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Vers un Etat de police et de suspicion

par Paul Alliès

Publie le mercredi 6 janvier 2016 par Paul Alliès - Open-Publishing
5 commentaires

Jusqu’où iront-ils ? Voilà qu’un nouveau projet de loi de réforme pénale vient d’être transmis au Conseil d’Etat. Débordant le champ ouvert par la révision de la Constitution et la déchéance de nationalité, il est un pas de plus, mais décisif vers l’instauration d’un Etat de police et de suspicion.

Depuis la remise à flot de l’état d’urgence, de nombreuses libertés publiques (de la liberté d’association à la liberté de circulation, en passant par la sûreté du domicile et des personnes) ont été rognées. Le juge a tout simplement été écarté au profit du pouvoir discrétionnaire de l’Exécutif, de ses préfets et de ses gendarmes. Le gouvernement semble se rendre à l’évidence : à la date du 26 février, il apparaitra improbable d’annoncer la fin de l’état d’urgence (justifié par la "guerre contre l’armée djihadiste") au vu des seuls résultats de ces trois derniers mois. Et demander sa prolongation au Parlement, à quelques encablures de la réunion du Congrès pour la révision constitutionnelle, peut apparaître comme politiquement coûteux.

La démarche est donc d’alourdir encore un peu plus le dispositif législatif des pouvoirs donnés à la police et à l’administration : armement des policiers et des gendarmes bénéficiant de l’irresponsabilité pénale, fouilles discrétionnaires des bagages et des véhicules après celles des domiciles, contrôle administratif strict des personnes « soupçonnées de pouvoir se rendre sur un théâtre d’opérations »…Tout cela à l’abri du contrôle d’un juge. Bref, il s’agit de prolonger l’état d’urgence sans les quelques contraintes de l’état d’urgence.

Le plus grave n’est peut-être pas cette liste qui s’allonge au fil des lois de circonstances (de novembre 2014, juillet 2015, octobre 2015) votées par la gauche, mais le renversement de logique pénale sur laquelle repose cette politique. Depuis la loi sur la rétention de sûreté du 25 février 2008, on instaure silencieusement en France une justice prédictive, fondée sur la suspicion et le pronostic, et non plus sur des preuves et des faits. Ainsi la loi du 20 novembre 2015 sur l’état d’urgence a-t-elle modifiée la loi de 1955 sur l’assignation à résidence ou les perquisitions en l’appliquant à toute personne vis-à-vis desquelles il existe « des raisons de penser que son comportement (et non plus seulement son activité) constitue une menace ».

L’idée est que « l’Autre » (pour l’instant le musulman mais pas seulement) est dangereux en tant que tel, dès lors qu’on peut avoir quelque doute sur ses intentions, et quand bien même il n’aurait pas fait montre de la moindre tentative délictueuse ou criminelle. Ainsi la notion d’ « entreprise individuelle à caractère terroriste » énoncée par la loi de 2014 est-elle particulièrement vague en visant des comportements éloignés de la moindre infraction. Les soi-disant « bavures » recensées au gré de l’application de la loi du 20 novembre sont des illustrations de cette dérive entrée dans les mœurs policières et administratives.

Cette transformation du « droit des gens » est non seulement absolument contraire aux principes fondamentaux de la République mais à toute la tradition du droit français. Que ce soit un pouvoir issu d’un vote majoritaire de gauche qui y procède est proprement criminel car il bricole un régime d’exception destiné à durer dans les institutions qui peuvent tomber dans des mains illibérales.

François Hollande et Manuel Valls sont en train de ruiner l’Etat de droit démocratique. Ils escomptent peut-être que le bruit fait autour de la déchéance de nationalité couvrira la petite musique de leurs mesures de basse police. Ils pensent sans doute que l’arbre de la révision constitutionnelle cachera leur misérable manœuvre législative. Il faut secouer les consciences pour empêcher l’avènement de leur Etat de police et de suspicion.

https://blogs.mediapart.fr/paul-allies/blog/050116/vers-un-etat-de-police-et-de-suspicion

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Messages

  • "Il faut secouer les consciences pour empêcher l’avènement de leur Etat de police et de suspicion."
    Oui Paul mais il faut surtout occuper la rue pour montrer notre désaccord jusqu’à ce que ces bordilles (vous trouverez le sens dans wikitionnaire) dégagent et que la liberté se réapproprie notre vie et notre corps.
    Il existe des élus qui se trouvent légitimes avec 8% de votes par rapport aux inscrits.
    Que feront-ils quand ils n’obtiendront que leur voix ?
    S’accrocheront-ils à ce système dont ils ont fait leur gagne-pain au mépris de la démocratie directe que les anarchistes réclament depuis longtemps ?

  • Je pense qu’il existe la pétition (+ de 10 000 signatures ?) ne suffira pas !

    IL FAUT UNE MOBILISATION DANS LES RUES TRES IMPORTANTE !

    Quelle représentativité ont les Parlementaires des 2 Chambres pour voter à notre place ? Le Gouvernement veut accentuer la REPRESSION, les CONTRÖLES - PERSQUISITIONS sans la présence de la Justice !
    Les ASSIGNATIONS à RESIDENCE vont se multiplier !

    Il faut empêcher cela !

  • Pourquoi un casque n’est pas encore obligatoire pour marcher sur les trottoirs, le long des immeubles ? Alors que la ceinture de sécurité l’est !

  • SCOOP ;

    LE PCF met en garde F.HOLLANDE et l’ensemble des élus socialistes

    Pierre LAURENT Secrétaire national du PCF

    Chassaigne André, PRESIDENT ET PORTE PAROLE des elus communistes à L’Assemblée

    Éliane Assassi, Présidente du groupe CRC,au SENAT

    à Monsieur le PRESIDENT de LA REPUBLIQUE

    Monsieur le PRESIDENT,

    Les terribles attentats qui ont endeuillé la FRANCE l’an dernier donnent lieu dans notre pays à une surenchère nauséabonde en matière de xénophobie raciste islamophobe, et à une instrumentalisation de légitimes soucis de sécurité , qui conduit votre majorité à envisager de progressivement transformer notre pays en un triste modèle d’ETAT LIBERTICIDE, avec la mise en place de dispositions policières, juridiques, constitutionnelles, qui rappellent les pires moments de notre Histoire, que ce soit le régime fasciste de VICHY ou les mesures prises lors des guerres coloniales , notamment la guerre d’ ALGERIE

    Certes nous sommes bien conscients que ce dispositif, outre son souci de renforcer l’arsenal antidémocratique, répond à une stratégie politicienne méprisable :
    -Vous surfez sur les émotions, pour concurrencer vos concurrents de droite dans une opération de division, afin de créer un climat propice à ce que votre gouvernement poursuive et aggrave sa politique de soumission aux intérêts du Capital ,

    - Afin surtout de voir les électeurs vous renouveler, par défaut en 2017 un CDD de 5 ans " ,à vous et à votre parti ,
    soit de vous permettre de contribuer à la mise en place de gouvernance dite"d’unité nationale, de"consensus" , de"grande coalition

    C’est pourquoi il est du devoir des progressistes de se dresser contre ces manoeuvres.

    Dès ce soir,notre CONSEIL NATIONAL s’’adressera à l’ensemble des forces politiques, associatives, syndicales pour que se dresse un rempart populaire à vos noirs desseins.

    En prévoyant des manifestations massives, des sit in devant les Assemblées, et s’il le faut,une marche sur VERSAILLES, si par malheur vous persistiez dans votre intention de convoquer un CONGRES de nouvelle remise en cause de ce qui fonde le DROIT français

    Compte tenu de ce type d’utilisation des dispositions constitutionnelles pour bailloner la démocratie( rappelons votre honteuse collusion avec SARKOSY pour déchirer notre NON au TCE ), nous devons vous mettre en garde et vous faire part des decisions envisagées par notre PARTI et qui seront soumises au vote de nos adhérents la semaine prochaine

     TOUT vote des dispositions liberticides par le PARTI SOCIALISTE entrainera de facto la décision IRREVOCABLE de REFUSER tout accord életoral, tout soutien à l’actuel pari majoritaire lors des élections à venir.

     Aucun candidat SOCIALISTE, au scrutin présidentiel et législatif de 2017 ne bénéficiera d’un quelconque désistement des candidats et du Parti Communiste Français

    Ce sera notre façon de militants , de responsables , de participer à la mobilisation populaire.

    Vous avez déclaré "Nous sommmes en guerre"..

    Puisque c’est, objectivement CONTRE les LIBERTES, contre nottre CAMP, nous sommes donc en état de LEGITIME DEFENSE

    A bon entendeur,

    Salutations communistes

    PARIS 7 janvier 1OH30



    ..bien entendu que c’est un faux...

    HELAS...