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Licencié pour avoir dénoncé une agression sexuelle

par LAURENT MAURON

Publie le jeudi 29 décembre 2011 par LAURENT MAURON - Open-Publishing
6 commentaires

Chargé de transporter des handicapés jusqu’à un institut médico-éducatif, Raymond a été licencié. On lui reproche d’avoir alerté les parents d’une adolescente victime, sous ses yeux, d’une agression sexuelle.

« Je ne comprends pas ce qui m’arrive. On me renvoie parce que j’ai dénoncé une agression sexuelle. C’est pas normal », lâche Raymond Dupros. Cet habitant de Sartrouville a reçu une lettre de licenciement de son employeur, GM Services, une société chargée du transport d’enfants handicapés entre leur domicile et Notre Ecole, un institut médico-éducatif (IME) de Carrières-sous-Poissy accueillant de jeunes autistes.

Embauché en 2010 comme chauffeur, Raymond hérite en septembre de cette ligne qui le mène, matin et soir, à effectuer des trajets au volant d’une camionnette de 9 places.

« La première semaine, Patrick* est absent, mais l’accompagnatrice me prévient qu’il va y avoir des problèmes avec lui, qu’il s’adonne à des attouchements sur les petites filles ou se déshabille devant elles et que tout le monde est au courant. Je lui ai immédiatement dit que je ne le supporterais pas, même si je n’ai rien contre ce gamin qui est avant tout handicapé », raconte Raymond. Les faits se confirment dès que Patrick, un grand gaillard de 19 ans, arrive.

Le 29 septembre, lors d’une réunion de travail, Raymond alerte la hiérarchie de son entreprise. « J’ai proposé qu’il soit isolé. Personne ne m’a écouté. On a préféré enterrer le sujet », reprend l’infortuné chauffeur. Le 3 octobre à Maisons-Laffitte, l’accompagnatrice, qui veille sur Patrick en le maintenant à distance des autres enfants dans la voiture, descend pour aider le père d’une pensionnaire à transporter une valise.

Arrivé au véhicule, ce père est témoin direct d’attouchements que pratique Patrick sur Marie*, une adolescente de 13 ans. Le convoi repart, mais le père demande aussitôt des explications à l’école par téléphone. Raymond prend la liberté d’avertir les parents de Marie.

Quinze jours passent. L’accompagnatrice est mise à pied, Patrick subitement éloigné du bus. Le 27 octobre, Raymond est convoqué pour un entretien préalable qui se déroulera le 8 novembre. Il se voit privé des clés et renvoyé sur-le-champ pour une « faute réelle et sérieuse ». Dans un courrier du 22 novembre, l’employeur précise qu’il a « outrepassé » sa fonction de chauffeur, que sa présence « nuit au bon fonctionnement » de l’entreprise. « Vous n’aviez pas à alerter les parents sans notre autorisation », lui écrit GM Services, qui le dispense de tout préavis.

* Les prénoms ont été modifiés.

http://www.leparisien.fr/yvelines-78/licencie-pour-avoir-denonce-une-agression-sexuelle-29-12-2011-1787745.php

Messages

  • Maurice n’a fait que respecter la loi et c’est son employeur qui a commis une faute grave. Les parents de Marie devraient porter plainte contre ce dernier et Maurice devrait écrire à l’inspecteur du travail du secteur de son entreprise, pour lui exposer l’affaire en joignant à son courrier tous les documents en sa possession (lettre de licenciement, tous les témoignages écrits qu’il pourra recueillir). Celui-ci devrait lui expliquer la marche à suivre pour obtenir réparation, voire sa réintégration (le directeur devrait faire l’objet de poursuites au pénal et être viré).

  • Analyse partagée .

    Reste la plainte éventuelle des parents de la jeune fille , pour appuyer Raymond

    Raymond devrait aussi passer au commissariat pour inscrire au moins sur la main courante les faits dont il a été témoin , mieux :
    passer au parquet de Versailles pour déposer plainte , contre X avec un maximun de précisions
    Car si les parents n’agissent pas , peut être de crainte de voir leur enfant "renvoyée " de l’institution (par chantage ou représailles de la Direction) Raymond se trouvrera seul et dans ce cas il doit saisir le parquet qui est juge de l’opportunité des poursuites à l’encontre des auteurs et présumés complices ( l’employeur).

  • Avant de commence de déposer plaint ou main courent la première chose a faire est de prendre un bon avocat... et si est difficile de le trouver... essaie de nous contacte ;-)

    Bellaciao

  • D’un stricte point de vue juridique.

    Il me semble que déjà il y a un problème avec la qualification du motif puisque l’employeur parle de "faute réelle et sérieuse" mais "dispense de préavis" (en quel sens ?) donc faute grave ou lourde a priori (à moins que le préavis soit payé mais que l’employé soit dispensé de l’effectuer, donc, que le journaliste se soit mal exprimé, ce qui est autre chose).

    Dans tous les cas, le cadre général fixé par l’employeur est celui de la faute. Existe-t-elle en l’espèce ou pas au regard du droit du travail ? Ca va être la difficulté.

    Il est possible que ce chauffeur s’en sorte correctement au CPH (mais il aura malgré tout perdu son emploi et de nos jours c’est un sacré préjudice, surtout si on a plus de 45 ans....qui n’est malheureusement pas compensé à sa juste valeur....) ce n’est toutefois pas certain (je ne connais pas le dossier ni les arguments que l’employeur avancera....)

    A vue de nez, il risque d’y avoir ici plusieurs difficultés d’ordres différents , la confrontation entre la subordination et le droit pénal notamment, est souvent houleuse, en fonction de ce qui est reproché au chauffeur...

    Affaire à suivre ...j’espère que le chauffeur a un bon avocat et je lui souhaite bonne chance...le droit (notamment le droit du travail) et une forme de morale "commune" ne vont pas toujours ensemble, loin s’en faut :-(

    • D’un strict point de vue juridique, Maurice a respecté la loi, son employeur l’a transgressée. Donc Maurice est défendable. Ce n’est pas à lui de porter plainte au pénal : il n’est pas la victime des atouchements, ni son représentant légal. Il peut par contre adresser au procureur du tribunal compétent, un signalement de ce dont il a été témoin.
      Il est, pour sa part, victime d’un employeur incompétent ; c’est pourquoi je pense qu’il doit d’abord prendre contact avec l’inspecteur du travail : il y en a de très bien qui sont capables d’intervenir à bon escient dans ce genre d’affaire et de donner des conseils utiles. S’il tombe sur un moins bien, alors il a intérêt à prendre un avocat, mais c’est aux prud’hommes qu’il doit adresser sa plainte.

  • ouais... et bien cela me rappelle une très mauvaise expérience dans le milieu des handicapés mentaux et je me demande bien si c’est pas partout pareil..
    Il y a 6 ans j’ai postulé à un poste d’animatrice pour handicapés mentaux lors d’une colonie en aout. Les âges étaient mélangés, jeunes et vieux, handicaps lourds et légers tous ensemble..
    Dans une chambre il y avait 2 jeunes de 19 ans handicapés légers avec des lourds qui avait entre 40 et 45 ans...
    Seulement le 3 ème soir, notre directrice nous annonce que l’un des handicapés lourds de la chambre était un pédophile.... mais qu’il ne fallait pas le changer de chambre avec les deux jeunes et que ça irait....
    Il y a eu des attouchements sans qu’il soit inquiété et au bout d’une semaine les gendarmes ont appelé la ferme péda ou nous étions (il y avait donc autour de nous pleins d’enfants) pour dire au gérant "vous savez que dans le groupe il y a un pédophile en cours de jugement ?" nous n’étions même pas au courant, le foyer n’ayant pas jugé utile de le mettre dans son dossier.. nous avions donc deux pédophiles dont un vraiment dangereux qu’il fallait surveiller sans arrêt pendant 3 semaines... les animatrices nous voulions le renvoyer au foyer pour la sécurité des enfants extérieurs et de notre groupe mais la directrice n’a rien voulu savoir... je précise que lors de ce genre de séjours les animateurs n’ont pas forcément d’expérience ni d’études liés au handicap mental ( ce qui était mon cas, je le faisais seulement à titre d’expérience personnelle) Et si l’on m’avait prévenu au recrutement qu’il y avait deux pédophiles je n’y serais jamais allé, ces personnes doivent être encadrés par de vrais professionnels et en dehors d’un public d’enfants !!! La seule chose que nous avons pu faire avec une animatrice c’est le menacer et lui faire peur pour qu’il nous craigne et se tienne à carreau... mais je peux vous dire que nous n’étions pas tranquille ni pour nous ni pour les enfants alentour... inadmissible !