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pourquoi je n’ai pas manifesté le 1er mai

Publie le vendredi 2 mai 2003 par Open-Publishing
16 commentaires

15 heures, ce 1er mai, place de la République.
Je suis venue car Bellaciao a l’intention de participer à la manifestation, c’est une tradition populaire importante, les générations passées se sont battues pour le symbole qui est fêté aujourd’hui
... et puis je l’avoue, c’est une très belle journée de printemps et l’idée de pouvoir investir les avenues parisiennes à pied sous cet agréable rayon de soleil me met plutôt de bonne humeur.

Je reste un moment à essayer d’apercevoir quelqu’un du groupe à l’endroit prévu du rendez-vous. Mais apparemment la cause du jour motive moins nos militants que la guerre en Irak, contre laquelle nos rangs était toujours assez fournis ces dernières semaines. C’est bizarre, on dirait bien que c’est le phénomène inverse qui s’est produit au sein des autres formations présentes dans le cortège.

Répétition des slogans ça et là avant le départ : encore quelques allusions à Bush, Sharon et leurs semblables, mais dans les déclamations et sur les banderoles figurent surtout les sacro-saintes revendications sociales. Je sais, on est là pour ça aujourd’hui, pour défendre les droits du travailleur, en particulier sa retraite qui est menacée par une réforme.

Moi, j’ai peu d’illusions à propos de ce qu’on me versera quand j’arrêterai de travailler..... dans 30 ans au moins, sauf si un subit nouveau baby boom avait lieu ! Et puis je ne me voile pas la face - d’autres diront que je suis pessimiste ou que je baisse les bras - comme je vivrai plus longtemps que mon grand père ou même mon père, il me semble normal de travailler un peu plus longtemps qu’eux si on me le permet. Je sais bien que la réalité est souvent moins simple, et que le licenciement en fin de carrière prive de ce choix beaucoup de nos concitoyens.
Donc malgré mon réalisme un peu désespéré, j’étais prête à défiler.

Mais quelque chose me gêne. Beaucoup de monde, beaucoup de bruit ; pourtant je me suis plutôt habituée à l’atmosphère des manifestations ces derniers temps mais aujourd’hui cela m’agresse.

Je suis presque mal à l’aise, comme présente malgré moi, pas tout à fait en accord avec tous ces gens qui arborent les couleurs de leur groupe et tiennent leur petit brin de muguet. Ce qui me dérange, je le comprend peu à peu, c’est d’avoir sous les yeux la preuve de l’individualisme, de l’égoïsme croissants chez nous.

L’impression de grande foule me sera confirmée un peu plus tard avec les chiffres du nombre de participants à la manifestation. Mais où donc étaient tous ces militants lors des dernières manifs contre la guerre ?
Au fur et à mesure des rendez-vous contre l’intervention anglo-américaine en Irak, nous avions vu les rangs des grandes formations (celles dont les porte-paroles font de si belles phrases à la télé lorsqu’elle veut montrer ce qu’est « la gauche ») se clairsemer, voire disparaître. Et aujourd’hui les voici remotivés.... peut-être pour la même raison que moi, à cause du beau soleil ?

Non, soyons réalistes, on est là avec du muguet à la main parce qu’on est pas d’accord de travailler plus longtemps que 37 ans et demi, en France. Et c’est une meilleure raison de descendre dans la rue que la guerre en Irak (et là bas, si on leur donnait les mêmes avantages sociaux que ceux dont on profite ici, vous croyez qu’il râleraient autant que nous ?). Ca veut dire aussi qu’ici, personne n’a encore compris que défendre des causes internationales, se préoccuper de ce qui se passe hors de nos frontières, même lorsque l’action de notre gouvernement nous donne bonne conscience, c’est aussi important que préserver nos droits au niveau local. Tout simplement parce que ce qu’on appelle mondialisation a rendu l’ensemble des peuples interdépendants.

Alors en cette belle journée du 1er mai, moi, fille et petite fille d’ouvriers, qui écoutais il y a bien longtemps mon père militant syndicaliste m’expliquer que tous les patrons étaient des salauds, j’ai laissé les manifestants répéter leur slogans bien préparés et..... je suis allée travailler.

Valérie F

Messages

    • Voilà ce que l’on peu appeler un beau retournement de veste, aller travailler le premier mai, Pour une « fille et petite fille d’ouvriers ».
      tu parle de « l’individualisme, de l’égoïsme croissant chez nous »,
      Mais tu en es toi-même la preuve vivante. (note c’est vrai que c’est rentable de bosser le 1er mai)
      J’ajouterai que mélanger plusieurs revendications aussi différente que « la guerre en irak. » et « les droits des travailleurs » dans le même cortège c’est prendre le risque qu’aucune d’elles ne soit entendu.
      A chaque cause, la manif qui convient à fin de faire clairement passer le message. Si toute fois tu ne te sent pas concernée par les droits des travailleurs, tu peu toujours aller voir en irak comment ça ce passe si on ne défend pas ces droits.
      Je terminerai par ceci « regarde la poutre qui est dans ton œil au lieu de regader la paille dans l’œil de ton voisin ».

      j.seb

  • Transformer le monde.... en ne pas se mobilisant, et en méprisant ceux
    qui veulent qu’un petit peu plus des immenses richesses que nous
    produisons vont aux vieilles personnes qui les ont produites ?
    Jolie programme
    JOhn Mullen

  • je suis assez d’accord avec vous. mais c’est asssez difficile de mobiliser les gens pour les causes qui les touchent directement (retraites et débats sociaux) ça l’est forcément encore plus pour les causes lointaines (l’Irak on le voit pas) fussent elles mille fois plus importantes. Ainsi va l’Homme... pas Stéphane
    didier

  • Bonjour ;

    Quelqu’un vient de me transférer la lettre de réaction de Valérie à la manif du 1er mai à Paris.

    A St-Etienne je me suis fait les mêmes réflexions. Dans les grandes manif pour la justice en Palestine et contre la guerre une présence marginale des grandes organisations syndicales et des partis politiques.

    Sûrement la marque d’un déficit de politique dans lequel le vote Lepen prend sans doute une partie de sa source.

    Les directions de ces organisations syndicales et politiques ont une responsabilité dans cette état de chose, car elles ne réfléchissent pas sérieusement et elles n’affrontent pas ces problèmes avec leurs adhérents.

    Georges

  • Ma chère Valérie,

    Si comprend un peu ta déception en ce qui concerne la participation aux dernières manifs contre l’invasion de l’Irak je ne vois pas bien ce qui te gène dans les cortèges du 1er Mai. Ce n’est pas seulement pour la retraite qu’autant de personnes se mobilisent de par le monde, c’est aussi le jour ou les travailleurs rappellent aux exploiteurs qu’ils n’ont pas l’intention de se faire tondre sans rien dire, c’est un jour de solidarité avec tous les autres travailleurs du monde, une manière de dire « vos combats sont aussi les notres » et ce geste n’est pas un luxe lorsque, comme tu le dis toi-même, l’individualisme égoïste est prôné en permanence.

    « Quel que soit l’endroit où tu te rends, dit un proverbe kabyle, tu commences par un premier pas dans ton jardin. » Il aura fallut bien des combats pour qu’aujourd’hui le droit du travail soit reconnu universellement, même s’il n’est pas toujours appliqué il est revendiqué partout et ce droit est la somme de toutes les luttes ici ou là. Chaque victoire sur le capital est une victoire pour toutes et tous et c’est ce que dit le 1er Mai. Il est fort à craindre qu’il ait d’autres guerres, d’autres massacres, d’autres génocides mais ils sont, comme nous le savons, la conséquence du capitalisme sauvage ou pas. Défiler pour rappeler que les véritables producteurs des richesses sont justement ces travailleurs exploités et humiliés n’a rien d’une promenade de santé comme tu sembles le croire mais c’est bien la revendication légitime d’une répartition juste des richesses et cela me parait être la meilleure des raison pour descendre dans la rue.

    amicalement

    salika

  • Voila résumée la propagande réactionnaire que l’on nous fait avaler tous les jours : "les français sont des fainéants, des privilégiés surtout les fonctionnaires payés à rien foutre" Mais je voudrais répondre à cette militante,

    Premièrement, tu demanderas à ton grand père ouvrier si le droit à une retraite décente après avoir travailler toute sa vie est "un avantage social". Ensuite, qui est individualiste ? Ceux qui défendent un système par répartition où les richesses produites sont partagées ou ceux qui touchent 15 fois le smic par mois pour nous expliquer qu’on n’a plus les moyens de payer les retraites... Le fait qu’il faille travailler plus que nos parents pour vivre c’est faux et absurde : on travaille moins qu’en 1900, encore moins qu’en 1600 parce que la société produit plus de richesse avec moins de travail,ce qui permet de travailler moins en gagnant plus. Enfin, le truc qui m’énerve le plus c’est le "raisonnement tiers mondiste" parce que dans ce cas là il est injuste que l’on se nourrisse alors que dans le monde des gens meurent de faim... A qui la faute si les irakiens vivent dans la misère, aux ouvriers "privilégiés" qui vivent avec le smic, ou aux puissances impérialistes qui les exploitent et s’enrichissent sur leur dos ?

    Salutations révolutionnaires A+

    Benoît, lycéen égoïste et fainéant qui devra cotiser 50 ans

  • bon, d’abord c’est injuste d’opposer les manifestations contre la guerre et celles revendicatives, personellement j’ai participé aux deux et je ne sens pas de rupture entre l’intérêt local et celui plus global, c’est ce que nous enseigne le mouvement altermondialiste : scincèrement à quoi ça sert de pleurer sur le sort des autres si tu deviens tellement pauvre que tu ne pourra plus rien faire pour les autres. Ce que tu as c’est ce que nos parents et grands parents ont obtenu parfois avec des luttes très violentes, lâcher cet héritage précieux ce serait aussi lâcher l’avenir de ceux qui nous suivent (tes enfants, tes neveux ?) ; avec nos richesses on peut partager , se battre avec les autres, exiger et obtenir que ce monde soit juste pour tous, sans guerres. Je crois enfin que ne manifester que contre la guerre sans rien faire ici, c’est aussi se donner bonne concsience... bon c’est peu être trop moraliste amitiés à tous .jacques

  • ciao compagni,
    ho appena letto la lettera di Valérie, e devo dire che ho ritrovato le
    stesse cose che ho vissuto qui a Marsiglia, questi ultimi mesi.
    Je continue en français parce que peut-être tout le monde n’est pas fille
    d’italiens à Bellaciao !
    Je "milite" à Comaguer, à Marseille, non sans mal, et moi aussi ce défilé
    ne m’a pas enthousiasmée. En prime, nous, on a eu un forum social
    départemental propre à démobiliser tout le monde...
    Pouvez-vous m’inscrire à votre collectif ?
    je peux vous envoyer des traductions que je fais quelques fois d’articles
    du Manifesto ou autres.
    Mes parents et grands-parents (frioulans) n’étaient pas ouvriers, mais
    artisans. C’est pareil, du moment qu’ils n’ont exploité personne et fait du
    travail soigné. La retraite, ils n’en ont pas profité, ils avaient commencé
    à travailler à 12 ans généralement, vécu 2 guerres, l’immigration, camps de
    concentration français (sur la côte catalane) ; ça use un peu tout ça !!
    a presto
    marie-ange

  • Fichez lui donc la paix
    si vous ne la comprenez pas c’est que vous ne comprenez pas les reactions humaines ! on a tous des
    passages a vide, marre d’avoir bossé pour un truc et voir que ça n’accroche pas chez les gens. je
    prefere des gens qui craquent aux militants bardes de certitudes sans une once de sentiments : on
    ne peut militer valablement sans tripes et donc decouragement, je pense que par elle meme elle se
    rendra compte que sur la base de ce qu’elle raconte elle va dans le mur, mais c’est pas a nous de
    lui donner des cours de lutte de classe, la lutte de classe est un fait, au moins pour les
    marxiens, marxisants et grouchophiles, allez mettez de l’huile quoi !
    philippe

  • Tout à fait d’accord avec toi
    arretons les procés de moscou et de vouloir decerner les médailles de bons
    et de mauvais militants
    On à tous des passages à vide...Elle en reviendra vite
    antifascist aktion

  • J’ai lu ton courrier qu’un copain m’as fait passé, ton interrogation est pour moi tout à fait légitime, ce sont des questions qu’un certains nombre d’entre nous commençons à se poser. Pouvons nous continuer à militer comme avant en sachant que cela ne même à rien, à ce faire plaisir.
    je pense comme toi que notre mode de pensée doit changer, doit tenir compte de ce qui bouge dans la tête des gens. Même s’ils ne savent pas comment l’exprimer. Nous devons bien comprendre que ce n’est pas en défendant seulement des acquis que l’on permettra de faire rêver qu’un autre monde est possible. Et cet autre monde est possible. nous avons tenus ici à SAINT ÉTIENNE un forum social local ; de nombreux débats avec des personés dites de la société civile, me font dire qu’il y a urgence de travailler ensemble sur un projet avec un contenu politique. Pas seulement les communistes mais avec tous ceux qui pensent qu’un autre monde est possible. Pour ce qui me concerne les manifestations contre la guerre en Irak sont révélateur de rejet d’une politique libérale, et que tous les manifestants commencent à émettre l’exigence d’un autre monde fraternel, solidaire, juste. mais bien sure cela ne peux se faire que si l’on à une autre démarche que de celle que l’on a aujourd’hui. Pour moi tant que certains dirigeant penserons que tout doit passer par eux, qu’ils font semblant d’écouter, qu’ils ne sont pas capable de sortir leurs yeux de leurs nombrils, et que leur priorité est de sauver quelques places, cela ne peux pas avancer.
    Je suis persuadé que les moyens de travailler à la construction du force antilibérale, avec d’autre dites de la société civile à est possible, c’est ce que en quoi je crois aujourd’hui. Je ne veux pas baisser les bras, mais je suis comme toi, comment faire pour aller de l’avant, et il y a urgence, mais nous devons être lisible, claire, cohérent et accepter de travailler avec d’autre, source de pleins d’enseignent, d’enrichissement, et de possibilités d’avenir.

    GINO

  • Valérie, tu dis :

    "Tout simplement parce que ce qu’on appelle mondialisation a rendu l’ensemble des peuples interdépendants" et je suis d’accord avec toi car, en effet, tous les peuples, chacun avec sa propre variante nationale, sont gouvernés par le système capitaliste qui n’hésite pas à utiliser les armes pour sauvegarder ses intérêts. Mais au sein des ces mêmes peuples, est né un grand mouvement qu’on appelle, d’une façon plutôt impropre, antimondialisation et qui veut se re-approprier de la vie dans le sens le plus profonde et noble du terme. Cette nouvelle humanité est composée d’un grand nombre des personnes qui, par leur travail militant, leur pacifisme, leur désir d’un monde meilleur, rendent ton affirmation « personne n’a encore compris que défendre des causes internationales, se préoccuper de ce qui se passe hors des nos frontières … c’est aussi important que préserver nos droits au niveau local » non fondée. Bien au contraire, heureusement beaucoup des personnes dans le monde entier l’on très bien compris !
    Les gens qui te choquent (« avoir sur les yeux la preuve de l’individualisme, de l’égoïsme croissant chez nous »), car le 1er mai ont défilé pour le « petit » problème de la retraite, font partie de ce mouvement et luttent avec les moyens de bord (et sans violence) pour faire avancer les choses. Si aujourd’hui nous pouvons nous prendre le luxe de discuter l’âge de la retraite, combien d’années il faut pointer, etc. c’est parce que, avant nous, des milliers et de milliers de femmes, d’hommes et mêmes des enfants ont lutté, parfois aux prix des leurs vies ; sans eux nous serons encore à l’état des ouvriers de la première révolution industrielle.
    Nous leur devons tout le respect dont nous sommes capables et ce grand « merci » nous pouvons le concrétiser par l’apport de notre contribution dans les luttes qui caractérisent notre époque. Chaque pas en avant, pour petit qu’il soit, est un remerciement pour les générations passées, notre devoir dans le présent et les bases pour les conquêtes des générations futures. En sachant, comme tu le dis, qu’il existe une interconnexion très étroite entre les peuples, ce qui apparaît comme de l’égoïsme qui ne regarde que son nombril, en effet est une des tantes formes qui prend le désir de l’humanité de construire l’Humanité… chaque peuple a son chemin, plus ou moins difficiles, mais nous tous sommes dans le même bateau et si on ne peut pas directement secourir les peuples qui luttent pour leurs droits, on peut, quand-même, apporter son petit bric à la construction d’un monde meilleur là où on est et avec ce que l’on a.
    Donc, vive le 1er mai, avec ou sans soleil !

    Maria Vittoria

  • Mince ! Moi qui entame une sixième journée de grève aujourd’hui, et c’est vrai pour des raisons Nationales, ridiculement petit français, corporatistes, je suis démoralisée après la lecture de cette lettre sur le premier mai, provenant non pas de gens qui ne se bougent jamais pour personne mais de quelqu’un qui s’est battu contre la guerre !!!

    Mais qu’est-ce que ça veut dire d’opposer de grandes causes Internationales à des combats contre le Capitalisme français ( enfin, le Capitalisme n’a pas de frontière, ni de pays ) ? Je ne suis pas fille d’ouvriers, mes parents étaient de Droite, sans jamais s’étendre sur leurs opinions. Il était trop tard lorsqu’ils se sont aperçus que je me forgeais une opinion politique différente de la leur, nourrie des cours d’histoire et des discours des curés sur l’injustice.

    Je ne comprends pas, donc, que Valérie ose ridiculiser des mouvements ouvriers dans une période de chacun pour soi. Elle ne doit jamais avoir combattu un patron, ni faire partie d’aucun syndicat. Elle n’est pas au courant de la grande difficulté à seulement intéresser les travailleurs à leur propre défense. Elle ne doit pas non plus avoir l’habitude de réfléchir à la manière de mener des combats. Et dans un sens, je la comprends : la lutte contre la guerre était somme toute facile à mener, les français étaient majoritairement contre, les médias aussi au début. Facile donc de soulever les bonnes consciences. Et je remercierai Bush d’avoir fait prendre conscience au Monde que des peuples différents peuvent avoir les mêmes aspirations.

    C’est vrai que les gens n’ont pas encore cette conscience Internationale ou ne l’ont qu’à certains moments de leur histoire collective. Mais comment leur en vouloir ? Ils ont déjà du mal à comprendre ce qu’on leur prépare pour l’avenir, ils n’y croient pas. Dans ces conditions, comment peuvent-ils voir plus loin que leur boulot et la défense de ce dernier ? Comment peuvent-ils penser que le monde Capitaliste tue, marchandise, exploite ? Ils ont les Médias contre, ils ne lisent pas, ils sont dégoûtés... et en plus, ils ne sont pas syndiqués, ni politisés. Ils deviennnent fatalistes.

    Cette personne qui a écrit la lettre leur ressemble. Pour moi, elle fait partie de ceux qui nous récitent tous les jours qu’on ne peut rien y faire, que tout est écrit, qu’il faut travailler plus longtemps, qu’il faut se laisser exploiter parce que dans le monde, il y a beaucoup plus malheureux que soi... regardez, les petits Irakiens, les pauvres ! Je suis communiste et très fière de l’être... oui vraiment très fière de l’être parce que je vois autour de moi tant de gens qui deviennent aveugles, qui baissent les bras parce qu’ils n’ont aucune idée d’avenir, aucune idée politique qui leur permettrait de voir plus loin, de considérer que les luttes menées en France, retraites, Service Publique, licenciements... sont partie intégante d’un combat mondial.

    Cette personne défaitiste devrait songer que l’on peut expliquer aux français la lutte dans le Monde à partir de leur propre combat, on peut leur expliquer que notre sort est lié au sort des autres peuples quand eux-mêmes ont compris leur propre sort. C’est idiot de croire que tout à coup la lumière va jaillir après une mobilisation mondiale contre la guerre. Ce n’est qu’un pas et nos adversaires sont intelligents et possèdent tous les Medias nécessaires pour dissimuler.

    Rendons grâce plutôt à tous ces gens qui luttent pour leur morceau de pain. Il n’y a pas de honte. Ce serait ridicule de penser qu’on doit se battre pour de grandes et de nobles causes Internationales ( et qui ne coûtent pas trop chères parce que beaucoup de gens les partagent ) et que l’on devrait se laisser faire en France en attendant que les problèmes soient réglés au niveau mondial.

    Moi, je reste avec mes idées qui n’ont rien à voir avec la pitié et le renoncement. On fait l’Histoire petit à petit avec des progrès et des reculs, pas avec de la pitié pour des peuples lointains mais avec le courage de s’opposer là où on est, avec l’individu oeuvrant pour la société. C’est le seul moyen de ne pas accepter le sort fait aux autres peuples. Alors vive la retraite, vive le premier mai, vive toutes les luttes, vive tous ceux qui se lèvent !
    Marie-Noëlle

  • Ce n’est pas tant le fait de ne pas avoir défilé le Ier mai, ce qui me gêne, c’est que tu sois allée travailler, et cela, c’est un peu une insulte aux anciens.
    Dans l’esprit du Ier mai, il y a aussi la paix. Le mot paix peut être :
     la paix dans le monde,
     la paix dans le travail,
     la paix sociale,
     avoir la paix, qui résume tout.
    Mais aujourd’hui, une catégorie sociale déclare la guerre à une autre. Et c’est toujours à sens unique : les gros contre les petits.
    A ton âge, tu n’as que quelques bribes de la pénibilité du travail par tes expériences aux Génévriers, aux 3 Rois, à Kiabi, au Louvre, où tu as été ouvrière.
    Moi, je sais ce que c’est 4O ans plus tard et encore, où j’ai fini ma carrière, j’avais abandonné ce caractère revendicatif qui en fin de compte, use plus qu’il ne soulage.
    J’avais depuis I8 ans quitté le monde de l’entreprise où les conditions se sont terriblement dégradées entre temps : pose supprimées, aller aux toilettes "au coup de sifflet", harcèlement, brimades, salaires au mérite décidé par des personnes quji n’en reconnaissent aucun, conditions de travail et de salaire en régression, cadences infernales, etc....
    Tu espères vivre plus longtemps que moi, mais combien n’arrivent pas à la retraite ?
    Le progrès ne profite pas à tout le monde. Si l’esprit du progrès était en vigueur, l’âge de la retraite serait bien plus tôt pour les métiers pénibles, avec choix de chacun, bien entendu.
    Avec quelle pension ?
    Avec la répartition des richesses, le nivellement par le haut des salaires, etc..., n’es-tu pas scandalisée quand tu apprends ce qui se "croque" dans les casinos, les sommes folles que certains détournent, le flot des publicités, car s’il y avait un peu moins de "libéralisme" aussi là dedans, le coût de la vie baisserait peut-être de 2O%.
    La réunion du G8 qui, une fois encore, n’a servi à rien, qui n’a fait que quelques bonnes intentions, mais en même temps, qui a refusé aux pays pauvres le droit de fabriquer des médicaments génériques, et qui a coûté beaucoup d’argent, etc....
    Je ne suis pas allé manifester contre la guerre par ignorance des manifs qui avaient lieu à Morteau, mais je suis contre la guerre.
    Je l’ai côtoyée d’assez près durant les 2 ans que j’ai passés en Algérie, pour savoir que c’est la pire des choses à faire. La preuve a été faite également avec l’Irak où les sujets d’intervention se sont avérés faux comme par exemple la non découverte d’armes de destruction massive. Mais, attention, les américains seraient bien capables de fabriquer des preuves.
    Pour revenir au Ier mai et aux manifs, retraites, décentralisation, etc...., c’est l’occasion pour moi de manifester mon hostilité au gouvernement actuel. Je suis d’accord pour dire que la gauche n’a pas fait une politique de gauche, mais la droite fait bien une politique de droite.
    Il faut lutter là contre pendant qu’on le peut encore, pendant que la police n’a pas encore tous les pouvoirs, car au train où cela va, cela ne saurait tarder.
    Non, Valérie, ne te trompes pas de combat, ou plutôt, combats pour tout ce qui e’st juste, le monde ouvrier et la France d’en bas, dont je fais partie, t’en seront reconnaissants.

    PS : J’espère que les membres italiens de Bella Ciao sont plus critiques avec Berlusconi que les Français (es) avec Raffarin !!!!!
    Jean-Paul