

Soudain, tout valsa. Par un beau matin, au lever du jour, Manuel, habile de ses mots à défaut de savoir quoi faire de ses dix doigts, annonça la nouvelle au peuple ébahi, hagard. Il ne prit pas de gants (à quoi bon) pour asséner la nouvelle terrifiante : l’anxiogène était dans nos murs !

L’anxiogène, que dis-je, une cohorte barbare et fourbe d’anxiogènes s’était incrustée dans nos riantes cités. Enfin au bord, faut pas déconner non plus. Mais quand même avoue que cela fait froid dans le dos.

L’angoisse était palpable et sourde, tout autant que muette de surcroit, ce qui la rendait facile à tripoter mais inapte à la discussion. Rétive à la raison, cette terrible angoisse de l’anxiogène s’était insinuée au cœur même du corps social, qui se tordait les boyaux de peur.

Ce fut un déferlement de haines recuites, de petites frustrations enfouies qui ressurgirent dans la France profonde aimant tant l’ordre et la sécurité. L’angoisse se transforma en psychose. La France des lumières collaborait avec la nuit. Manuel, les pieds dans le purin rêvait au jour de son intronisation…

Ce jour là aussi, il se passa un événement extraordinaire qui fut passé sous silence par la presse. Tous les monuments aux morts s’étaient mis à pleurer.

Carland