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La Bolivie ébranlée par les hausses des prix du carburant

Publie le vendredi 31 décembre 2010 par Open-Publishing
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La vague de protestations contre la hausse des prix du carburant s’intensifie en Bolivie. Elle a pris une tournure violente jeudi alors que des milliers de manifestants exhortaient le gouvernement du président Evo Morales à revenir sur cette décision, certains l’appelant même à démissionner et criant à la trahison.

L’arrêt des subventions au secteur pétrolier, annoncé dimanche, s’est traduit par une hausse des prix du carburant, de 73% pour l’essence et de 83% pour le diesel. Les prix des transports publics et de l’alimentation ont suivi, provoquant des mouvements de panique dans ce pays andin où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Un coup dur que les Boliviens ont baptisé "gasolinazo" (de "gasolina", essence en espagnol).

Les prix du carburant étaient gelés depuis six ans, mais le gouvernement a annoncé dimanche qu’il ne pouvait plus subventionner à perte un secteur pétrolier qui selon lui pratique la contrebande frontalière. Selon La Paz, d’importantes quantités de carburant sont détournées vers les pays voisins et vendus au prix fort au Brésil, en Argentine, au Chili et au Pérou.

Depuis, les manifestations se sont emparées des principales villes boliviennes, en réaction à ce qui est la décision la plus impopulaire prise depuis l’arrivée au pouvoir de l’ancien chef de file des "cocaleros" Evo Morales il y a cinq ans.

Jeudi, la grève des chauffeurs de taxi a quasi-totalement paralysé La Paz, la capitale, et des manifestations ont également eu lieu à Cochabamba, Santa Cruz, Potosi et Oruro.

Les conducteurs de bus ont eux aussi manifesté sporadiquement, jugeant que la hausse de 60 à 80% des tarifs dans les transports publics, annoncée par le gouvernement, n’était pas suffisante pour répercuter la hausse des prix du carburant.

Dans la foulée, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 15% sur les marchés subventionnés, mais de beaucoup lus dans les magasins privés.

A La Paz, des affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre lorsque la foule a tenté d’entrer sur la place centrale de la ville où se trouvent les bâtiments gouvernementaux. La police a dispersé à coups de gaz lacrymogènes les manifestants qui caillassaient les édifices publics.

A El Alto, l’immense cité-dortoir surplombant la capitale où s’entassent des millions de Boliviens parmi les plus pauvres, les manifestants ont incendié une voiture et des cabines de péage.

Selon le ministre de l’Intérieur Sacha Llorenti au moins 15 policiers ont été blessés dans tout le pays, dont deux grièvement.

En réponse à la colère populaire le gouvernement a annoncé des mesures pour tenter d’atténuer les répercussions de cette hausse. Mercredi, Morales a pris un décret augmentant de 20% les salaires dans le secteur public (armée, police, éducation et santé) et annoncé qu’il demanderait aux entreprises privées de passer des accords salariaux également. De nouvelles aides vont être octroyées aux producteurs de céréales pour qu’ils augmentent leur production et baissent les prix. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20101231.FAP3014/la-bolivie-ebranlee-par-les-hausses-des-prix-du-carburant.html

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