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sexe, genre et capitalisme (nouvelle parution aux éditions acratie)

par jpd

Publie le mardi 20 mai 2014 par jpd - Open-Publishing
2 commentaires

Vient de paraître

Jacques Wajnsztejn

Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme

160 pages – 15 euros (editions.acratie A67 orange.fr)

Au-delà des controverses stériles entre culturalisme et naturalisme dans lesquelles s’enferment les activistes du genre et leurs opposants conservateurs, ce livre tente une critique politique d’une conception du « genre  » qui a perdu tout rapport avec l’idée première de genre humain. Après l’échec du dernier assaut révolutionnaire contre le capitalisme – celui des années 1967-77 –, autonomie, identités particulières et multiples, affirmation des subjectivités sont devenues les valeurs et pratiques dominantes de l’individu egogéré. Dans les domaines de la sexualité humaine, l’accentuation de la particularisation des rapports sociaux et la capitalisation de quasiment toutes les activités humaines engendrent maintenant la négation des déterminations à la fois naturelles et sociales du sexe. Celui-ci n’est plus perçu que sous sa forme sociale construite et franglicisée de « genre ». Au mouvement des femmes qui visait des droits généraux s’est substituée la pression de minorités sexuelles qui tirent leur dynamique idéologique de leur ancienne répression. Divers activistes du « genre  » vont alors dénoncer les dimensions à la fois trop naturalistes et universalistes d’une conception du sexe qui, selon eux, entretient un rapport de dépendance trop étroit avec la norme hétérosexuelle et non plus simplement avec un système patriarcal en voie de dissolution. De l’abolition du sexe en passant par la multiplication des «  genres   », tout semble, pour eux, affaire de libre choix sur fond d’une confiance aveugle en les possibilités offertes par la science. Cette nouvelle idéologie se présente comme une évidence qui s’imposerait à tous, alors qu’elle réduit la conscience qu’on pourrait avoir de notre finitude humaine à une simple croyance au mythe d’une nature humaine.

Portfolio

Messages

    • Je vais essayer d’éclaircir même s’il est difficile de le faire sans répondre à des remarques précises. Le but de ce livre est de replacer une question d’actualité (les médias ont le mot "genre" à la bouche dès qu’on aborde les "questions de société") dans le cadre plus général de notre rapport à la nature qui est à la fois déterminé et construit ; c’est pour cela qu’on peut parler en termes de rapport à la nature et non pas d’une essence de la nature ou à l’inverse d’une pure extériorité d’une nature qu’on pourrait dominer à sa guise ou bien encore dont on pourrait s’affranchir.
      Or c’est l’idée même de ce rapport à la nature qui disparaît quand on passe des luttes pour l’émancipation des années 1960-70 à la déconstruction des rôles et identités passées conçus comme simples stéréotypes qu’on pourrait échanger contre des manières d’être choisies librement. La réalité d’une identité triple à la fois biologique, psychique et sociale est sacrifiée au profit du seul réel que représenteraient le vécu, l’expérience, l’existentiel.
      Le but de ce livre est aussi de montrer que le nomadisme des nouvelles identités et subjectivités que se forgent les individus-démocratiques est tout à fait en phase avec le nomadisme des flux du capital. Ce que j’appelle "la révolution du capital" (cf. mon livre : "Après la révolution du capital". L’Harmattan, 2007) n’a pas puisé sa dynamique que dans les restructurations industrielles et le développement des flux financiers mais aussi à travers une transformation du désir de révolution en une révolution du désir après la défaite des mouvements révolutionnaires des années précédentes. Dans cette perspective, la "société capitalisée" (concept que nous développons dans la revue Temps critiques) tend à s’émanciper des normes car elle se reproduit aussi bien à partir de ce qui est perçu comme normal que de ce qui était perçu auparavant comme anormal (c’est la différence avec la société bourgeoise traditionnelle). Elle tente de se débarrasser du carcan des "valeurs" qui constitue une limite à sa dynamique et à cet effet elle accueille et même encourage (par exemple par les directives de la commission européenne, par le financement privilégié d’un certain type de recherches universitaires) toutes les tentatives post-modernes dans la mesure où elles participent de la déconstruction des normes et d’un relativisme qui tranche avec l’universalisme qui animait encore les mouvements prolétariens et féministes des années 60-70.
      Une déconstruction facilitée par les envahissantes nouvelles technologies censées libérer l’être humain de toutes ses déterminations naturelles/sociales au profit de prothèses diverses. Tout en tendance peut alors devenir virtuel.