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Le sarkozysme est affaibli !

Publie le mercredi 24 mars 2010 par Open-Publishing
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Sarkozy ne répond qu’à la France ultra-droitière.
Et le défi reste immense pour imposer une gauche sociale crédible…
Par Jean-Emmanuel Ducoin

Dans le flottement du temps présent désorienté, pris dans le culte affligeant de la vitesse et de la perte de l’idéalité égalitaire, il fallait se pincer fort, hier, en regardant l’intervention de Nicolas Sarkozy. Le Palais devait redonner « le sens de l’action » en tenant compte du « message des urnes ». La bonne blague. « Rien ne serait pire que de changer de cap », a prévenu le prince président. Avant de nous ressortir son habituel moulin à parole du moi-je falsificateur : « Je m’y engage », « je fais la promesse de… », « vous attendez des résultats, vous les aurez »… Il osa même un pathétique : « Je comprends votre impatience. » Avant d’annoncer qu’il ne « passerait pas en force » mais qu’une « réforme des retraites » verrait bien le jour dans les six mois…

Le message est terrifiant : fermez le ban ! Au lendemain d’un énième jeu de chaises musicales symbolisé par la nomination d’un cost killer aux Affaires sociales, Éric Woerth, qui a déjà sévi dans la mise en œuvre de la redoutable RGPP, le chef de l’État n’infirme rien. Au contraire, il assume un véritable coup de barre à l’ultra-droite au nom de la « constance »

… Le président des Français s’affirme comme le président l’UMP. Ultime mépris d’un homme capable de tout. Mais pouvait-on s’attendre à autre chose ? Son volontarisme, que tout obstacle importune, c’est d’abord l’oppression des plus faibles et l’extension sans frein, par des lois scélérates, de l’appareil sécuritaire. Logique donc qu’il interprète ainsi le message des urnes.

Il a reçu une claque ? Il répond par des coups bas… Nouveau degré d’ensauvagement.

Vous aussi vous êtes révoltés, dégoûtés ? Il faut lire avec attention les différents reportages et témoignages que nous publions aujourd’hui, pour comprendre ce qui se trame dans les entrailles souffrantes du pays, ou s’exprime, parfois maladroitement sous les assauts d’une vie de plus en plus difficile, le besoin de projets solides qui s’affranchissent des logiques du marché fou ou tout s’achète puisque tout se vaut.

Ces personnes nous disent leur ras-le-bol des injustices sociales à tous les étages. Mais pas seulement. Témoins clés des difficultés de nos sociétés opulentes mais pourtant inhumaines, tous quêtent l’espoir. Le vrai… C’est un fait : le sarkozysme est affaibli.

Au lendemain d’une belle journée de mobilisations, une étude BVA nous apprenait hier que 59 % des Français préféreraient une victoire de la gauche en 2012. De bon augure… Mais un sondage suffit-il ? Et de quelle « alternance » parlent déjà certains socialistes, qui n’ont que ce mot à la bouche ? Une grande majorité d’entre eux, en gros depuis le traité de Maastricht, se sont chargés de la pédagogie douce du capitalisme, dépeint comme un horizon indépassable.

Si chacun s’accordera à admettre qu’on ne change pas une doctrine du jour au lendemain, la responsabilité de la gauche, de toute la gauche, est immense pour réinstaller une espérance crédible.
Bousculer l’hégémonie du PS n’est-elle pas l’une des conditions pour modifier la nature même du débat ?

Face à la plus formidable rage de destruction sociale depuis la Libération, ce n’est pas une simple « sortie de crise » qu’il faut imaginer, mais bien un changement de société radical.

C’est la raison pour laquelle il faut amplifier les mobilisations et donner du poids à la gauche sociale.

N’ignorons plus ce qui ressemble à un éternel recommencement : une petite espérance suivie d’une déception. La gauche en sait quelque chose…

[>http://www.humanite.fr/Impatience}

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