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La « liberté » imposée au peuple libyen ne peut être celle de la charia

par Le MRAP

Publie le jeudi 27 octobre 2011 par Le MRAP - Open-Publishing
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Le MRAP avait, le 10 décembre 2007, condamné l’accueil réservé par
Nicolas Sarkozy au Président Khadhafi comme « une véritable provocation
envers tous ceux pour qui…[les] droits [de l’homme] sont inaliénables ».
Dès le début des manifestations de 2011 contre le régime de M. Khadhafi,
il avait exprimé sa solidarité avec le peuple libyen et son
indignation face à la « répression barbare contre une foule désarmée
qui ne fait que réclamer son droit à la dignité. »

Le 3 mars 2011, le Mrap avait condamné toute intervention étrangère,
estimant que même sous le couvert de l’ONU, elle « n’apporterait pas la
démocratie mais le chaos, que c’est au peuple libyen et à lui seul qu’il
appartient de décider librement de son avenir. ».

Après l’adoption, le 17 mars dans la nuit, par le Conseil de sécurité
de l’ONU, de la résolution 1973, permettant, sous certaines conditions
la création d’une « zone d’exclusion aérienne » en vue de « protéger les
populations et les zones civiles menacées d’attaque », ainsi que
l’application de l’embargo sur les armes et le gel des avoirs, le
MRAP avait exprimé son inquiétude face à toute intervention qui
risquerait de ne pas se limiter à la stricte protection des populations
civiles, rappelant que les changements ne sauraient être imposés de
l’extérieur par des interventions militaires étrangères.

Le 30 mars, dans un appel unitaire, le MRAP avait renouvelé
son inquiétude face à l’escalade militaire et réclamé « l’arrêt des
bombardements et le retrait de l’OTAN, l’engagement d’initiatives
politiques pour l’établissement d’un cessez-le-feu multilatéral. »

La suite devait hélas lui donner raison. L’intervention de l’OTAN est
sortie du cadre d’une stricte protection des populations civiles et
s’est mise, comme en Irak et en Afghanistan, au service des intérêts
politico-économiques des puissances essentiellement occidentales. La
mission de protection n’a pas été remplie puisque les gouvernements
concernés sont restés muets devant les exactions commises à l’encontre
des populations noires de Libye - pour beaucoup migrants d’Afrique
subsaharienne - accusées d’être « des mercenaires » à la solde de
Kadhafi. Les bombardements incessants de l’OTAN ont à leur tour entraîné
la destruction et la mort de milliers de civils.

Comme le déclare Francis Perrin, vice Président d’Amnesty
International, « pour une construire une nouvelle Lybie, il faut que les
nouvelles autorités montrent qu’elles sont prêtes à rompre avec les
pratiques d’un régime qui a commis de nombreuses violations des droits
de l’Homme ». Or, hélas, les derniers événements ne peuvent que
confirmer notre inquiétude. Les crimes commis par Kadhafi ne sauraient
en aucun cas justifier son probable lynchage, encore moins les
exécutions sommaires de soldats. L’exécution d’un prisonnier de guerre –
fût-il Muammar Khadafi - est, au regard du droit international, un
crime de guerre, dénoncé par des organisations internationales de
défense des droits de l’homme.

A peine annoncée la « libération » du pays, le président du Conseil
National de Transition - Moustapha Abdeljalil - a donné un aperçu de ce
qu’il entendait par « liberté » en annonçant à Bengazi qu’ « En tant
que pays islamique nous avons adopté la charia comme loi essentielle et
toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue »,
citant clairement en exemple la loi sur le divorce et le mariage, même
si le régime déchu avait réglementé et non interdit la polygamie.

Une telle annonce comporte de graves menaces pour les droits des femmes
en particulier. Le MRAP dénonce cette grave décision : la charia ne
saurait conduire à « la liberté » quand bien même elle
serait voulue par une partie du peuple libyen.

Ces déclarations avaient provoqué la colère, d’Othman Bensassi, membre
du CNT en tant que représentant de la ville de Zouara qui a déclaré le
25 octobre sur les ondes de RFI que ce point de vue était tout
simplement celui du président et en aucun cas le sien ni le « point de
vue de la majorité du CNT » . Le MRAP veut y voir le gage qu’une telle
décision reste loin de la réalité.

Le peuple libyen, déchiré par une guerre meurtrière, après 40 ans d’une
dictature sanglante, a droit à la démocratie, au respect de ses droits
fondamentaux, et à l’expression du suffrage universel - sans pression
et avec un véritable débat - ainsi qu’à l’échange d’idées et de
propositions d’alternatives. Il a également droit à la souveraineté .
C’est pourquoi le MRAP appelle à un désengagement immédiat et total de
toutes les forces de l’OTAN.

Paris, le 26 octobre 2011

Messages

  • Le peuple libyen n’a jamais demandé à qui que soit d’intervenir. le but dès le départ de cette ignoble agression était bien l’assassinat de Kadhafi et la destruction du pays pour le transformer en zone de guerre et de pillage. Le CNT est une création de l’OTAN et l’objectif était fixé depuis longtemps.

    Au lieu de débattre sur ce qu’on doit faire ou ce qu’il faudrait faire mantenant que notre pays la France s’est livré à crime de guerre, crime contre l’humanité, assassinat d’un chef d’état d’une nation souveraine, c’est de mettre en accusation les responsables.

    Ces crimes ne sont pas ceux des français, mais ceux des dirigeants avec l’aide des médias baillonnés et instrumentalisés (propagande délirante et abrutissante).

    Le problème de notre impuissance politique en tant que peuple est plus profond.
    Oui nous devons en tant que peuple souverain mettre fin aux dérives d’une dictature euro-atlantiste qui s’exerce sur les peuples européens donc la France, à cause du carcan de l’union européenne. C’est essentiel et urgent.

    Réveillons nous, nous avons perdu l’exercice de notre souveraineté nationale et politiquement nous sommes complètement impuissants au sein de cette Europe néolibérale en tant que peuple.
    La même chose pour la souveraineté monetaire, notre pays doit annuler ce qu’a fait Pompidou et nous devons nous réapproprier notre monnaie, et annuler cette dette purement et simplement qui est fictive.

    Tout le reste est blablabla.

    Mettons-nous debout et vivons comme un peuple libre. Ayons le courage de dénoncer ces crimes de nos dirigeants contre les peuples africains, c’est en France que nous Français devons faire le ménage, avant de pouvoir donner des leçons aux autres.