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l’illusion en face

par hdm

Publie le mardi 18 février 2014 par hdm - Open-Publishing

CE MERCREDI 19 FEVRIER 2014

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

Leurs mots ne nous disent rien. Ils prétendent nous parler et nous comprendre, mais il s’agit d’un malentendu. On les voit bien s’agiter, on voit remuer des lèvres et se tordre des visages graves par-dessus des nœuds de cravates. Mais tout est déformé et rien de cette pantomime n’a de sens. Mais ils continuent de nous parler, de l’autre côté de la glace, visiblement sourds à notre incompréhension. Allo ? Allo ?

On saisit quelques bribes au vol : « élections », « croissance », « chômage », « redressement », et cette « France » qui n’est pas la nôtre et qui semble être le coeur artificiel de leur charabia. On pourrait parler d’un dialogue de sourds si au moins on pouvait en placer une. Mais on n’entre pas dans leurs moulins, et ils jacassent entre eux, sans jamais tenir compte qu’on ne les entend point. Sont-ils réels ? Ou alors, aurions-nous, en face de nous, une illusion ?

Car nous, pinçons-nous, mais nous sommes bien vrais. Vivants. Et ce que nous vivons – et qui semble méconnu, c’est pourtant bien la réalité : une dégradation constante de nos moyens d’existence, le délitement social, la violence des riches, et cet état de guerre dans lequel on nous plonge. En le niant.

Certains d’entre nous, doués pour les contorsions, parviennent à s’accrocher aux illusions qu’on leur sert, et se cramponnent encore aux fables qui contredisent le réel. En général, ce sont les plus moyens des classes moyennes. Pour les autres, le discours dominant n’est plus rien qu’un flot insensé dont il faudrait se protéger.

Dès lors, seuls et si nombreux, nous devons retrouver nos mots à nous, les mots du réel : lutte, solidarité, partage, travail. Nous devons les adopter, les faire vivre, les propager, et leur donner sens dans les faits. Nous organiser. Organiser la fin de leur monologue, qui n’est que le langage de leur classe, celui de notre négation.

Les luttes menées actuellement dans les entreprises sont le début de ce travail. Ceux d’en face feront tout pour empêcher que les ruisseaux forment la rivière. Car le flot à venir, grossi de tant de douleurs et de frustrations, les emportera. Jusqu’à les faire taire. Et que tombent toutes les illusions.


Ce mercredi, nous recevons dans nos studios des travailleurs en lutte, en particulier ceux de Stora Enso.

(« Quand une valise est attaquée, ce sont toutes les valises qui sont attaquées ». Pour saisir tout le sel de cette maxime fluidifiante, il vous faudra faire le voyage jusqu’ici : http://www.campuslille.com/index.ph...)