Accueil > big business
CE MERCREDI 10 AVRIL 2013
A 18H30
C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »
Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6
En direct et en archives sur www.campuslille.com
« Le bourgeois n’est sensible qu’au fric
Même quand on lui joue du violon
Il tuerait bien tout le monde pour
garder sa maison
Mais il ne peut pas tuer lui-même
Il faut qu’on croie qu’il est bon
Alors il cherche un homme
Comme Diogène
Alors il trouve un homme
au fond d’un vieux tonneau de peinture
HITLER... HITLER... HITLER
L’homme de paille pour foutre le feu
Le tueur
Le provocateur »
(Jacques Prévert)
Il était une fois… Un grand méchant loup ! Tout le monde connaît cette histoire, entendue à l’école et répétée à la télé. Venu du tréfonds du Mal, le grand méchant loup prit – comme par enchantement – possession de tout un pays et de tout un peuple. La haine du juif le guidait. Il était très fou et très méchant. Et, il était si fou et si méchant qu’il envahit tout un continent, impuissant à le contenir. En effet, face au mal absolu, la vertu démocratique est impuissante…
Quelque temps après, les Américains nous sauvèrent en débarquant en Normandie. Tout rentrait dans l’ordre, le Bien reprenait ses droits, et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, en priant Dieu que « plus jamais ça ». Depuis, nous sommes beaucoup plus vigilants et nous tirons les premiers. Voilà d’où nous revenons et qui nous sommes, d’après les manuels scolaires et les conteurs d’aujourd’hui.
Or, il s’avère que Hitler – le grand méchant loup – a été porté au pouvoir par la grande bourgeoisie allemande. Que son projet prioritaire était d’abattre le communisme. Qu’à ce titre la bourgeoisie française s’est empressée d’hâter sa venue, d’organiser la défaite de « la France », de rejeter toute alliance avec l’U.R.S.S., qui la demandait sans cesse. Mieux valait Hitler que les bolcheviks.
L’avancée de l’Armée Rouge précipita le débarquement étatsunien en Europe. Ceci dit, le Général se désolait encore en 1944 du fait que ses « alliés » misaient sur le gouvernement légal de la France – les collabos. Il y a toujours plus d’affaires à faire avec des vaincus.
Des millions d’individus furent tués, sur les champs de bataille, dans les villes et dans les camps de la mort. Plus de la moitié des victimes en Europe étaient des soviétiques. Sans l’Armée Rouge, nous parlerions allemand, s’il faut paraphraser les âneries qu’on nous a chantées après-guerre. La bourgeoisie française sortit la tête basse de l’aventure, et le recyclage se fit rapidement. Les affaires reprirent.
Alors, les histoires qu’on raconte aux enfants pour adoucir leur sommeil, ça ne tient pas debout. Le fascisme est bien l’enfant naturel du capitalisme. La lutte première, c’est celle du capital contre le travail, pas celle de la « démocratie » contre la « dictature » ; elles sont souvent dans le même camp…
Pourquoi ces quelques rappels sans doute superflus ? Parce que, aujourd’hui encore, il arrive qu’on nous raconte des histoires. Le grand méchant loup qui nous menace, le prince charmant qui nous défend… Mais rien à faire, l’histoire de toutes les sociétés jusqu’à nos jours, c’est celle des luttes de classes… Et ceci n’est pas une façon d’inverser le manichéisme. Mais avant de critiquer l’expérience communiste du XXème siècle, par exemple, il conviendrait de déconstruire d’abord les légendes de l’idéologie dominante – celle de la classe dominante.
Après « Le Mythe de la bonne guerre », Jacques Pauwels, historien, vient de faire paraître, aux Editions Aden, « Big business avec Hitler », et revient à nouveau sur le lien entre nazisme et grands intérêts économiques. C’était le 2 avril dernier à Lille, et nos micros y étaient.