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nuke : des rejets radioactifs de la Hague sur les pelouses de Dieppe.

Publie le mardi 17 mars 2009 par Open-Publishing
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L’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) a vu le jour il y a vingt-deux ans en affichant une farouche volonté de transparence sur les risques industriels du nucléaire sur l’environnement. Aujourd’hui, si elle relève de sérieuses avancées, elle s’inquiète fortement d’un avenir marqué par l’EPR.

Il y a deux ans de cela, nous avions effectué des prélèvements sur les pelouses du front de mer de Dieppe et nous avions alors retrouvé des éléments de radioactivité artificielle qui provenaient assurément de l’usine de traitement des déchets de la Hague. Même si nous mesurons d’ordinaire avant tout les plages, nous effectuons aussi parfois des prélèvements sur tout l’environnement. » Spécialiste en biomarine et titulaire d’un DEA en radiochimie, Antoine Bernollin est chargé d’études et l’un des quatre salariés permanents au sein de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest (ACRO) basée à Hérouville-Saint-Clair (14). La traque des rejets autorisés ou non dans l’environnement est son occupation de tous les instants avec, à raison de deux sorties annuelles, des campagnes de prélèvements comme celle qui est actuellement menée sur le secteur.

Un motif de satisfaction : la forte baisse des rejets depuis dix ans

L’ACRO a vu le jour au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl. Une tragédie qui a sensibilisé des citoyens aux risques des rejets radioactifs sur l’environnement, au manque de transparence qui régnait alors ou encore « aux normes admissibles qui sont le fruit d’intérêts économiques et de savoirs scientifiques du moment », évoque l’ACRO dans sa plaquette. Ces citoyens ont eu la volonté de créer un réseau de surveillance avec un mode de fonctionnement unique permettant de connaître les niveaux et les évolutions de la radioactivité présente dans l’environnement, principalement des écosystèmes aquatiques.

Evidemment, la présence de nombreuses installations nucléaires en Normandie les a motivés pour exercer une surveillance très poussée, « et l’accident de Tchernobyl prouve que nous sommes tous voisins d’une installation nucléaire » relève l’ACRO.

A l’occasion des grandes marées – en l’occurrence ici une de coefficient 101 – les spécialistes de l’association effectuent des prélèvements sur les plages du littoral normand, de Granville à Criel-sur-Mer. « C’est l’occasion d’aller faire nos relevés sur les parties d’ordinaire couvertes par la mer » précise Antoine Bertollin, associé à Marine Leroux, l’une des quelque cent cinquante bénévoles et adhérents de l’ACRO. Dans leur escarcelle se trouvent des patelles, des algues, de la vase et de l’eau de mer. Des éléments qui permettent d’identifier le cas échéant la présence de cobalt 60, d’argent 110, d’iode 129 (le traceur de La Hague), du césium 137, de l’américium 241 ou encore de tritium.

Au fil de ses campagnes de collecte, le chargé d’études ne peut que constater que « l’on trouve régulièrement des éléments de radioactivité artificielle provenant de La Hague qui traite tous les combustibles français et étrangers et qui a des émissions dans l’environnement cinquante fois supérieures à celles des centrales traditionnelles ! Toutefois il admet que lui et ses collègues ne peuvent que constater une très forte baisse des rejets depuis dix ans ».

Le tritium, source de toutes les inquiétudes

Il y a eu des efforts de faits donc mais l’ACRO reste particulièrement vigilante. « Les mesures faites par les laboratoires des centrales ne sont pas contestées – enfin pas toujours – mais notre rôle est de les comparer à nos propres résultats et c’est là que réside la très grande difficulté car les possibilités de variation sont énormes ».

Antoine Bernollin prend l’exemple du tritium « qui fait partie des éléments rejetés en abondance et l’un des rares éléments surtout où les sites nucléaires sont quasiment à 100 % du maximum autorisé. Il faut savoir qu’un EPR en rejette davantage qu’une centrale traditionnelle ce qui fait que les sites demandent des autorisations exceptionnelles ». C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a fait que l’ACRO a pris position contre l’implantation d’un EPR à Penly « alors que nous ne sommes pas farouchement opposés à tout mais là ça n’est absolument pas justifié » ajoute Antoine Bernollin.

Les collectes laissent donc apparaître toute une série de composés radioactifs mais il ne faut pas pour autant systématiquement incriminer les centrales : les centres hospitaliers sont aussi à l’origine de la présence de certains d’entre eux dans les eaux de rivière, « après la toilette de patients qui viennent de passer une scintigraphie par exemple ». L’idée phare de l’association étant avant tout de déterminer une éventuelle contamination chronique du milieu naturel.

Contactée, l’usine de la Hague n’a pu être jointe.

Laurent Rebours

http://www.infos-dieppoises.fr/Arch...

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