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Des vigiles comme solution éducative à la PJJ du 93

Publie le lundi 17 mai 2010 par Open-Publishing
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SECTION CNT PJJ 93
mail : section.cnt.pjj-93@cnt-f.org
Tél : 06 28 33 42 43

Communiqué

Des vigiles comme solution éducative à la protection judiciaire de la jeunesse de Seine-Saint-Denis

La protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) semble apprécier les duos contre nature. Après avoir imposé les matons comme collègues aux éducateurs dans les quartiers mineurs puis dans les établissements pénitentiaires pour mineurs, voilà que la PJJ de Seine-Saint-Denis va expérimenter les vigiles dans les foyers d’hébergement.

En novembre dernier, Francis Monge, directeur territorial de la PJJ de Seine-Saint-Denis avait émis l’idée d’introduire des vigiles dans les foyers du département pour répondre aux situations de violences et au désarroi des équipes. Lundi 11mai 2010, date du dernier collège de direction, ce même directeur a annoncé aux directeurs et chefs de services sa décision d’expérimenter la mise en place de vigiles au foyer d’hébergement de Pantin dès la rentrée de septembre 2010. Il faut également préciser que cette information a été annoncée aux directeurs alors que l’équipe éducative n’était même pas informée de cette décision.
Si nous ne pouvons pas nier les difficultés que rencontrent les foyers d’hébergement de la protection judiciaire de la jeunesse, il faut aussi rappeler que cette casse des hébergements est organisée depuis plusieurs années par l’administration, avec notamment le recrutement de personnels peu formés qui débutent souvent dans les conditions les pires. Et c’est effectivement en mettant des personnes dans les pires conditions de travail que l’administration peut ensuite imposer sans résistance des solutions sécuritaires comme les centre fermés.
C’est exactement la même chose lorsqu’on répond à des difficultés sociales et économiques dans des quartiers en difficulté, en mettant des renforts de police pour « rassurer » la population. L’Etat peut même se targuer de ne répondre qu’aux demandes des citoyens qui veulent vivre tranquilles.
Par ailleurs, on peut constater que l’argument de la révision générale des politiques publiques visant à réduire de manière drastique le nombre de professionnels de la PJJ ( et ailleurs) ne semble pas s’appliquer dans tous les cas. Il n’y aurait plus d’argent pour maintenir des postes éducatifs ( ainsi que les personnels administratifs et les psychologues), mais il y en aurait pour recruter des vigiles, tout comme les équipes mobiles de sécurité dans les établissements scolaires.
Une fois de plus, les idées progressistes de ce directeur territorial (il n’est malheureusement pas le seul) mettent de côté toute la réflexion sur les pratiques pédagogiques. Cela évite de se poser les réelles questions concernant le mal-être des équipes et des jeunes. De plus, la solution viriliste et répressive imposée à ce foyer fera certainement de nouvelles victimes du côté des adolescents.

Paris le 14 Mai 2010

Messages

  • Le désarroi de la jeunesse sans perspective et sans idéal ne peut etre "canalisé" que par la répression !quel signe d’intelligence ! Notre pays est devenu stérile...une décadence qui espérons le permettra une prochaine renaissance d’esprits de lumières ;en attendant les temps sont difficiles !

  • La PJJ est à l’image de la société, décadente, sécuritaire et autoritaire. Quand on a plus que l’enfermement et l’autoritarisme pour prendre en charge les jeunes nous avons du souci à nous faire et pas seulement pour l’avenir des jeunes. Apprendre à nous taire, à obéir voilà ce à quoi on nous prépare. Serons nous réagir et nous révolter. Que deviens la prise en charge éducative pour laquelle tant de professionnels se sont battus. Il est heureux de constater que certains continuent, mais sont ils assez nombreux ? et ces directeurs aux petits calibres indiciaires, que défendent-ils ? Leur pouvoir ? ils savent bien qu’ils n’en ont pas et sont souvent maltraités comme l’ensemble des travailleurs sociaux. Leur image ? ceux qui en appellent aux vigiles ne doivent pas être très fiers devant leur miroir. Enfin bon courage à ceux qui luttent dans des conditions de plus en plus difficiles.