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FSE Londres - La ronde des amalgames

Publie le dimanche 17 octobre 2004 par Open-Publishing

Samedi, à l’heure du déjeuner, fondamentalisme musulman, racisme, féminisme, sont proposés à la carte, au même tarif [Séminaire : Hijab, le droit de la femme à choisir]. Une formule sans entrée, avec plat direct, le Hijab, sur un lit d’amalgames à la sauce aigre-douce. Une recette concoctée aux petits oignons par nombre d’organisations : contre le racisme, anti-guerre, musulmanes et féministes.

Spécialité du service : chaque intervenante est introduite au titre de son appartenance à une organisation, mais aussi, intention totalement originale de la Chef, en sa qualité de mère, le nombre de ses enfants et leur âge étant précisés.

La première bouchée atteint directement le palais, par son goût typiquement affiné par un avocat, représentant de « Liberty », une association qui place l’interdiction du port du voile au rang d’atteinte à la liberté. Totalement placée hors contexte et sans la moindre précision, voire avec des malentendus et sans aucune nuance vis-à-vis d’un public peu informé et facilement inflammable, la loi française sur l’interdiction des signes ostentatoires confirmerait une exception du crû ­ les Français-es seraient racistes et islamophobes ­ et s’opposerait ainsi de plein fouet à l’Article 9 de la Constitution européenne, concernant le droit d’agir selon sa croyance.

Saveur qui se corse immédiatement après la mise en bouche par la présentation d’une membre du Comité des musulmans de Grande-Bretagne qui affirme : « Je n’ai pas besoin d’être libérée, le Hijab exprime ma force. » La petite boisson servie en accompagnement vient étonnamment appuyer, par la touche professionnelle de la sociologue féministe française Christine Delphy, la douceur rassis d’un pâté britannique bien démagogique qui consiste à réduire certaines féministes (celles favorables à la loi) au rang de Françaises conventionnelles porteuses « d’une idéologie coloniale, raciste, blanche. »

La touche finale, apportée par la psychothérapeute Salma Yagoob, de la Coalition Stop the war, emporte le morceau : le fondamentalisme musulman serait la version moderne du communisme pendant la guerre froide, bravant toutes les intentions impérialistes et libérales du géant américain. Nous voilà rassasié-es. La digestion est néanmoins difficile. Sans doute le manque de fibres, de liens, de finesse dans les émulsions. Aucune référence n’est en effet faite à l’intégrisme, encore moins à l’islamisme comme mouvement politique. L’axiome de base est simple : l’islamisme représente une forme de résistance. A quoi ? On ne le saura pas ici. En attendant, les amalgames vont bon train. On mélange allègrement : musulman-es et arabes, débat sur le port du hijab et racisme, lutte contre l’impérialisme américain et contre la guerre et islamisme, pratique de la religion musulmane et islamisme, foi et liberté.

Cherchez l’erreur. Peut-être dans la salle : peu de femmes voilées à l’horizon, hormis à la tribune.

Joelle Palmieri ­ 16 octobre 2004

Source : http://www.penelopes.org