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Maudits Bleus

par red1917

Publie le samedi 30 juillet 2011 par red1917 - Open-Publishing
2 commentaires

Il vaut mieux regarder le soleil quand y s’couche
En effet, sinon nos yeux piquent après.

En juillet 1995, On a vécu la grande paranoïa des attentats artisanaux algériens qui ont provoqués plusieurs dizaines de morts, et donné le signal pour la surenchère sécuritaire UMP qu’on subit toujours maintenant.

Le 25 juillet 1995, vers 17 heures. La bouteille de gaz remplie de clous explose dans un wagon de la ligne B du RER, à la station Saint-Michel, faisant 8 morts et plus de 100 blessés.

Plusieurs ont suivi. Au 20eme siècle Ben Laden s’écrivait GIA en France. Un peu avant les USA, le téléspectateur français a connu les joies de la chasse à l’homme à l’heure du prime-time.

Un grand show médiatique (avec déjà TF1 comme fer de lance) a transformé progressivement un drame humain (ces malheureux travailleurs qui revenaient dans leurs banlieues après le boulot) en guerre interne contre le nouvel ennemi ; l’islamiste infiltré.

Ce jour là vers cette heure j’étais dans le RER C qui se dirigeait vers l’interconnexion avec St-Michel.
Ma rame s’est arrêtée à Javel pour cause « d’incident voyageur grave », c’est pour cela que je me souviens de cette date non pas comme un titre dans le journal mais comme un jour dans ma vie.

Le lendemain, comme tout couillon, au lieu de m’interroger sur le danger de la propagation de la religion musulmane, je me suis dis : « Putain le bol, à 5 stations près j’étais mort ! ».

Couillon !

Le seul souvenir qui me reste, c’est la balade à pied de Javel à St Michel, avec tous les autres naufragés du RER C, qui se disaient, comme moi, encore un qui s’est jeté sous la rame.

Je n’ai jamais relié l’islam a la pulsion de mort, ni hier ni ce jour là ni maintenant.

Cela allait finir par la mise à mort scénarisée de Khaled Kelkal le 29 septembre 95, désigné ennemi publique numéro 1, mise à mort légale attendue et saluée comme le châtiment juste d’un crime injustifiable, un crime venant d’Algérie, crime suprême.

Moi je ne voyais pas des héros du GIGN qui rétablissaient l’ordre pacifique chiraquien dans notre douce France, je voyais seulement un jeune idiot qui avait bousillé la vie de ses semblables, certainement téléguidé par des ordures intouchables, au nom de quoi déjà ?

Au nom de la guerre civile qui avait lieu en Algérie, et qui avait déjà tué des centaines (ou milliers ?) d’algériens, tous aussi innocents et impuissants que les banlieusards du RER C, et ne comprenant pas non plus ces enjeux politiques qui autorisaient le meurtre, qu’il soit légal UMP, FLN ou révolutionnaire islamiste.

J’ai raté d’un quart d’heure en gros une bombe destinée à se venger d’un régime algérien, qui a été mis au pouvoir à la suite d’une guerre gagnée contre la France, et à laquelle mon père avait participé comme appelé du contingent.
Mais je risquais rien car j’étais sur la partie C du RER qui passait à St Michel (en fait).
Même en « presque rescapé d’un attentat », je ne fais pas sérieux.

L’automne suivant, le nombre de flics et militaires au mètre carré a dramatiquement augmenté dans les stations de métro comme chatelet-les-halles, rendant le trafic à l’heure de pointe encore plus pénible que d’habitude.

TF1 disait qu’on était rassuré de tout ce cirque. Connerie.

D’ailleurs, à voir comment ces types en kaki nous regardaient, je me demandais si on n’étaient pas tous un peu coupables dans cette histoire d’attentat.

En tout cas, je n’ai jamais vu un usager aller discuter pour se marrer avec un de ces mecs qui avaient son machin (famas ?) en bandoulière.

En effet, le sens de l’humour d’un militaire décroit proportionnellement à la concentration de ses congénères dans un lieu fermé.

On a comprit une chose, en automne 95 : Fini de rire, la droite allait reprendre tout çà en main, avec de l’ordre, de la discipline, et en triant le bon arabe encarté à l’UMP du mauvais musulman qui ne dis pas « bonjour maîtresse » à Valérie Pécresse.

Je crois qu’on a payé très cher le droit de ne pas mourir planté de clous à cause d’une bouteille de gaz de camping.

J’ai bien peur pour les norvégiens qu’ils apprennent à connaître aussi le bruit des bottes à clous.

A partir de cette date, c’est le début de la tolérance zéro pour tout et n’importe quoi.
L’humour a cessé d’être de gauche et on a été obligé d’oublier la gentillesse brutale de Coluche, remplacée par la vulgarité polie de Bigard.

La traîtrise aussi a changé de camp.
Besson a mis le costume de Sarkozy, avec en plus une tronche de cake.

Mais le temps passe, et maintenant Google a remplacé la télécommande de la télé, mais avec le même résultat : on tombe toujours sur du TF1 ou assimilé en première position.
Les terroristes sont blonds désormais, mais ils veulent toujours la même chose.
Que les petits s’écrasent devant leurs idées.

Sinon ils écrasent, ils égalisent selon leur idée de l’égalité : la normalisation.
Quelqu’un de chez-nous est-il capable de cela ?, tremble le bourgeois de souche …
Comble du racisme petit bourgeois ! Ne même pas pouvoir envisager que la monstruosité soit possible parmi les siens.

Évidemment, c’est possible, l’OAS ça te dit rien ? Le Ku Klux Klan ? Les catholiques français qui font péter un cinéma qui passe la dernière tentation du christ ?
Taper sur les plus faibles, c’est pas une idée tombée du nid, tu sais.

Un pauvre type est abattu par un flic qui lui tire dans le dos à la sortie d’un supermarché où il avait emprunter un truc, au nom de la loi sacrée de la propriété privée.

Dans cette échelle de valeur, quelle est la peine prévue pour un tueur à répétition qui assassine au hasard des inconnus dans une foule ?

Devra-t-il boire les larmes des familles ?

Ce norvégien au regard bleu glacial, avec cette intelligence perverse qui l’a poussé à pondre un pavé de 1500 pages, dont il savait qu’un bataillon de fonctionnaires seraient ensuite obligés d’en lire chaque ligne pour trouver une trace de logique dans son raisonnement, pense avoir transformé la réalité avec un acte produit par sa logique interne.

Si nous obéissions à la logique pour agir, nous nous enfermerions à vie dans un caisson à oxygène pour retarder l’échéance de notre mort.

La quasi totalité de nos actes sont illogiques.

Laissons la logique à Monsieur Boole, elle est efficace notamment pour tisser des vêtements très rapidement.

Le cerveau du tueur est rempli de barbelés.

Alors il souhaite que le monde entier, dans un état martial permanent, vive cerné de murs hérissés de barbelés, afin de se protéger des assauts furieux d’individus comme lui.

Et il voudrait être exemplaire !

Mais pour qui il se prend, ce nain blond ?
Pour un pied qui écrase des fourmis ?
Mais Monsieur, une fourmi rouge est plus intelligente qu’un pied, l’avez-vous seulement compris lorsque vous fomentiez patiemment votre attentat ?

Par ailleurs, il n’est sans doute même pas néo-nazi.
Je ne me souviens pas qu’Hitler ait jamais fait l’apologie de l’action directe individuelle dans Mein Kampf, il voulait que cela soit fait en meute.
Je parierais plutôt que c’est un amateur de ces séries américaines débiles, où tout se règle à coup de fusils mitrailleurs et d’explosions spectaculaires.

Sympathisant fasciste, sans doute, sa passion pour l’uniforme et l’appartenance à des ordres secrets est un signe. Qu’il ait été éjecté d’un parti nationaliste ne signifie pas forcément qu’il était trop raciste pour ce parti, mais qu’il avait compris que le temps serait long avant d’avoir le droit de tuer, de pouvoir recevoir l’ordre de tuer, ce Graal fasciste.
Pourquoi tuer ce qui est étrange à notre culture, alors que la génétique montre que la monoculture est un suicide au sens écologique du terme.

La vie, c’est la diversité et le tumulte furieux qui nous dépasse.
Les fascistes détestent ce qui dépasse, comme le bonheur, la folie furieuse d’aimer.
Ils croient que le bonheur n’est accessible qu’à une poignée d’élus sur-humains, isolés sur une île idéale.
C’est pour ça qu’ils sont anti-communistes.
Car nous, nous souhaitons des ponts entre les îles pour cherche le bonheur ailleurs.

Le bonheur existe-t-il ?
Je n’ai pas de réponse à cette bonne question, camarades.

Mais écoutez le paradoxe de ZENON :

Petit cours de math : zenon et son paradoxe, analyse marxiste
L’idée est que la révolution est possible si on accepte d’être une partie invisible mais active.

Le pauvre Achille ne rattrape pas la tortue, car il n’est pas communiste, encore moins anar.
Il refuse que l’infini petit soit aussi l’infiniment grand.
En se bornant à définir l’espace comme des quantités insécables, on bute sur la carapace blindée de la tortue.
Alors le bonheur, on ne sait pas s’il existe, mais rien ne nous empêche de le chercher collectivement.
Dans tous les cas, c’est pas en restant derrière le capitalisme qu’on progressera.

AOUT, cinq lettres tous les ans.
Absence. Oubli. Usager. Torpeur.
Ceux qui sont contents en août, c’est les maudits bleus.
Ceux du genre qui donnent des notes aux banques.
Il faut savoir que chez ces gens là, on ne voyage pas, monsieur, on norme.
Tout doit être normal, la dette, le PIB, le capitalisme, le chômage, la misère, la guerre.
Quand quelque chose dépasse, par exemple une mèche de cheveux grecque, alors là le bleu se fâche et il punit.
Il aplatit , et comme en août tout est plat, il est content le bleu, on s’écrase, ou alors paf quelque chose nous tombe sur la gueule.
Les embouteillages sont normaux, comme la pollution des mers, comme les villes abandonnées aux pauvres, comme la guerre de l’autre côté de la mer, sauf que c’est les vacances, et donc on se couche et on regarde google dans le sable.
On est normé.
Dans les temps heureux, les normalisateurs auraient voulus des arbres qui dépassent pas, des fleurs qui fleurissent selon des critères algébriques, des animaux sans griffes et des singes qui savent porter une cravate.
On les aurait attaché avec une corde le temps qu’ils se calment.
Faites pas les cons, apprentis poseurs de bombes, les châteaux de sables aiment sincèrement leur patrie et prient l’ange Gabriel tous les matins avant de danser le cha-cha-cha.
Ne donnez pas l’idée au bleus de sécuriser les quelques mètres carrés qui nous restent pour pas devenir définitivement dingues.

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