Accueil > Retraites : Le front syndical fissuré

Retraites : Le front syndical fissuré

Publie le vendredi 5 novembre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

A la veille de la huitième journée d’action nationale contre la réforme des retraites, l’unité syndicale, qui avait fait la force du mouvement, semble s’étioler. La CGT est moins écoutée dans sa volonté de continuer le combat, alors que la CFDT parle de tourner la page.

L’intersyndicale (CGT-CFDT-CFTC-CFE/CGC-UNSA-FSU-Solidaires) de mercredi soir a accouché d’une souris. Près de quatre heures de discussions pour décider d’une journée d’action, entre le 22 et le 26 novembre, dont les modalités ne seront précisées que lundi, lors d’une autre intersyndicale. Les syndicats ont réaffirmé leur "refus " de la réforme et leur "profond mécontentement face à un gouvernement qui a choisi le passage en force". Mais ils se sont abstenus de demander à Nicolas Sarkozy de ne pas promulguer la loi. Une promulgation qui devrait intervenir courant novembre, une fois que le Conseil constitutionnel se sera prononcé sur le recours déposé par les parlementaires socialistes.

Des conclusions bien timides par rapport aux requêtes du secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, qui avait souhaité une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle identique aux précédentes, dès mercredi dans une interview à Reuters. Son appel n’a pas été entendu par les membres de l’intersyndicale, qui estiment à demi-mots que la CGT ne domine plus la discussion. "Le leadership de certains sur le groupe des sept a disparu", a déclaré un membre de Force ouvrière (FO).
Chérèque se lance sur le chômage des jeunes

La CFDT et l’UNSA n’avaient pas caché leur réticence à continuer le mouvement dans les mêmes modalités, craignant qu’une nouvelle journée d’action n’acte la décrue de la mobilisation. Déjà le 28 octobre, on comptait moins de manifestants dans les rues : la CGT avançait le chiffre de "près de deux millions" de personnes contre 3,5 millions le 19 octobre. Le ministère de l’Intérieur avait compté 550.000 manifestants.

François Chérèque, interviewé sur Canal + vendredi, a nettement marqué ses distances avec Bernard Thibault. Le leader de la CFDT a clairement fait entendre qu’il souhaitait tourner la page de la contestation de la réforme des retraites : "Sur le sujet des retraites, il faut le reconnaître, on va maintenant s’éloigner petit à petit malheureusement de ce sujet-là ".

François Chérèque se lance même dans un nouveau combat, le chômage, notamment celui des jeunes, et les conditions de travail : "On a parlé beaucoup des retraites parce que le gouvernement a précipité la réforme du fait de la crise, maintenant on revient aux éléments de la crise : le chômage énorme, le chômage des jeunes, des seniors, les conditions de travail, la pénibilité, ce sont des sujets qu’il faudra exprimer dans les mois qui viennent", a-t-il estimé. François Chérèque avait déjà semblé tourner la page des retraites, en réclamant une "négociation sur l’emploi des jeunes et des séniors", à la veille du vote de la réforme des retraites à l’Assemblée le 27 octobre. Face à la détermination sans faille affichée pas la CGT, François Chérèque oppose une position réaliste, voire pessimiste, c’est selon. Le syndicaliste a déclaré : "Si je dis aujourd’hui ’On va faire reculer le président de la République’ (…) je crois que personne ne me croirait, on se dirait ’Celui-là, il rêve’".

http://www.lejdd.fr/Societe/Social/Actualite/Retraites-CGT-et-CFDT-s-opposent-sur-les-suites-du-mouvement-231705/

Messages