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Cela est arrivé à une infirmière. Cela pourrait vous arriver ? Je ne vous le souhaite pas.

Publie le mardi 19 octobre 2010 par Open-Publishing
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Le texte ci-dessous, d’une grande dignité, d’une grande humanité, d’une grande intelligence, est écrit par Pierre POYET. Il a été adressé à quelques responsables associatifs, syndicaux, administratifs, de l’Hôpital de Roanne, à des élu(e)s de sa région.
Pierre Poyet est mon beau-frère, Liliane est ma sœur
Je n’aurais pas su dire ces mots ; je les partage ; je les porte à votre connaissance.

’’Liliane a intégré le lundi 17 mai le CANTOU de la maison de retraite St Anne de Belmont de la Loire.Atteinte d’une maladie neuro-dégénérative depuis plus de deux ans, la maladie a malheureusement évolué. Depuis le 2 mars, elle était à l’hôpital psychiatrique de Bonvers, faute de place, donc dans un lieu inadapté à sa pathologie.

Elle se trouvait enfermée dans une chambre exigüe avec des conditions d’hygiène déplorables. J’ai essayé de faire le maximum pour la sortir de ces conditions lamentables. Mes démarches auprès des conseillers généraux comme Mr Lapallus et Mr Cellier (ce dernier étant un ex collègue de travail de ma femme) et du côté médical l’action de Mme Girodet psychiatre, ont permis d’accélérer le dossier pour le rendre prioritaire.Ma femme a fait toute sa carrière à l’hôpital de Roanne en tant qu’infirmière psychiatrique et elle s’est retrouvée en tant que malade dans un service où elle avait travaillé quelques années.

Ce n’était pas sa conception de la prise en charge des malades mentaux. Elle pensait et privilégiait la thérapie par la parole. C’est pourquoi elle a changé de service pour travailler ensuite aux IRIS et en néo natalité.Durant son séjour à Bonvers, elle rencontrait des ex collègues de travail ce qui n’était pas sans poser des problèmes. Cet élément a pesé de manière déterminante pour accélérer le dossier sinon je crois qu’elle y serait encore vu la pénurie des places pour les personnes dépendantes.A la souffrance de la maladie et de la dégradation lente mais inexorable d’un être cher, s’est ajoutée la souffrance générée par un déficit médico-social et humain.Il a fallu me battre pour mon épouse, pour sa dignité, pour ce qu’elle était en tant que personne, belle de l’intérieur. Personne ne méritait et ne mérite cela, encore moins elle.

Estimée et reconnue dans son travail, j’ai sollicité Mme la Maire de Roanne d’autant que ses fonctions l’amènent à siéger au conseil d’administration de l’hôpital. Mme Déroche m’a fait part d’une intervention de sa part auprès de la direction de l’hôpital. A ce jour, j’attends toujours une quelconque réponse de cette direction qui témoignerait d’une attention particulière. J’en suis très étonné, consterné et je ressens de la colère.C’est un soulagement qu’elle ait enfin quitté l’unité psychiatrique de Bonvers pour bénéficier d’un accompagnement adapté et humain. C’est une certaine culpabilité de mettre son conjoint dans une structure sécurisée, humanisée mais fermée, dans un espace restreint, malgré l’absence d’une autre alternative possible.Il y a un temps pour tout.

Le temps de régler des urgences, d’accuser le coup, d’être présent auprès d’elle presque tous les jours quand elle était à Bonvers, du soutien psychologique et celui de dénoncer ce qu’elle a vécu, ce que j’ai vu et ressenti.J’ai comme un devoir de faire savoir et de dénoncer les locaux vétustes et inadaptés, le choix de l’enfermement qui n’a pas respecté son humanité et les conditions basiques de l’hygiène au point qu’un jour j’ai proposé de faire prendre une douche à ma femme. Cet enfermement était sans toilette accessible digne de ce nom avec l’eau courante et papier WC. Pendant 15 jours, elle a eu une cuvette prévue pour les personnes alitées, irrégulièrement vidée ce qui faisait qu’il y avait de l’urine par terre, parfois au bas du pyjama d’autant que mon épouse ne se rend pas compte de tout ce qu’elle fait.

C’est une amie psychologue venue lui rendre visite et avec qui elle a travaillé qui a suggéré une chaise pot. Cette chaise pot a remplacé la cuvette au bout de deux semaines sans résoudre le problème de l’odeur dans sa chambre.Comment cela est-il encore possible à notre époque ?Comment ce type d’enfermement est il possible si ce n’est qu’il permet une prise en charge très allégée en relations humaines et donc en coût ?Comment se fait-il que l’on ne puisse imaginer et mettre en œuvre un système sécurisé où des malades puissent naviguer sans pouvoir s’enfuir puisque la raison avancée était son risque réel de fuite ?Comment se fait-il que l’hôpital ne dispose pas d’une structure minimum digne de ce nom pour les malades atteints d’une maladie neuro-dégénérative ?Est-ce la logique comptable qui expliquerait ce dénuement ?

Je fais la part des choses et je distingue ce qui est de la responsabilité des décideurs (politique, haut fonctionnaire, directeur régional de la santé) et le personnel. Je remercie d’ailleurs certains professionnels du secteur hospitalier notamment AS et psychologue qui apportent de l’humanité dans les moments où l’on en a bien besoin.Mais je reste toutefois étonné par les pratiques professionnelles rencontrées et le fatalisme ambiant. Ma femme ne faisait pas le même métier et j’émets l’hypothèse qu’à son époque, dans les années 1970, la formation d’infirmier psychiatrique était une vraie spécialité avec un contenu et un temps de formation en conséquence.

Elle était impliquée dans son travail et défendait un métier où la relation humaine, l’écoute, la parole en était le cœur.Je ne souhaite à personne de vivre ce que nous avons vécu mais cela peut arriver à tout le monde puisque cela lui est arrivé.Sachez qu’il y a au moins deux ans d’attente pour intégrer une personne dépendante dans une structure adaptée.’’

http://jcdelanoue.elunet.fr/index.php/post/08/06/2010/Cela-est-arrive-a-une-infirmiere-Cela-pourrait-vous-arriver-Je-ne-vous-le-souhaite-pas

Messages

  • les établissements psychiatriques sont dans un état de délabrement absolu, tant au niveau matériel, ce que vous décrivez des conditions sanitaires est une triste réalité, qu’au niveau moral, de fait le manque de personnel, le manque de personnel formé à l’écoute est une orientation politique de longue date, nous en voyons aujourd’hui les effets dramatiques, cette année il y a eu un reportage à la télévision qui était édifiant, une patiente fut hospitalisée en chirurgie en dernière limite après plusieurs jours de plaintes de maux de ventre, là nous ne sommes pas dans l’écoute psychologique mais dans la prise en charge médicale dûe à tout être humain, en fait elle a faillit mourir d’une péritonite, quelques semaines avant ce reportage, dans l’hôpital psychiatrique de ma ville, un jeune de 35 ans mourrait dans ces mêmes conditions, le témoignage d’une maman d’une jeune schyzophrène "pot de chambre dans la chambre fermée", cette jeune s’arrache les cheveux depuis son enfermement, rien n’est proposé pour entendre sa détresse, cette femme vit un calvaire, non seulement la culpabilité de voir sa fille malade, mais maintenant qu’elle est adulte, de la voir dans un hôpital psychiatrique dans ces conditions de vie, parlons des GEM, groupe d’entraide mutuel, celui de ma ville est un lieu de scandale également, 2 animatrices très jeunes pour occuper une trentaine de personnes, elles ne sont pas formées pour prendre en charge les pathologie psychiatriques, elles sont de bonne volonté mais ne peuvent pas résoudre les problèmes de violence lorsque qu’un patient va mal, de même les locaux sont sordides, pas adaptés, voir dangereux, mais, officiellement, l’hôpital psychiatrique a créé un GEM, nous sommes dans un pays sous - développé