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le gangster social

par hdm

Publie le lundi 6 avril 2015 par hdm - Open-Publishing

CE MERCREDI 8 AVRIL 2015

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

Tiré à quatre épingles, élégant et souriant, il est frais et fringant. Et carré comme une école de commerce. Il aurait pu tourner dans une pub pour after-shave. Mais il a d’autres ambitions.

Le golden boy. Dans son miroir, il voit briller l’œil d’un fauve. Et ce reflet qui lui dit qu’il est bien le meilleur du royaume.

Il parle globish. Il est corporate. Il débriefe. Il checke. Il compte en K€. Il est aux petits oignons pour son corps et surveille son régime. Il fait du sport. Et se dit que si Dieu existait, il serait sans doute à son image.

Sa religion, c’est l’argent. La réussite. Individuelle. Car il n’a d’autre réalité qu’individuelle. Jusque récemment, il s’ébattait dans les clinquantes coulisses de l’économie : cadre sup, trader, brasseur de vent décideur, pop-star des start-up, il se tenait à l’écart du politique, trop commun et ringard.

Mais c’est le politique qui faisait son chemin vers lui. A force de glorifier la réussite et de déifier l’argent, à force de gérer fidèlement et aveuglément les intérêts des capitalistes, le vieux pouvoir prit les habits faussement neufs de l’utopie libérale. Et les deux mondes se confondirent.

Alors, Il mit son cynisme égoïste au service des ministres, écumant les cabinets comme on va au cocktail, les arrosant d’expertises vite apprises, et bousculant les convenances. Pour que la société soit à Son image, il fallait réformer plus vite.

Bientôt, pour parfaire le tableau, les requins de la finance et les ors républicaines s’épousèrent si étroitement qu’on ne sut plus les distinguer. L’argent était ministre.

Il dut alors regarder en bas, où la masse râlait et souffrait. C’était les sans-dents. Que ne faisaient-ils comme lui ? Pourquoi n’avaient-ils point hérités de son mérite ? Comment ce troupeau pouvait-il encore freiner ses réformes ? Sa pensée politique, réduite à quelques chiffres et quelques ratios, déduite de quelques sondages et prévisions, tenait en deux mots : Enrichissez-vous !

D’une modernité toute balzacienne, le vent qu’il faisait courir dans les bouches d’aération du capital – communément appelés médias, faisait siffler les oreilles du populo. Si l’on perdait son boulot (de merde), c’est qu’on (analphabète), l’avait bien mérité. Il eut fallu, plutôt que de se reposer sur les lauriers de ses acquis, rêver de milliards ! Comme lui !

Bien sûr, il sait qu’il n’y a pas de place pour tout le monde, et que les plus faibles devront toujours suivre en traînant la patte. Mais ils ont leur chance. Et si l’on leur défait leurs « privilèges » de pauvres, il se peut que quelques-uns, aiguillonnés par la faim, mère de toutes les ambitions, tirent leur épingle du jeu de dupes.

Alors, il n’en faut que pour les riches. C’est la théorie du ruissellement : plus les riches ont de l’argent, plus les pauvres peuvent espérer recueillir une partie de la fortune débordant. Ça ne marche pas ? C’est que ce n’est pas assez ! Plus vite, plus loin, plus fort !

Dans sa course névrotique d’homme seul, il écrase la question du désastre à venir. S’il venait à savoir que sans le travail des métallos, des femmes de ménage, des boulangers, des paysans, des profs, des infirmières, des petites mains et des gros bras, des fronts qui suent et des têtes qui cherchent, s’il venait à savoir que sans le travail des autres son égoïsme destructeur ne serait juste qu’une pathologie honteuse…

Sa réussite de gangster social, c’est du no future déguisé en politique. Ennemi fanatique de l’égalité, il va (vite) contre l’Histoire. L’égalité l’attend au tournant, pour lui faire bouffer son ego et toutes ses chimères.

Première étape, jeudi, 13 heures, Porte d’Italie, Paris.

(La veille, nous vous proposons d’écouter Gérard Filoche. Normalement, un trotskyste qui noyaute le PS, il finit ministre, noyauté par le « réformisme ». Pour Filoche, ça n’a pas marché. C’est l’exception qui confirme la règle. Et c’est avec une verve exceptionnelle qu’il explique et dénonce tout ce dont Macron est le nom. A écouter absolument. C’était à Roubaix, dans une salle comble, le 16 mars dernier. Et nos micros y étaient.)