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Les socialistes français adoptent le système des primaires

Publie le dimanche 2 mai 2010 par Open-Publishing
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Partis politiques, espèce menacée

Elément central du jeu politique moderne, la forme parti semble faire eau de toute part, prise en tenaille entre coalitions occasionnelles, aventures individuelles et mouvements sociaux. Instrument d’éducation, de proposition et de conquête électorale, le parti obéit théoriquement à ses militants. L’irruption de la thématique des primaires dans le débat français lui porte un nouveau coup.

« Nous pensons que s’il y a peu de candidats [aux primaires du Parti socialiste (PS)], entre quatre et cinq, nous pouvons faire un scrutin à deux tours sans difficulté. En revanche, s’il y a un grand nombre de candidats, nous ne voudrions pas passer des mois à porter une dizaine de candidatures. Ce serait peu lisible, incompréhensible. (...) Nous ferons, avant l’été 2011, une sorte de préqualification . »

Dans un passé pas si lointain, le député et secrétaire national du PS chargé de la rénovation, M. Arnaud Montebourg, prônait la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Le 13 avril dernier, il remettait aux instances du parti un rapport sur l’organisation de primaires.

Les militants socialistes seront appelés à l’approuver par vote, le 20 mai prochain. Dès l’été 2011, ce processus doit permettre de désigner le candidat socialiste — et peut-être celui d’une partie de la gauche — à l’élection présidentielle de 2012. Pour la première fois, ces primaires
« ouvertes et populaires » concerneront tout le corps électoral. Pourra y prendre part quiconque figure sur les listes électorales, acquitte une cotisation volontaire destinée à leur autofinancement et signe une déclaration marquant son adhésion aux « valeurs de gauche ».

Aux yeux de ses promoteurs, ce nouveau mode de désignation offre un moyen efficace de trancher la question lancinante du « leadership » — nouveau mot fétiche du discours socialiste et médiatique —, de « déverrouiller » un parti miné par les divisions et d’élargir la base de légitimité du futur candidat. Présentée par les médias comme une forme de démocratisation — puisqu’elle donne aux sympathisants un rôle qui relevait jusque-là du monopole des adhérents —, cette nouvelle procédure consacre en fait la dépolitisation du débat public et la dévaluation du militantisme.

Selon toute probabilité, la procédure départagera des dirigeants avant de trancher des options idéologiques ou programmatiques. Elle entérine la délégitimation d’une forme héritée du mouvement ouvrier, le parti, qui, (...)

...Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique de mai 2010 actuellement en kiosques.
Rémy Lefebvre.Élections, Médias, Politique, Socialisme, France

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Rémy Lefebvre
Professeur de sciences politiques à l’université de Lille-II, coauteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes, Editions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2006.

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