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Victor Jara, n°2547 [français] Un film de Elvira Diaz

Publie le mardi 17 septembre 2013 par Open-Publishing

A voir ici : http://www.inthemood.fr/projet/victor-jara-no-2547/

Synopsis

A Santiago du Chili, en 1973, lors des premiers jours de la dictature de Pinochet, Hector Herrera, alors simple employé administratif à l’Etat Civil, est réquisitionné de force pour relever des empreintes à la morgue. Quand, au milieu des centaines de cadavres, il se retrouve face au corps du plus grand chanteur engagé de son époque, Victor Jara, il refuse de voir ce corps disparaître comme les autres. Et en 48 heures, grâce à la complicité de l’épouse du chanteur et de 4 autres fonctionnaires, il parvient au péril de sa vie à l’enterrer légalement. Aujourd’hui, le procès de l’assassinat du chanteur est toujours en cours. Ce corps volé à la junte militaire en 1973 reste une pièce à conviction. Après 40 ans d’exil et de silence, Hector défait son secret. Il part au Chili pour retrouver les complices de cet acte de désobéissance.

Résumé

Le 11 septembre 1973 à Santiago du Chili, le général Augusto Pinochet, avec l’appui de la CIA, renverse le gouvernement socialiste de Salvador Allende. Le palais présidentiel est bombardé. Allende refuse de se rendre et se donne la mort. La terreur s’installe pour 17 ans. Dans tout le pays, les militaires quadrillent les villes, les chars et les hélicoptères rodent. Des mines, des
villas, des stades sont transformés en camps de prisonniers. La torture est systématique, des milliers d’opposants sont assassinés.

Je ne chante pas pour chanter ni pour avoir une belle voix, je chante parce que la guitare a du sens et de la raison.

Parmi ces victimes, Victor Jara, le chanteur populaire engagé le plus en vue de son époque, figure incontournable au Chili. Ambassadeur culturel du président Allende, ses textes sont marqués par la lutte des classes et la dénonciation publique des violences commises par les pouvoirs autoritaires sur le continent. Il a été le directeur artistique de quilapayun, les célèbres
interprètes de el pueblo unido jamàs sera vencido (Le peuple uni ne sera jamais vaincu) que le monde entier scandera. Sa mort violente fait de lui un martyr, une icône de la lutte dans toute
l’Amérique Latine.

Au Chili, on compte aujourd’hui plus de 3000 victimes de la dictature dont 1200 personnes sont encore portées disparues. Leurs dépouilles sont toujours enfouies quelque part, dans le désert d’Atacama si elles n’ont pas été larguées dans l’océan par avion.

Si Victor Jara ne compte pas parmi les disparus et qu’il repose aujourd’hui au Cimetière Général de Santiago, c’est grâce à Hector Herrera qui, entre le 16 et le 18 septembre 1973, à la morgue centrale, a trompé la vigilance des militaires et organisé le « sauvetage » de son corps. Hector Herrera est le personnage principal du film, c’est lui qui nous ramènera dans le temps, à ces journées de septembre 1973.

Cette année-là, Hector, 23 ans, est simple fonctionnaire de l’état civil. Quatre jours après le putsch, comme il est spécialisé en dactyloscopie (étude des empreintes digitales), il est missionné de force par l’armée pour travailler à la morgue. Au moment où, au milieu de l’enfer des centaines de cadavres empilés, il se retrouve, stupéfait, face à la dépouille de Victor Jara, il prend la décision de le sortir de là. Et il y parvient. Mais pas seul. Sur 2 journées, 5 personnes, tous fonctionnaires, réussissent au péril de leur vie à inhumer légalement le chanteur… Pour ce qu’il représente. Parce que c’est lui. Ces personnes se jurent de garder le silence. Un pacte scellé jusqu’à aujourd’hui. Elles ne se sont jamais revues.

L’enquête sur l’assassinat de Victor Jara est toujours ouverte, le procès est en cours. Le dossier Victor Jara est une des 700 plaintes déposées au Chili depuis l’année 2000 pour crime contre l’Humanité. En 2009, à la demande de la famille Jara et après 36 ans de silence, Hector témoigne au tribunal pour la première fois. Cette nouvelle pièce apportée au dossier permet de relancer l‘enquête. Exhumé en 2010 pour autopsie puis inhumé à nouveau lors de funérailles nationales la même année, le corps de Victor Jara, devenu depuis pièce à conviction, permettra peut-être de confondre les officiers responsables.

Dans ce film, Hector, ancien réfugié politique aujourd’hui restaurateur à Nîmes retourne sur les lieux-clés de cette opération de sauvetage et tente d’en retrouver les 4 autres protagonistes. Dans un Chili qui reste extrêmement divisé entre pro-Pinochet et leurs opposants, tiraillé entre lutte et oubli, ce film va revisiter l’histoire de cet acte de désobéissance.

En septembre 2013, le Chili commémorera les 40 ans du coup d’état.

Note d’intention, par la réalisatrice

Mon père est un ancien réfugié politique chilien. Leader syndical, ouvrier dans le bâtiment, il est arrivé en France en janvier 1974. Je suis née en France en 1975. Ma mère est française. Le répertoire de Victor Jara chanté avec ferveur par mon père a imprégné mon enfance.

Hector est un ami de mon père. Quand il m’a livré son histoire, j’ai tout de suite voulu la graver. En espagnol du Chili, grabar a deux significations : enregistrer (un son, une image, un film) et graver dans la pierre ou du bois et pour ma part cette nécessité de graver se tourne toujours vers ce Chili de 1973, cette fracture dont je suis issue.

Il y a quelques années, j’ai réalisé un essai vidéo sur le retour de mon père au Chili après 30 années d’exil. Cette année, je suis en train de terminer un film sur le long voyage entre la France et le Chili de mon oncle, fiché terroriste, qui rentre chez lui pour la première fois. Ce projet-ci est donc un troisième volet autour du Chili de 1973 et des conséquences du coup
d’état.

Je cherche ici à approfondir ma propre interrogation sur la responsabilité citoyenne. Obéir ou désobéir quand la peur et la menace oppressent… Une question qui me hante et trouve ses résonnances dans le monde actuel. Ce film se place pour moi dans un processus de reconnaissance, une dynamique de transmission, de mise en garde.

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