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« Gaza we are coming ! » Malgré un sabotage, la Flottille de la Liberté va prendre la mer

Publie le mardi 28 juin 2011 par Open-Publishing

Deux bateaux français vont bientôt voguer vers Gaza. Le Dignité/Al Karama et le Louise-Michel font partie de la flottille qui veut briser le blocus israélien, inhumain et illégal, qui asphyxie la bande de Gaza. Humanitaire, la Flottille de la Liberté milite également pour le respect du droit international. Menaces, pressions et sabotages ne viendront pas à bout de la volonté des activistes solidaires du peuple palestinien. Le député Jean-Paul Lecoq sera du voyage. Joint par téléphone à Athènes, il rappelle le sens de son engagement.

Quatre cents personnes de diverses sensibilités politiques représentant une vingtaine de pays (France, Italie, Irlande, Espagne, Canada, USA, Turquie...) seront présentes sur la dizaine de bateaux qui compose la Flottille de la Liberté. Les pacifistes navigueront vers Gaza pour apporter plusieurs centaines de tonnes de denrées et de matériels, médicaux notamment. Au-delà de l’aide humanitaire (symbolique au regard des besoins), la Flottille entend agir là ou les États et les instances internationales font faillite du fait de leur inertie, pour ne pas dire de leur complicité. « Nous faisons ce que la communauté internationale devrait faire », expliquent les initiateurs de cette action non-violente sans précédent qui, en quelques mois, juste pour la France, a réuni la coquette somme de 600 000 euros par le biais de collectes militantes.

Des Français (1) vont prendre place à bord du Louise-Michel et du Al Karama (Dignité en arabe) à partir d’Athènes. Un premier départ annoncé à Marseille avait été annulé pour des raisons de sécurité. Les forces israéliennes et les mouvements sionistes sont en effet sur les dents. Intox, calomnies et attaques foisonnent sur Internet. Entre plaintes farfelues et pressions politiques, tout est bon pour retarder le départ de la flottille. Le 26 juin, les journalistes étaient aussi menacés de dix ans d’interdiction de séjour en Israël s’ils montaient sur les bateaux. Les censeurs ont reculé suite aux protestations qui dénonçaient les atteintes à la liberté de la presse. Enfin, le 27 juin, un sabotage a été constaté sur l’hélice et l’arbre de transmission du Juliano (du nom d’un activiste israélien assassiné à Gaza en avril), un navire gréco-suédois de l’association Ship to Gaza.

En attendant le départ, Jean-Paul Lecoq, député-maire PCF, profite de sa présence à Athènes pour prendre la température sociale. Une grève générale de 48 heures frappe le pays pour protester contre les mesures d’austérité. « Certains manifestants ont des masques à gaz. Côté policier, les forces anti-émeutes sont équipées comme des soldats. Des deux côtés, ça ne rigole pas », constate l’élu communiste joint par téléphone au moment où il se dirigeait vers le Parlement grec. Des événements qui ne vont pas faciliter les réparations du cargo et qui s’ajoutent à la tension générale. « Pour éviter d’autres sabotages, nous dormons maintenant chacun notre tour sur les bateaux. Dans la journée, nous partageons les rôles et les consignes pour le voyage. Chacun sera occupé selon ses compétences. Moi, je vais veiller sur l’électricité et sur les facteurs de risques pour l’équipage. »

Sans cacher une incertaine impatience, le député-maire prend les choses du bon côté et rappelle le pourquoi de sa présence sur le Louise-Michel. « Il y a un temps pour les discours et un temps pour l’action. Quand on fait de la politique, il faut mettre ses actes en cohérence avec ses idées et tout faire pour rompre le mur de l’indifférence. » Membre de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, le député reste choqué par ce qu’il a vu lors d’une visite effectuée à Gaza, en février 2009, juste après l’insupportable opération Plomb durci menée par l’armée israélienne. « Je ne suis pas un inconscient, rassure Jean-Paul Lecoq. Je mesure les risques, mais je vois aussi les enjeux. Le monde arabe bouge. Il faut qu’Israël bouge aussi pour qu’une paix juste et durable puisse s’installer dans cette région du monde. »

Jean-Paul Lecoq a emporté son écharpe tricolore pour la mettre quand il sera face à l’armée israélienne en cas de confrontation. Il a également pris soin d’avertir Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, de sa présence sur un bateau de la flottille pacifiste. Enfin, le 17 juin, il a envoyé une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy pour lui expliquer sa démarche. « Je ne doute pas que vous aurez à cœur d’assurer la protection de vos compatriotes, ainsi que le respect du droit international, » écrit l’élu normand.

En attendant, le gouvernement israélien se dit toujours déterminé à stopper la Flottille de la Liberté. L’avertissement est pris au sérieux. En mai 2010, la première flottille avait été violemment interceptée dans les eaux internationales par la marine israélienne. Cet acte de piraterie a fait vingt-huit blessés et neuf morts sur un navire turc.

(1) Sauf changements, voici la liste des Français présents sur la Flottille de la Liberté 2011 : Julien Bayou (co-fondateur du collectif Jeudi Noir), Olivier Besancenot (NPA), Alain Bosc (Cimade), Annick Coupé (porte-parole et déléguée générale de l’Union Syndicale Solidaires), Ismahane Chouder (Participation et Spiritualité Musulmane), Jean-François Courbe (département international de la CGT), Nabil Ennasri (président du Collectif des Musulmans de France), Raymond Fabrègues (Coalition contre Agrexco et Confédération paysanne), Patrice Finel (Parti de Gauche), Georges Gumpel (membre du bureau national de l’UJFP et représentant de l’EJJP), Nicole Kill Nielsen (députée européenne EE-LV), Claude Léostic (vice présidente de l’AFPS), Jean-Paul Lecoq (député-maire PCF de Gonfreville l’Orcher), Catherine Lecoq (Mouvement de la Paix et le Collectif 13 Un bateau pour Gaza), Jo le Guen (navigateur), Yamin Makri (Collectif 69 de soutien au peuple palestinien), Oussama Mouftah (Collectif 59 Palestine), Marie Jo Parbot (auteur de BD), Eugène Riguidel (navigateur), Thomas Sommer (CCIPPP), Henri Stoll (Collectif Palestine 68).

Le navigateur Jo Le Guen fait visiter le Louise-Michel avant le départ de la Flottille de la Liberté. Une embarcation qui n’a vraiment rien d’un navire de guerre !

Illustration : Jean-Paul Lecoq, au centre, en compagnie de Serge Grossvak, militant de l’Union juive des Français pour la Paix, et d’un militant du collectif havrais Un Bateau pour Gaza, lors d’une soirée de solidarité à Gonfreville l’Orcher (photo Paco).

PACO sur Le Post

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