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Misère Paris, Ville lumière... coupée

Publie le jeudi 28 octobre 2004 par Open-Publishing
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de Vincent Defait

Au pied du siège parisien d’EDF, les élus communistes de la capitale et les militants de l’APEIS ont exigé l’interdiction des coupures d’électricité.

À Paris, chaque mois, entre 2 600 et 3 000 foyers sont privés d’électricité, faute de pouvoir s’acquitter de leur facture. À Paris, chaque nuit, la tour Eiffel « scintille de mille feux », peut-on lire sur un tract de l’APEIS. Hier, flanquée des élus communistes de Paris, l’Association pour l’emploi, l’information et la solidarité des chômeurs et des travailleurs précaires avait donné rendez-vous devant le siège parisien d’EDF. Objectif : exiger l’arrêt des coupures d’électricité pendant la période hivernale. Voire même les « rendre impossibles », a précisé Jacques Daguenet, conseiller de Paris au sein du groupe communiste.

Au pied de l’immeuble, rappelant une loi de février 2000, selon laquelle le service public de l’électricité « concourt à la cohésion sociale, (...) à la lutte contre les exclusions, au développement équilibré du territoire », l’élu du 11e arrondissement a appelé le maire de Paris à « prendre un arrêté interdisant les coupures d’électricité visant les familles en difficulté ». Car, derrière les chiffres avancés par EDF, se cachent nombre de familles dans des situations économiques et sociales précaires. « Récemment, des gens ont amené à l’hôpital un homme qui chauffait son appartement au charbon de bois, dans un barbecue », raconte Thierry Bailly, de l’APEIS de Saint-Denis. En août dernier, une fillette et son père avaient péri dans l’incendie de leur appartement. Ils s’éclairaient à la bougie après que l’électricité leur a été coupée.

Côté chiffres, entre 2001 et 2002, le nombre d’aides dispensées par le Fonds de solidarité énergie (FSE) de Paris est passé de 5 528 à 9 904, l’extension aux érémistes favorisant l’augmentation des attributions. Ce qui n’empêche que la participation financière de l’État n’a pas suivi.

Au printemps dernier, mobilisés face à la privatisation de l’entreprise d’État, les agents EDF rétablissaient le courant aux familles qui en avaient été privées. Dans leur sillage, une dizaine de maires de Seine-Saint-Denis prenaient des arrêtés municipaux interdisant les coupures d’électricité dans leurs communes. Ces dix-là se retrouveront le 2 novembre au tribunal de Cergy pour répondre de leurs actes. Une manifestation de soutien est d’ores et déjà prévue.

Les élus communistes exigent une augmentation des aides aux familles en difficulté et un travail commun entre EDF et les centres d’action sociale, en lien direct avec ces familles. À la sortie d’une entrevue avec deux cadres de l’entreprise, Jacques Daguenet redira : « Borloo peut prendre dès demain la décision d’interdire les coupures d’électricité. Sans cela, la cohésion sociale ne sera qu’une coquille vide. »

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-10-27/2004-10-27-448754

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