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LE PEUPLE JUIF EST-IL MANIPULE ?

Publie le mercredi 16 février 2011 par Open-Publishing
12 commentaires

Lecture : « Comment le peuple juif fut inventé » et « l’exil du peuple juif est un mythe » de S. Sand

Né en 1946, Shlomo Sand a fait ses études à Tel-Aviv et à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Il est prof d’histoire générale à l’université de Tel Aviv. Le département histoire est séparé en deux, d’un coté l’histoire générale et de l’autre l’histoire du peuple juif. La Tora qui regroupe les 5 premiers livres de la bible est enseignée à tout israélien comme des faits historiques.

Cette interprétation de l’histoire juive est l’œuvre depuis la seconde moitié du 19 siècle de personnages qui ont inventé un enchainement généalogique continu du peuple juif sur des morceaux de mémoire religieuse juive et chrétienne ; Les historiens sionistes ont fait de ces vérités bibliques une vérité historique. S.Sand, lui, soutient que l’exode qui constitue la base de l’identité d’Israël n’a pas eu lieu.

Alors, si les juifs n’ont pas été chassés de la terre promise, d’où viennent les nombreux juifs qui peuplent le pourtour de la Méditerranée et les régions slaves ? Et bien d’après les travaux de Shlomo Sand le judaïsme est une religion prosélyte qui a souvent converti de force de nombreuses peuplades, car le Mishna et le Talmud autorisent cette pratique à la conversion.

La victoire de la religion chrétienne au début du 4 siècle met fin à l’expansion du judaïsme et repousse le prosélytisme juif au marge du monde culturel chrétien, notamment chez les berbères d’Afrique du nord et en Europe de l’est ; Mais la progression de l’islam et les invasions mongoles mettent une nouvelle fois un frein à cette expansion. Les berbères judaïsés prendront part à la conquête de la péninsule ibérique au côté des arabes, et à l’Est les juifs repoussés vers les territoires allemands poseront les bases de la culture yiddish.

Mais pour l’histoire officielle tous les juifs qui peuplent la terre descendent directement des juifs qui ont été théoriquement chassés de Palestine, alors que lors des invasions arabes nombres de ceux-ci ont été convertis à l’islam. Le problème est que cette conception historique constitue la base de la politique identitaire de l’état d’Israël, elle donne lieu à une définition du judaïsme qui alimente la ségrégation et maintient à l’écart les juifs des non juifs. Vers les années 1960 les récits sur les origines plurielles des juifs ont été progressivement marginalisés par l’historiographie sioniste avant de disparaitre de la mémoire publique en Israël.

Israël se présente donc comme l’Etat des juifs et justifie la sévère discrimination qu’elle pratique à l’encontre de prés d’un quart de sa population en invoquant le mythe de la nation éternelle regroupée sur « la terre de ses ancêtres », et de ce fait Israël refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens mais seulement pour les juifs du monde entier.

Ceci est un résumé très simplifié du livre, des conférences et des théories de Shlomo Sand, qui ne s’est pas fait que des amis du coté d’Israël, ni même des palestiniens, car en fait il sous entend qu’ils sont les descendants du peuple juif resté sur place. Il met en cause une idéologie au service d’intérêts partisans qui manipule un peuple et en détruit un autre, tout cela dans un Moyen Orient transformé en poudrière, cautionné par l’occident qui refuse de prendre ses responsabilités. Dans un Moyen Orient où toutes les résolutions de l’ONU sont bafouées par un pays, sans que cela n’émeuve la communauté internationale.

Article original publié sur http://2ccr.unblog.fr/

Conscience Citoyenne Responsable

Messages

  • Chlomo Sand est un homme très cultivé, son livre devrait etre lu par tous, surtout par les Juifs et par BHL !
    Un état Juif, c’est comme un Reich Allemand, c’est à jeter aux orties .
    Les religions quelles qu’elles soient, peuvent se pratiquer en silence dans les foyers ou dans les lieux de culte, dans tous les pays .

  • Faut arrêter les approximations.

    L’Europe protohistorique puis antique est habitée par des Indo-européens et d’autres peuples autochtones. Depuis des temps immémoriaux, ces peuples pratiquent des religions (à l’instar de tous les peuples du monde dès l’origine) qui sont tout sauf naïves. La religion chrétienne n’étant pas plus subtile que les païennes. Mais elle correspond mieux aux nécessités du temps : notion de mariage monogame, maîtrise des naissances et des héritiers, fin de l’esclavage comme mode social de production. Dumézil a montré comment on passe de la trifonctionnalité à la trinité et à 3 classes sociales (seigneurs, prêtres, producteurs).

    Israël appartient à une famille de langues : les langues sémitiques, dont la première apparition dans l’Histoire remonte au couple Akkad/Sumer. Couple étrange formé d’un groupe non sémite (Sumer) et d’un groupe sémite (Akkad). Les Sumériens se montrent d’abord dominants pour devenir dominés. C’est ce couple qui invente l’écriture (on dit cependant qu’ils sont contemporains des Egyptiens, créateurs des hiéroglyphes et eux aussi sémites). La civilisation (hors Asie) voit le jour entre Iran, Irak, Syrie.

    Les Hébreux forment un petit peuple sémite, installé à Canaan, terre d’accueil et de croisements de populations diverses. La thèse de Shlomo Sand consiste à repérer la diaspora après la destruction d’Israël, en 70 ap. JC.

    Il en situe un faible nombre en Arménie où ils s’installent. Mais n’est pas repérable la diaspora à partir d’Arménie. Il postule que les juifs israéliens de l’Etat antique d’Israël restent sur place, d’abord christianisés, puis islamisés. Ce qui lui fait affirmer que la notion d’Israël pour les juifs d’Europe procède du mythe.
    Voilà un peuple européen depuis 2000 ans mais qui réclame comme pays légitime, biblique et historique, cette partie de la Palestine, ce qui est éminemment usurpé.

    Persécutés par les Européens, puis soumis à la solution finale par l’Allemagne nazie, qui les faisait venir de toute l’Europe occupée afin de les exterminer, avec la complicité des Etats occupés, dont la France, les voilà appliqués depuis 1948 à occuper la Palestine, à se livrer au génocide et à l’Apartheid, dans des formes symptomatiquement ressemblantes à celles du Reich.

    L’Europe s’est donc débarrassée de la question juive en refilant le bébé à la Palestine. En 48, la Palestine était colonie britannique et n’a jamais été consultée pour décider si oui ou non elle acceptait avec son indépendance (sic) de partager sa terre avec Israël. Cerise sur le gâteau : la Palestine n’a jamais eu d’Etat ni de frontières reconnus.

    Sacré foutage de gueule pour le moins scandaleux.

    Pour dire les choses complètement : Israël est un Etat totalement illégitime.

  • Chaque peuple a connu un destin similaire : du fait de la proximité de ses habitants, la langue est commune. Avant d’entrer dans l’Histoire, à une époque où l’écriture n’existe pas encore, cette communauté de langue se raconte ses origines au moyen, précisément, de cette langue. Les origines attestent le rapport de ce peuple avec des dieux grâce auxquels le peuple a vu le jour. Ce sont les cosmogonies et les théogonies des premiers temps.

    Ces mythologies racontent les temps précédant l’Histoire. Chaque peuple est lié à ses dieux et ses héros. Lorsque les cités sont créées, elles servent de temples aux dieux. Le temple est un lieu de sacrifice. Il possède une tour symbolisant l’axe qui va des enfers au ciel, de l’empire des hommes mortels au séjour des dieux.

    Nous avons bien le pouvoir royal des guerriers et de l’administration lié à la caste des prêtres et puis, "en bas", l’immense classe des producteurs.

    La Bible, texte plutôt mythologique, situe le cadre de sa genèse dans un univers pastoral, à l’époque où les hommes, organisés en tribus, suivent les troupeaux. Les peuples ne sont pas encore sédentaires. Ces récits mythologiques narrent le drame hébreu et entrecroisent l’Histoire. Ces peuples sont nomades, ils n’ont pas la conscience d’une terre appropriée. Sauf que ces nomades cessent le nomadisme et entendent se fixer, passant ainsi à un niveau supérieur d’organisation sociale : appropriation du sol, sédentarisation, travail agricole, transformation de la tribu en familles.

    Le drame biblique est cette quête d’une terre, d’un sol, ce moment charnière entre nomadisme et sédentarisation. Il n’empêche que le peuple hébreu évolue dans un contexte géographique précis où cohabitent d’autres peuples très nettement sémitiques. Ils sont assez tôt le produit d’un vaste mélange entre les peuples de la région.

    Les biblistes laïques repèrent 2 genèses et 2 façons de nommer Dieu. Tout comme ils repèrent le contexte polythéiste de la Bible. Yahvé vit en concurrence avec d’autres dieux. Il n’est pas unique. Il ne l’est que pour le peuple élu. Ce qui relativise le monothéisme et de beaucoup.

    S’installant à Canaan, le peuple juif le fait parmi d’autres populations autochtones. Et encore qu’autochtones soit beaucoup dire. Dès sa création, Israël forme un peuple déjà composite, formés d’éléments sémitiques. Le judaïsme devient une religion parmi d’autres, certainement dominante mais pas unique.

    L’empire romain occupe le bassin méditerranéen et se fait le vecteur de la christianisation jusqu’à ce que l’Islam apparaisse et s’étende jusqu’en Chine, à l’est, et jusqu’au Maroc et l’Espagne, à l’Ouest.

    En 70 après JC, on comprend bien que les habitants d’Israël vaincu et détruit par les Romains ne choisissent tous pas la diaspora. Le peuple est pauvre comme partout, il n’a pas les moyens ni la capacité d’émigrer. Il reste sur place et subit les conquêtes des vainqueurs successifs, adoptant la religion dominante de chacune de ces époques.

    Ce qui est vrai d’Israël l’est de tous les peuples. L’Europe fut celtique, germanique, etc., et se retrouve largement romaine et chrétienne. Plus tard envahie par les "Barbares" lesquels finissent par diriger l’empire romain et par se convertir.

    Sommes-nous fondés, cependant, à revendiquer la nation gauloise ou le culte de Lug ?

    Eh bien, toutes proportions gardées, c’est ce que fait Israël. Et ces représentants de peuples européens qui ont migré en Israël.

    Et si ce bluff incroyable est rendu possible, c’est dû pour une très grande part au christianisme. C’est lui qui déclare le peuple juif déïcide et persécute à ce titre le culte judaïque.

    En fait, le drame juif et israélien est un drame strictement européen. La Palestine n’a rien à voir là-dedans. Durant 2 millénaires, l’humanité s’est raconté une vieille légende à propos de laquelle elle ne pouvait rien dire d’historique et de scientifique.

    Du coup, Israël est et ne peut qu’être un Etat religieux fonctionnant sur le rejet des non-juifs puisqu’ils ne sont pas du peuple élu.

    Démocratique, Israël ? C’est une contradiction dans les termes !