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adresse à la Confédération CGT

par 5 ULS du BM 62

Publie le lundi 28 octobre 2013 par 5 ULS du BM 62 - Open-Publishing
10 commentaires

UNION DE LUTTES DES SYNDICATS CGT DU BASSIN MINIER OUEST DU PAS-DE- CALAIS

5uls.cgt62 kGp gmail.com

Chers(es) camarades du bureau confédéral, cher Thierry LEPAON,

Nous venons vers vous concernant la stratégie confédérale adoptée contre une réforme des retraites certes injuste mais déjà votée en 1ère lecture le 15 octobre à l’Assemblée Nationale.

Ce gouvernement sourd à nos revendications, aveugle sur notre situation, insensible sur nos réelles conditions de travail, reste inflexible dans sa marche antisociale au nom d’une dette qui n’est pas celle des travailleurs, qu’ils soient salariés, retraités ou demandeurs d’emplois.

Au travers de notre expérience de terrain et d’analyse d’une situation, notre impression ici en bas de la pyramide de la CGT, c’est-à-dire le socle historique composé de nos structures Unions Locales interprofessionnelles de la CGT nourries de l’expression crue et sans détour des camarades des syndicats, est que tout n’est pas mis en œuvre pour combattre une majorité présidentielle, un gouvernement et un Président qui poursuivent les bases œuvres du précédent gouvernement contre lequel nous avons lutté avec force et détermination en 2010.

Il est bien difficile de répondre à des camarades qui se sentent délaissés par une direction de confédération à laquelle ils ont adhéré pour être défendus et organisés sur la base des valeurs et des pratiques de luttes de notre CGT. Aussi, nous craignons une hémorragie liée au sentiment d’impuissance, même si dans notre territoire, nous proposons des luttes, nous proposons des débats et donnons des informations quasi quotidiennement.

Chers(es) camarades, nous ne pouvons pas être complaisants avec ce gouvernement et des députés qui « assassinent nos droits et acquis » et qui mettent en danger les travailleurs avec cette réforme qu’ils ont voté sans se soucier de nos revendications déposées lors des conférences sociales.

En 2010, nous avions déjà perdu une bataille que nous devions gagner, la mobilisation était là et les salariés étaient déterminés, mais la lutte s’est arrêtée d’un coup, et pour toute réponse, ce fût : « nous avons gagné la bataille des idées ». Aujourd’hui nous comprenons que cette victoire des idées a fait le bonheur des sociaux-démocrates (le mot socialiste étant usurpé) qui aujourd’hui se comportent économiquement, socialement et « sociétalement », comme les pires ultralibéraux.

Cette année 2013, nous avons déjà perdu avec l’ANI avec la complicité de syndicats jaunes et félons créés de toute pièce par le patronat pour juguler la CGT de 1917 à nos jours.

Cette loi est une des pires lois votées depuis 70 ans, elle se met en place dans les entreprises de notre territoire fortement impacté par la crise (sidérurgie-plasturgie-sous-traitance automobile-BTP…), et les salariés vont bientôt « goûter » aux effets de la « sécurisation » de leur emploi qui va les transformer en travailleurs précaires et corvéables, le temps que les délocalisations s’organisent selon la stratégie bien huilée d’un capitalisme décomplexé qui semble incontrôlable.

Et pour finir cette 13ème année du 21ème siècle, les mêmes s’apprêtent à voter la 5ème réforme de notre système de retraite issu de la résistance ouvrière et de la détermination du CNR.

Le sentiment partagé par beaucoup de militants dévoués et engagés, bénévoles avertis du syndicalisme, est que depuis quelques années, la confédération a délaissé les valeurs essentielles et les principes fondateurs et historiques de notre CGT… Beaucoup observent désormais que nous ne vivons plus dans la même maison, et considèrent que certains vivent dans le salon avec une vue panoramique et la tête dans les étoiles, quand d’autres sont dans les caves à remuer le charbon pour alimenter la chaudière.

La Direction Confédérale de la CGT n’a pas pu en si peu de temps, avoir oublié les réalités de la lutte de classes et de l’antagonisme capital/travail, n’a ou oublier l’impulsion de la grève générale quand cela s’impose, et le besoin de l’unité des travailleurs pour satisfaire les revendications et lutter contre des réformes antisociales…Nous demandons que la Direction de notre Confédération revienne rapidement aux fondamentaux.

Nos camarades de l’Union Locale CGT de Vendôme étaient présents à nos côtés le 7 octobre devant l’Assemblée Nationale, avec d’autres Unions Locales CGT de Normandie et de la région parisienne.

Nous sommes complétement d’accord quand ils écrivent dans la lettre qui vous a été adressée : « Les idées du front national commencent à entrer dans nos unions locales, ce qui est un frein pour l’action syndicale et source de division. Ici à Vendôme, bien qu’il s’agisse d’un phénomène marginal, nous en avons conscience. Nous le combattons par de l’information sur l’histoire du mouvement ouvrier, par des rappels de principe fondateur de la CGT, ainsi que par l’explication critique des positions du front national », c’est aussi notre pratique ici dans notre territoire du bassin minier du Pas-de-Calais, le laboratoire du FN depuis plusieurs années.

Notre territoire du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais est en déliquescence en termes d’emplois et en termes d’avenir, la misère grandit, nos permanences deviennent des lieux d’assistances sociales pour des travailleurs désœuvrés et exploités, humiliés et bafoués. Bien sûr nous répondons, nous écoutons, nous aidons, mais la solution individuelle ne doit pas passer au-dessus de l’action collective, le cas par cas n’est pas la solution quand des centaines, voire des milliers et des millions sont concernés.

Aussi, cette réforme honteuse et antisociale proposée par le gouvernement pour notre système de retraite doit être combattue, elle doit être retirée pour que nos revendications soient prises en compte, et ce n’est pas l’article soporifique sur la reconnaissance de la pénibilité qui fera que cette réforme ne soit pas nocive, car elle ne garantit par la survie du système par répartition intergénérationnelle ni une meilleure vie en retraite, au contraire.

D’autres réformes suivront, de plus en plus antisociales pour répondre aux exigences du patronat (il suffit de lire Gattaz), de l’Europe (il suffit de lire Barroso), du FMI (il suffit de lire Lagarde), du gouvernement français (il suffit de lire Sapin ou Touraine).

Donc, en bon relais de ces structures réactionnaires et conservatrices opposées au progrès social et au réel besoin des peuples, il suffit 1) de lire les déclarations des Ministres de ce gouvernement qui fait pire que le précédent (c’est là le sentiment de beaucoup de camarades), 2) d’analyser leurs pratiques et leur fonctionnement, pour comprendre simplement qu’il n’est pas de gauche et que le changement annoncé n’est que du vent.

En 1981, la CGT est restée l’arme au pied pour ne pas contrarier le 1er gouvernement de Gauche de la 5ème République, les anciens nous en parlent encore avec de l’amertume dans la voix.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas rester l’arme au pied, les militants, les syndiqués, les salariés, le peuple en proie à un sentiment d’impuissance, attendent de nous, de la CGT, un appel fort sans ambiguïté.

Si nous le faisons, nous sommes persuadés que l’extrême-droite reculera, mais si nous ne le faisons pas, le pire reste à venir, c’est le sentiment partagé par les camarades qui disent « on ne sait pas vers où nous allons, mais nous y allons »

Vous trouverez en annexe, un appel qui est une proposition, nous y avons adhéré car c’est là la seule solution qu’il nous reste pour inverser la fuite en avant proposée par ce gouvernement qui a ignoré les organisations syndicales de progrès social, lors des pseudos conférences sociales qui ne sont que des chimères, pire des chevaux de Troie.

Nous ne sommes pas des ânes manipulés par la carotte et le bâton, nous ne sommes pas des politiciens, nous ne sommes pas des émissaires d’une quelconque mouvance, mais nous en avons assez. La CGT du haut en bas, les Fédérations de la Confédération, le CCN, le bureau confédéral doivent fermement s’opposer à ce gouvernement et à cette politique d’austérité qui conduit la France dans le mur et dans le fascisme, et nous pesons nos mots.

Ainsi, empêcher fermement que cette loi qui réforme nos retraites, soit votée telle quelle en 2ème lecture, passe par une mobilisation générale des forces de progrès et des syndicats de progrès, devant le lieu de décision qu’est l’Assemblée Nationale.

Quand une Loi est injuste, c’est un devoir de la combattre, car derrière cette loi de réforme, des dizaines d’autres sont en préparation, vous le savez, nous le savons, mais perdre aujourd’hui, c’est aussi perdre demain, la défaite de 2010 a été difficile à digérer et encore aujourd’hui, elle pèse, même quand l’enjeu est important et transversal à l’ensemble des travailleurs.

Alors imaginez-vous quand ce gouvernement s’attaquera à des acquis et des droits par profession, quand il démantèlera les services publics, ou quand il s’attaquera aux droits syndicaux ou aux structures de représentation du personnel… qui lèvera le petit doigt pour l’empêcher si aujourd’hui pour des raisons politiciennes, nous ne montrons pas aux travailleurs la voie d’un grand front social, syndical, progressiste contre les régressions sociales et sociétales ?

Nous avons pris nos responsabilités pour vous écrire, nous espérons que vous nous écouterez et que vous aussi vous prendrez vos responsabilités. Dans l’attente de votre appel, de vous lire et de nous rejoindre.

Recevez chers(es) camarades du bureau confédéral, reçois cher Thierry LEPAON, l’assurance de nos fraternelles salutations et de notre détermination à combattre « tous ensemble » les réformes antisociales de ce gouvernement et les pratiques décomplexées du patronat qui entend réduire en bouillie nos droits, nos acquis et notre histoire, pour nous sacrifier sur l’autel des profits. Nous refusons le retour à Germinal, car il résonne encore dans notre bassin minier sacrifié et martyrisé mais qui luttera, vivra et vaincra.

Les camarades représentants l’Union de Luttes des Syndicats CGT des Unions Locales CGT d’Auchel - de Béthune - de Bruay-la-Buissière - d’Isbergues - de Lillers.

Le 24 octobre 2013.

Copie aux structures fédérales, départementales et locales de la CGT à partir du 28 octobre à 12h00.

Messages

  • Aujourd’hui, nous ne pouvons pas rester l’arme au pied, les militants, les syndiqués, les salariés, le peuple en proie à un sentiment d’impuissance, attendent de nous, de la CGT, un appel fort sans ambiguïté.


    à conditions que les travailleurs en soient partie prenante, mais avec l’illisibilité actuelle des forces de gauche, et sans perspectives politiques réelles, ça risque bien de rester lettre morte.

    Enfin la dernière consultation électorale partielle à bien mis en évidence l’abstention massive des travailleurs et gens modestes, donc s’ils ne vont pas voter, comment croire qu’ils vont se lever "comme chez danette", parce qu’une confédé leur aura dit de le faire.

    L’action se décide dans les boites, à la base, et pas du sommet, enfin ce que j’en dis moi !!!! Ce n’est pas un mot d’ordre !!!

  • voir sur le site :

    www.rougemidi.org

    le texte que j’ ai adressé à toutes les fédérations , les comités régionaux , les UD , de nombreuses UL et des syndicats d ’entreprises , pour leur demander d’intervenir auprés de la confédération CGT afin qu’elle cesse sa politique de collaboration de classe .

  • Merci pour cette lettre ouverte car vous n’êtes pas les seuls à penser que quelque chose ne va pas dans la stratégie des luttes au niveau de la Confédération CGT, et ce depuis 2003, date de la première lutte pour les Retraites.
    A cette époque, des millions de personnes descendaient dans la rue à chaque appel des syndicats, dont la CGT (mais pas de la CFDT puisqu’à l’époque Chérèque s’était empressé de signer le texte proposé par Fillon sans même consulter son propre bureau confédéral de la CFDT). Le mot d’ordre était le "rêve général" pour "grève générale, et tout semblait laisser penser que les syndicats appelleraient à la grève générale.
    A cette époque, nous étions dans la meilleure configuration possible puisque les personnels de l’Education nationale, toutes catégories confondues, profs et administratifs du primaire et secondaire, étaient en grève reconductible chaque jour depuis plusieurs semaines et attendaient la généralisation de leur mouvement à toutes les autres catégories de salariés du secteur public mais aussi privé.
    Mais c’est pas du tout ça qui s’est passé : alors que chaque appel faisait descendre de plus en plus de gens dans la rue, et que tous pensaient qu’on allait se mettre en grève générale reconductible, les appels à la grève lancés par les syndicats étaient de plus en plus espacés dans le temps : entre l’avant-dernière et la dernière il y avait plusieurs semaines où il ne se passait rien, justement pendant la période cruciale où la loi était en train de passer !!!!
    Et le dernier appel n’en était pas un, puisque la CGT au niveau confédérale nous appelait à faire un pique-nique géant à Trocadéro.
    Beaucoup de camarades des sections locales CGT, à travers tout le pays, ont fait remonter auprès de la Conf’ des motions pour s’étonner de la gestion de cette lutte. Mais il n’y a pas eu de réponse, en tout cas, pas à mon niveau de section de base.
    En 2010, il y avait encore l’opportunité, mais de nouveau nous avons vu que les appels n’étaient pas de nature à troubler le gouvernement d’alors. En gros, on faisait bien des démonstrations de force, mais tout le monde rentrait sagement chez soi ensuite pour un certain temps, tout au plus gênions-nous la circulation des voitures, mais rien qui inquiète vraiment le gouvernement. Donc, on avait juste fait la grève pour rien, juste pour justifier la représentativité des syndicats.
    Alors on nous a expliqué que la coordination nationale comprenait cette fois la CFDT, avec le même traite Chérèque, et que la CGT n’avait pas les mains libres pour appeler à la grève générale sinon c’était l’implosion au niveau de l’unité syndicale !
    Je reste à la CGT car à la section locale il y a des copains, mais si une autre CGT bis, une vraie, se créait se revendiquant de la Charte d’Amiens de 1906 alors je les rejoindrais sans problème.

  • "... au nom du dette qui n’est pas celle des travailleurs.." peut-on lire au début de cet article... mais cette dette n’existe pas !! c’est un leurre, une tromperie intégrale faites pour vous mentir et voler encore plus les peuples au profit de quelques nantis !!.. L’argent coule à flot !! Regardez autour de vous !! .. et oui par pour tous et pas de la même façon... mais l’argent n’est que le symbole factice de la richesse collective des peuples ; l’argent n’est que le produit de votre travail et rien d’autre !!.. et ces fruits qui sont les vôtres ne vous reviennent pas !!.. La réponse est claire : on vous a volé ces richesses.. on vous vole vos vies jours après jours ! on vous trompe jour après jour !! Ce n’est pas la dette qui crée les problèmes sociaux, c’est le vol des richesses des peuples qui crée des inégalités criantes des plus riches aux plus pauvres et qui justifie une répression de plus en plus cruel contre les peuples par cette minorité de nantis !

  • Cette mise au point est nécessaire mais pas suffisante car elle risque de déboucher sur de la résignation si elle n’est pas suivie d’effets et d’actions. D’effets et d’actions de la part des camarades qui, se réclamant de la lutte des classes, tiennent des blogs et autres sites chacun de leur côté. Il serait peut être plus que temps que ces camarades se rencontrent et s’unissent sur un programme défendant avant tout et seulement les intérêts des prolétaires. Puis forment un mouvement d’opposition syndical uni, quelque soit le syndicat de chacun, réunissant les syndiqués et les non syndiqués.
    Il est plus que temps que le prolétariat porte lui aussi son drapeau rouge comme les bretons actuellement portent le bonnet rouge. Mais il faut aller plus loin que la simple révolte régionaliste interclassiste. Il s’agit de préparer un mouvement syndical de lutte de classe national et internationaliste contre nos dirigeants syndicaux réformistes et contre les hommes et femmes politiques au service du capital.
    Nous n’avons rien à perdre que nos chaînes.
    Ce sont les conditions qui nous permettrons de faire pièce au FN qui remplit un vide que nous laissons parce que nous avons peur de lire autrement la même réalité que lui voit également.

    • nous, résigné, tu rigoles, vendredi 1er novembre dés 5h30, nous serons en lutte contre le travail du dimanche devant un hypermarché et dans une ZAC

    • nous avons déjà reçu des dizaines de messages venus de syndicats et d’UL, non pas pour nous engueuler mais pour nous féliciter de cette lettre qui a été reçue par Montreuil. Ici dans le bassin minier ouest du pas-de-calais c’est l’hallali contre les emplois, fermetures et licenciements se multiplient, cette zone est celle qui en France, reçoit le plus d’aides (état à patrons) pour le chômage partiel... le chômage est ici à 30% avec des zones à 50%, sur les 50 villes de plus de 3500 habitants que le FN est en capacité de prendre, 8 sont dans notre territoire... et pourtant on lutte sans arrêt... alors vouloir faire croire que nous sommes des espèces de traîtres politisés et gauchistes, c’est facile par un écran et un blog, mais il faut venir ici le dire en face des militants en face à face...