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Fin du conflit : les deux présidents et la CGT dénoncent la concurrence déloyale

Publie le samedi 3 avril 2010 par Open-Publishing

de Paul Ortoli

Plus de trois heures de discussion. Un communiqué bien ficelé pour faire table rase du passé. Et des syndicalistes ragaillardis qui après assemblée générale ont annoncé la fin de la grève. Hier matin, Dominique Bucchini et Paul Giacobbi recevaient à l’hôtel de région une délégation de marins CGT de la SNCM-CMN afin de désamorcer le conflit. Raison de la colère, l’arrivée en fanfare de la compagnie Moby Lines qui pourrait bénéficier de l’aide dite sociale, une enveloppe pesant près d’un million d’euros publics censée faire baisser le prix des billets.

Un signe avant-coureur de « la mort prochaine de la desserte maritime », selon la CGT. Dans le secret d’une salle de réunion, on parvient finalement à un compromis. Les intentions des nouveaux dirigeants de l’île ? Revoir et corriger la notion de « libre concurrence », qui n’est « pas synonyme de désordre », a souligné Paul Giacobbi, tout en souriant aux critiques d’une élue de droite qui remettait en cause ses compétences en économie. « Mais cette personne a-t-elle au moins le bac ? », a-t-il glissé mezzo voce. Les deux présidents ont exprimé leurs « réserves s’agissant du régime d’aide sociale qui accentue le caractère déloyal de la concurrence au détriment du service public. »

La suite de l’histoire s’écrira dans l’hémicycle. « Ce dossier n’était plus géré depuis des mois, des années », a soupiré le nouveau président de l’exécutif. Car d’ores et déjà, cette remise en cause qui sonne comme un désaveu de l’ancienne mandature, appelle une nouvelle vision en matière de transports. « Au service de l’intérêt général », a renchéri Dominique Bucchini, non sans répondre lui aussi à ses détracteurs. « Aux transports ? Les oiseaux de mauvais augure nous attendaient. Mais nous travaillons en concertation avec les partenaires sociaux et les choses avancent », a lancé l’élu communiste. Un moratoire adressé au gouvernement pour la ligne de la Moby Lines entre Toulon et la Corse a également été demandé. « Afin de préserver et de pérenniser la délégation de service public en cours assurée par la SNCM et la CMN », a appuyé un communiqué rédigé à quatre mains dans la foulée. Une manière de soumettre « l’arrivée de tout nouveau transporteur aux obligations de service public » et au « respect des règles de pavillon. »

Pour ne pas que des armateurs pirates ne s’emparent de l’autoroute de la mer... « Si on ne respecte plus rien, c’est la porte ouverte au tourisme de masse et à la perte de 400 emplois et 230 entreprises dans l’île, à l’augmentation du prix des billets pour les passagers », a souligné avec un bel accent marseillais Frédéric Alpozzo, le représentant de la CGT qui s’est dit satisfait de ces avancées. Le calendrier ? « Sous huitaine, une délégation CGT sera reçue au ministère des Transports et le 15 avril, nous rencontrerons le sénateur Revet, avant d’en débattre avec les élus territoriaux », a souligné Dominique Bucchini.

Toujours à Ajaccio, mais cette fois du côté de la chambre de commerce de Corse-du-Sud, une trentaine de socioprofessionnels fulminaient. « Le week-end de Pâques qui ouvre la saison a été gâché ; la Moby Lines n’est pas subventionnée, elle a le droit de venir en Corse, quant à la SNCM, elle est privée », a résumé Jacques Nacer, le président de la CCI. La suite pourrait aboutir en chemin de croix pour les professionnels du tourisme.

http://www.corsematin.com/ra/corse/248433/ajaccio-fin-du-conflit-les-deux-presidents-et-la-cgt-denoncent-la-concurrence-deloyale