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La fraude des mots

Publie le mardi 2 novembre 2010 par Open-Publishing
5 commentaires

de ROBERT GIL

Si les mots ont un sens, leur mauvaise utilisation peut nuire gravement à la démocratie. La manipulation du langage est une constante de tous les régimes totalitaires. Cela leur permet de changer le monde à leur avantage. Aucun mot n’est anodin, surtout utilisé par des spécialistes en communication.

Pour faire croire que dans une entreprise tout le monde est logé à la même enseigne, on ne parle plus de salariés mais de : « collaborateurs ». Bien sur parfois il arrive que l’on soit obligé de se séparer de ses collaborateurs, lorsque par exemple les actionnaires demandent plus de dividendes, pardon, lorsque que l’on veut consolider l’entreprise pour lui permettre d’affronter la concurrence.

On licencie moins (bien), on restructure (pas bien). Les « restructurations » sont obligatoires pour faire face aux défis de notre temps : c’est à dire une meilleure exploitation des salariés. On se sépare donc d’une partie de ses collaborateurs, et pour ceux qui restent on négocie « la flexibilité », que l’on peut traduire par la mise à la disposition de l’employeur, ce que l’on appelait autrefois exploitation patronale.

Il faut aussi améliorer la « communication », c’est à dire intensifier la propagande du MEDEF via le gouvernement et les différents médias pour baisser « les charges patronales », autrefois dénommées cotisations sociales patronales. Faire comprendre aux salariés que leurs « acquis sociaux » doivent être supprimés pour faire face aux difficultés de l’entreprise et affronter la mondialisation. En clair pour rémunérer grassement les actionnaires avec des stocks options, des bonus et des parachutes dorés.

Répéter inlassablement que les caisses sont vides que « l’état providence »ne peut pas tout . Mais peut-être devrions nous plutôt parler d’état re-distributeur, ce qui sous-entend que s’il y a redistribution c’est qu’au départ il y a des inégalités. Et l’on retombe sur l’épineux problème du partage des richesses. Et comme la redistribution ne se fait que dans un sens, il faut en conclure que la providence ne se fait que pour une poignée de privilégiés proches du pouvoir, pour lesquels les caisses ne sont jamais vides !

Pour faire avancer le pays N. Sarkozy nous parle constamment de « réforme de l’état » que l’on peut traduire par destruction des services publics. Ceci dans le but de brader la santé, l’éducation, l’énergie … aux entreprises des amis choisis par le pouvoir. Ces entreprise auront des collaborateurs, et pour améliorer la rentabilité on effectuera des restructurations. La baisse des charges et la flexibilité ne suffisant pas, l’Etat providence, qui fonctionne très bien pour eux, viendra à leur secours, et le contribuable mettra la main à la poche. Le public finance le privé !

Il faut sortir le pays de « l’immobilisme », attention ne pas croire que l’on parle de ces familles qui sont aux affaires depuis des générations. Non, on parle de ces millions de travailleurs qui après de difficiles luttes ont réussi à améliorer leurs conditions. Cela n’a jamais plu à une droite revancharde .

Après toutes ces réformes vous avez de grandes chances de vous retrouver au chômage , c’est à dire en « période d’inactivité ». Et là vous risquez de culpabiliser car qui dit inactif dit un peu fainéant. Mais le bon coté de la chose , c’est que même si vous êtes au fond du trou, que vous devenez un déchet, sachez que maintenant avec le parler écologique on « valorise les déchets »

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