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Que retenir du 1er tour des cantonales ?

Publie le mercredi 23 mars 2011 par Open-Publishing

Tout d’abord, force est de constater que le parti des pêcheurs à la ligne sort grand
vainqueur de ces élections.

Sauf de considérer que de taquiner le goujon aurait des effets négatifs sur la santé
intellectuelle, mais pour l’instant les neurosciences ne l’ont pas prouvé, il faut
donc trouver des motivations aux 55, 68 % des abstentionnistes du premier tours des
cantonales, auxquels il faut ajouter les bulletins blancs ou nuls trouvés dans les
urnes.

Puisqu’il s’agit d’une élection, il n’y a pas grand risque à parier que les
motivations des abstentionnistes sont d’ordre politique et social. La preuve par la
Seine-Saint-Denis qui enregistre le taux d’abstention le plus élevé avec 67, 30 %,
un département populaire où hier, l’essentiel des voix se portait sur le vote
communiste, et où le taux de chômage est important.

Justement, à propos du Parti Communiste Français (PCF), il est tentant d’isoler son
score pour constater une baisse en pourcentage d’exprimés ainsi qu’une baisse en
pourcentage d’inscrits (3, 4 %) que vient compenser le score du Parti de gauche et
quelques NPA alliés. En fait, une stagnation par rapport aux dernières élections de
2008. Pour autant, on peut s’interroger sur la variabilité des situations
cantonales avec des accords qui divergent et comparer par exemple le niveau des voix
obtenues avec ou sans le NPA qui n’est pas un parti considéré de gouvernement ? A
noter que l’électorat du Front de gauche est fragile, un nombre important de ses
électeurs lui apportant des suffrages par défaut.

Sur l’abstention, on peut avancer quelques suppositions :

 Les élections se succèdent, mais c’est toujours la même politique qui est
appliquée et la situation sociale continue de se détériorer

 Lorsque le résultat d’un vote (référendum) ne plait pas aux plus riches
des possédants, les élus de la nation s’assoient dessus et se déconsidèrent.

 Les décisions qui s’appliquent en France sont décidées à Bruxelles par la
commission de l’Union européenne, les électeurs savent très bien qu’un conseil
général sera dépendant de ces décisions et qu’il ne pourra pas y changer
grand-chose, sauf, par un choix cornélien, d’attribuer des crédits qui s’amincissent
année après année, par exemple, plutôt à la prévention sanitaire qu’à la gestion des
routes, plutôt à l’aide aux personnes qu’à la protection de l’enfance.

 L’impression, trop souvent avérée, que dans l’égalité, pourtant inscrite
au fronton de nos maison du peuple (mairies), l’élu (e) se trouve plus égal que les
autres, notamment par le cumul des mandats et par le fait, au moins pendant son ou
ses mandats, qu’il se trouve protégé pour recevoir un pécule bien supérieur à la
moyenne nationale (exception faite des élus des petites collectivités et de la
plupart des élus municipaux). La fonction d’élu se trouve là encore déconsidérée.

 L’absence de la proportionnelle qui fait qu’un électeur potentiel sait
que son vote ne servira à rien s’il ne se reconnaît pas dans les candidats qui sont
présentés par les formations politiques de gouvernement. Des formations politiques
qui vont recueillir 10 % des exprimés peuvent avoir moins d’élus (voire aucun)
qu’une autre formation n’ayant obtenu que 5 %. La démocratie est bafouée.

 Enfin, une majorité partage le sentiment que ce n’est pas, ou que ce n’est
plus, des élections que peut venir son salut, et vraisemblablement la raison la plus
importante c’est qu’ elle ne trouve pas dans les choix des candidatures les
solutions qui répondent à ses exigences du moment. Elle se trouve devant un vide
politique.

Ces abstentionnistes se trouvent en disponibilité. Pour certains, ce sont les mêmes
qui participèrent aux grands mouvements sociaux de 2009 et 2010. Il tient à ce
qu’ils se rassemblent sur des bases claires de résistance sociale et d’un projet
anticapitaliste.

Pour des raisons politiciennes et diviser la droite, François Mitterrand, avait en
son temps favorisé l’apparition de Front National (FN). Aujourd’hui, à défaut de
proposer aux françaises et français une politique vraiment alternative au
capitalisme, ses successeurs instrumentalisent le FN afin de capter l’attention sur
un prétendu danger fasciste dont ils seraient le rempart.

La droite au pouvoir, ne voulant pas être en reste, prend des mesures autoritaires
et essaie d’avancer des thèmes nauséabonds pour essayer de récupérer les personnes
qui seraient sensibles aux idées du Front National et ainsi diviser pour continuer à
régner.

La gauche comme la droite et les grands médias qui les renforcent, en mettant le
Front National au centre de leurs préoccupations électorales ne font que faire de la
publicité à ce même FN.

C’est pain bénit pour le FN, cela lui permet toutes les démagogies et à son racisme
ordinaire d’ajouter et de dénoncer l’Union européenne, l’euro, la recherche des
profits, de proposer la relance des services publics et la production nationale et
ainsi . de diminuer l’impact carbone. Des questions au cour de la problématique du
présent et du futur que la plupart des autres formations empêtrées dans des
opérations politiciennes pour le pouvoir ou le nombre d’élus n’osent plus aborder de
front de peur de mécontenter les alliés politiques et de perdre des sièges.

De plus, Le FN, n’ayant jamais participé au pouvoir, profite du bénéfice du doute.
Peut-être pourrait-il être moins démagogique que ses concurrents, dire ce qu’il fait
et faire ce qu’il dit ? Pour beaucoup, il apparaît encore comme le parti qui « 
gueule » plus fort que les autres captant ainsi « le ras le bol » d’une partie de
l’opinion. Apparemment, c’est ce qui explique son 15 % d’exprimés, ce qui correspond
à un peu plus de 6 % des inscrits. Ce qui n’en fait pas l’épouvantail que l’on
voudrait nous faire croire.

Les filiations idéologiques de ce parti avec l’extrême droite raciste et xénophobe
passée, présente aujourd’hui dans d’autres pays, sont connues. Les résultats du FN
peuvent « tirer » vers une politique de plus en plus sécuritaire qui s’exercera au
détriment de la démocratie et des populations les plus fragilisées par la crise
capitaliste, contrairement aux partis de « gauche » de gouvernement, qui
s’inquiètent des conséquences sans jamais s’attaquer aux causes. Je pense que le
meilleur moyen d’en finir avec le FN, c’est bien de s’attaquer au régime capitaliste
pour l’abattre, de dénoncer les moyens qu’il s’est donné : Union européenne, Banque
Centrale Européenne (BCE), FMI, Banque mondiale, OTAN ; et pour la France changer
la constitution de façon de donner au peuple français le droit de disposer de
lui-même (ce n’est pas bon qu’en paroles et en Tunisie), en finir avec la fonction
présidentielle, créer de grands services publics autogérés avec garantie d’emploi,
faire se prononcer le peuple sur l’appropriation des grands moyens de production,
créer une indépendance monétaire, poser la question d’un nouveau partage des
richesses, décider pour les élus des mandats avec une part d’impératif pouvant
conduire à la révocabilité. Enfin pour les échanges de marchandises, favoriser la
proximité plutôt que l’éloignement chaque fois que cela se peut, notamment dans le
domaine agricole, partout gérer l’eau en régie publique et mettre l’industrie
énergétique sous le contrôle des citoyens. Favoriser la solidarité entre nations sur
la base de nouveaux accords. En bref, faire la révolution !

Fraternellement,