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Affaire Polanski, encore

Publie le mercredi 1er septembre 2010 par Open-Publishing
19 commentaires

Un documentaire édifiant diffusé par Canal +, mardi 31 août 2010. On savait que face à la justice étatsunienne, il valait mieux être riche, blanc et en bonne santé que pauvre, noir et malade. On savait aussi que cette institution savait se contredire de la manière la plus éclatante. En témoigna, par exemple, le procès d’O.J. Simpson, accusé d’avoir assassiné son ancienne épouse et le compagnon de celle-ci, disculpé au pénal, mais condamné au civil à payer à leurs familles des sommes faramineuses.

L’affaire Polanski nous emmène plus loin. On se rend compte que la justice de ce pays n’a rien à voir avec la … Justice, mais avec la politique (les juges étant élus, ils sont démocrates ou républicains, libéraux ou conservateurs), les affaires (les avocats percevant des émoluments très conséquents, ils ont intérêt à délayer la sauce), et surtout la médiatisation (la presse, la télévision peuvent influer considérablement sur le cours d’un procès au nom de leurs propres intérêts). Polanski avait assurément quelque raison de se méfier des médias : quelques années avant les faits reprochés, sa femme enceinte de huit mois et quatre de ses amis avaient été sauvagement assassinés dans sa résidence californienne. À ce moment précis, il se trouvait en Europe. Une partie des médias – qui ne prenait pas du tout les lecteurs et spectateurs pour des mangeurs de maïs soufflé lobotomisés – expliqua que le cinéaste ne pouvait être que l’assassin puisque, dans plusieurs de ses films, il avait mis en scène des rites sataniques.

Dans cette affaire de relations sexuelles illicites, il fallut d’abord déterminer un chef d’inculpation. Le problème était sérieux. Polanski avait-il attiré chez lui la gamine de 13 ans ? Lui avait-il fait prendre de la drogue ? L’avait-il saoulée ? L’avait-il violée ? L’avait-il sodomisée ? Était-elle vierge avant sa relation sexuelle avec le cinéaste ? Encore une fois, il ne s’agissait pas de justice, c’est-à-dire d’une recherche de la vérité et de la détermination d’une peine équitable pour l’accusé comme pour la partie civile, mais d’une véritable négociation menée par le juge, le procureur et les avocats.

Au début de la procédure, le juge était plutôt favorable à Polanski. En fin de carrière, il se retrouvait enfin sous la lumière des projecteurs, prêt à juger une vedette mondialement connue. Il savait par ailleurs que l’adolescente n’en était pas à sa première brève rencontre avec un homme plus âgé, et que la mère avait mis son enfant dans les pattes de Polanski. Elle l’avait « procurée », comme on dit en anglais, pour des raisons relevant de sa propre – médiocre – carrière à elle. Bref, après plusieurs semaines de négociations, il fut retenu contre Polanski la charge la plus légère qui soit dans une telle circonstance : une relation sexuelle illicite. Avaient donc été écartées les chefs de viol, sodomie, drogue. Polanski avait fait l’amour avec une adolescente consentante. Ses avocats acceptèrent par ailleurs que la gamine ne comparaisse pas devant le tribunal.

En théorie, le cinéaste ne risquait pas grand-chose. Dans un premier temps, le président envisagea une peine de prison légère avec sursis. C’était sans compter avec les médias qui se déchaînèrent contre un « Polak » (sous-entendu un Juif), le créateur d’un univers fictif déstabilisateur adulé par Hollywood, cette pépinière de gauchistes, un mari qui avait peut-être assassiné sa femme. Le juge, uniquement soucieux de son image personnelle, retourna progressivement sa veste. Il se lança dans de nouvelles négociations, aussi complexes que ténébreuses, avec les avocats. Pour faire bonne mesure, il souhaita infliger au cinéaste une courte incarcération. De fait, les lois californiennes étant ce qu’elles étaient, Polanski risquait de zéro à cinquante ans de prison. Face à la versatilité d’un juge qui demandait à tel ou tel journaliste ce qu’il devait faire, Polanski et son conseil se méfièrent.

Ne voulant pas perdre la face, le juge proposa, non pas, immédiatement, une condamnation légère avec sursis (dont Polanski aurait immédiatement fait appel), mais un enfermement de 90 jours dans une prison californienne aux fins d’expertise psychiatrique. Polanski et son avocat acceptèrent. Bon prince, le juge permit à Polanski (les affaires sont les affaires) de terminer un film très coûteux pour Hollywood, et même de passer quelques semaines en Europe pour les repérages d’un film produit par Dino de Laurentiis. Polanski se rendit donc sur le vieux contient et, en bon citoyen étatsunien respectueux de la loi et de l’ordre, revint en Californie pour se faire expertiser. Comme il n’était pas plus dérangé que vous et moi, son enfermement ne dura que 42 jours. Les médias se déchaînèrent à nouveau contre le laxisme du juge, qui fit savoir officieusement qu’il préparait désormais une note salée pour le cinéaste.

Face à ces palinodies, aux diverses irrégularités de procédure commises par le juge, dont les avocats avaient demandé le déssaisissement, Polanski décida de mettre les voiles et d’aller résider en France où il serait élu membre de l’Institut en 1998. En 2003 et 2008, Samantha Geimer, qui avait vraisemblablement, perçu une forte indemnité de la part de Polanski, prit la défense du cinéaste et déclara e plus vouloir engager de procédure.

Pour la “ justice ” étatsunienne, Polanski est toujours en cavale.

Messages

  • Qu’est ce que la virginité de la fille vient faire là dedans.
    Quand tu es majeur, tu ne dois pas avoir de relations sexuelles avec une mineure : C’est tout.

    • Quand tu es majeur, tu ne dois pas avoir de relations sexuelles avec une mineure : C’est tout.

      Et dans l’autre sens ? Une adulte avec UN mineur ?

      Soit on fait un distinguo, et c’est de la ségrégation (2 poids 2 mesures).

      Soit on n’en fait pas, et dans ce cas on trouve légitime l’acharnement contre Gabrielle Russier (Mourir d’aimer) ou d’autres majeur(e)s vivant de belles histoires d’amour avec des mineur(e)s..

      C’est peut-être un peu plus compliqué que "tu ne dois pas... C’est tout".

      Chico

    • Ce n’est pas moi qui ai posé la question de la virginité. Souvenons-nous de Clinton, du foin que ce grand et beau pays a fait pendant des semaines sur une tache de sperme éventuelle sur la robe de la candide Monica...

      La pièce Les sorcières de Salem (d’Arthur Miller) raconte un des mythes fondateurs des États-Unis. Ca ne parle que de cul, d’adultère, de frustration sexuelle.

    • Quand tu es majeur, tu ne dois pas avoir de relations sexuelles avec une mineure : C’est tout.

      ca c’est de la morale de curé, parce que la loi c’est :

      pas de relations avec des mineurs de MOINS DE 15 ANS

      à coté de la plaque donc...

    • c’est implicite " mineure" dans ce contexte c’est bien mineure sexuellement parlant.

    • Alors pourquoi on emmerde les footeux d’avoir eu des relations avec une mineure de 16 ans qui plus est prostituée ? D’autant plus quand celle-ci en profite pour faire sa publicité grassement rémunérée par des magazines people. Et ses parents, quel est leur taux de responsabilité ?
      Pour en revenir à Popol, le premier quidam (pauvre), à sa place aurait-il été défendu avec autant de véhémence par la bourgeoisie boboïsante ? Faut pas rêver, il serait déjà enfermé depuis longtemps !
      A savoir si l’auteur de cet article aurait supporté que sa gamine de 13 ans (quand même !) ait été sodomisée après avoir été droguée ?
      Supputer que sa mère l’ait livrée en pâture au cinéaste relève du sordide le plus crasse.
      C’est honteux.

    • Il faut aussi relever qu’une autre jeune actrice (du film "Pirate") affirme également avoir subit une agression sexuelle de la part de R. P.
      Et combien d’autres qui n’ont rien révéler ?

    • Alors pourquoi on emmerde les footeux d’avoir eu des relations avec une mineure de 16 ans qui plus est prostituée ?

      houlala vous mélangez tout !!

      oui, il est interdit de PAYER une mineure (de moins de 18 ans) pour une relation sexuelle....

      non, il n’est pas interdit d’avoir une relation sexuelle avec une mineure de plus de 15 ans consentante

      c’est la loi (en France)...

    • Il n’empêche que la différence d’âge entre les protagonistes de l’affaire n’est pas de trente ans, sans compter que la prostituée àjustement affirmer avoir menti sur son âge.
      Clin d’œil à Bernard Henri "Botul" qui parle d’erreur de jeunesse chez Polanski qui avait à l’époque plus de 40 ans. Cherchez là l’erreur !
      De toute façon, l’affaire Zahia, juste avant la coupe du monde, pue le piège à plein pif, sinon l’investigation policière aurait dépassé le cadre du stade de foot...
      Qu’en est-il des parents, des proxénètes, des journaux à sensations qui affichent la fille à moitié à oilpé en première page en échange d’un paquet d’oseille (Paris Match entre autres sic !) ?
      Sans vouloir tout mélanger, vous n’avez pas répondu à mes questions, à savoir :
       Que serait-il advenu du premier (pauvre) quidam venu dans une même situation ?
       Comment auriez-vous réagit s’il c’était agit de votre propre fille ou petite fille ?

    • Ce qui est hors sujet par contre c’est l’affaire de la pipe à Clinton reçue et administrée entre adultes consentants.
      Si le président américain faisait défiler ses stagiaires à la vitesse de la fermeture éclaire, c’était leurs affaires. El là, on tombe dans le puritanisme américain qui n’en est pas un, juste une façon de régler leurs comptes entre les républicains et les démocrates.

    • Dans l’affaire Zahia, c’est un noir et trois musulmans qui sont soupçonnés (comme dirait Laurent Gerra dans son sketch : "Ribéry aussi !").
      Un pur hasard ?

    • Et chez-nous on a Strauss Kahn dont les plaintes portées par des femmes s’empilent, parait-il, sur des bureaux d’avocats...
      Voir à la fin de cette vidéo le témoignage d’une journaliste : (copier-coller si le lien ne marche pas)

      http://www.dailymotion.com/video/xejx88_arretez-de-voter-nuit-gravement-a-l_news

    • la prostituée a justement affirmer avoir menti sur son âge

      C’est quoi le pire ? Avoir des relations sexuelles avec une mineure de 16 ans qui ment sur son âge ou violer par une voie dite "non naturelle" une gamine de 13 ans après l’avoir passablement droguée ?
      la prostitution n’est pas un viol. Si oui, empêcherait-on certains esprits mal tournés, aux bourses pleines, d’aller se défouler en Thaïlande et de s’en vanter par la suite ?

  • Bernard Gensane descend de quelques crans dans ses préoccupations. Entre parenthèse, êre "juif" -si ça a un sens autre que culturel ou religieux, comme on voudra - n’est pas une tare aujourd’hui aux USA, mais un passeport. Jesse