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Quand la propagande nous irradie...

Publie le vendredi 3 décembre 2004 par Open-Publishing

EDF a le monopole de la distribution de l’électricité. Alors pourquoi dépenser tant d’argent en publicité ? Pour nous expliquer que nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire.

EDF, Framatome, etc. veulent rappeler que le nucléaire est partout et que nous en serions donc tous complices : votre gosse joue bien au train nucléaire dans sa chambre, non ? Pas question de parler de la dilapidation d’énergie par le nucléaire, même civil (qui consomme en grande partie ce qu’il produit pour tourner), de militaires aux aguets ou de matières premières
pour missiles. Aucune mention non plus des déchets, ni des conditions de travail dans les mines d’uranium... Ça ferait sale. Le nucléaire nous est présenté comme un système qui, infailliblement, comme par magie, nous apporte "sa lumière". Ce serait même écologique puisque, dit-on, il "réduirait l’effet de serre"1.

En France, il est même impossible de connaître le nombre de cancers dus au nucléaire. Les institutions nationales et internationales restent silencieuses et, lorsque des populations
s’inquiètent, on considère qu’elles affabulent. Elles se laisseraient aller à des craintes "irrationnelles". Aux alentours de Tchernobyl, on occulte les problèmes liés au nucléaire, des scientifiques allant même jusqu’à inventer des maladies comme la "radiophobie"2. Comme si le nucléaire ne générait pas de radioactivité et ne rendait pas radioactives à leur tour des choses qui ne l’étaient pas.

EDF veut aussi enfoncer dans les crânes qu’il est impossible de revenir en arrière et n’a de cesse de marteler (tout mensonge répété suffisamment prenant valeur de vérité) que "70 % de
l’énergie est nucléaire"3. Mais, déjà, l’importance des déchets et des étendues polluées, qui resteront là pendant des générations, rend improbable la transformation rapide de la société.

Et puis le nucléaire, c’est le "progrès", nous n’allons tout de même pas "revenir à la bougie" ! Comme si le progrès technique était forcément synonyme de progrès social. Comme si les choix techniques et scientifiques n’était pas aussi politiques. Comme si les choix réels se situaient à ce niveaulà. En cas d’accident majeur, nous aurons à la fois le nucléaire et la bougie !

A l’heure où l’étau sécuritaire se resserre, quelle meilleure aubaine que le nucléaire qui, du fait de sa dangerosité intrinsèque, ne peut être géré que de matière hypersécurisée de façon militaire par l’Etat. Sous prétexte de terrorisme, informer la population des dangers qu’on lui fait courir peut être passible de poursuites pour "levée du secret défense"4. Se déploie alors un discours schizophrène, à la fois rassurant, "la situation est sous contrôle", et terrorisant. Du sentiment de peur ne peut résulter que de la soumission.

S’il n’est jamais trop tard pour s’y opposer, force est de constater que ce genre de technologie hypothèque et oriente l’évolution de la société, la responsabilité de la population dans cette affaire n’étant qu’une tromperie parmi d’autres. Mis devant le fait accompli, on nous demande ensuite notre avis. Si certaines entreprises dépensent de telles forces dans cette propagande, ce n’est pas que notre avis puisse les intéresser, mais seulement pour vérifier l’efficacité de leur opération de manipulation. Celle qui conduit les individus à adhérer aux aberrations qui leur ont été imposées.

Réunion publique
le Mardi 7 décembre 2004

à 20h00

au CICP,

21Ter rue Voltaire

(Métro rue des Boulets)

75011 Paris

Collectif contre la société nucléaire

21ter, rue Voltaire

75011 Paris
ccsn@no-log.org


1) Une centrale nucléaire contribue de façon sérieuse à l’effet de serre par ses rejets de vapeur d’eau. Il est aberrant de proposer le nucléaire comme solution au problème.

2) Terme inventé par les autorités soviétiques après la catastrophe de Tchernobyl et repris par le programme Core (Coopération pour la réhabilitation des conditions de vie dans les territoires de Biélorussie contaminés) financé par l’Union européenne.

3) 70 % de l’électricité (et non de l’énergie) est d’origine nucléaire. La première source d’énergie reste le pétrole.

4) L’arrêté du 24 juillet 2003 classe "secret défense" les informations relatives aux matières nucléaires combustibles, déchets...). Les sanctions peuvent aller jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende (cf. Art. 413-10 du code pénal).