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Dix millions de mal-logés en France, du jamais vu

par Paris

Publie le vendredi 10 février 2012 par Paris - Open-Publishing
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Le 17e rapport sur le mal logement en France est un véritable « cri d’alarme » lancé, hier à Paris, par la Fondation Abbé Pierre. Près de 10 millions de personnes subissent, à différents degrés, la crise du logement qui ne fait qu’empirer.

Plus de 65 millions d’habitants en France et 10 millions de mal logés. C’est le chiffre effarant avancé dans le dernier rapport annuel - le 17e - sur la crise du logement de la Fondation Abbé Pierre présenté hier à Paris devant 2 800 invités. En près de vingt ans, la situation n’a fait qu’empirer. « Le logement est devenu une vraie machine à exclure et à produire des inégalités », résume Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation. Le sujet est devenu tellement préoccupant qu’Éric Cantona, ex-footballeur star et désormais comédien, souhaite même en faire une cause nationale. « Canto », qui avait déjà créé un « buzz » inattendu fin 2010 en lançant sans prévenir un appel à retirer l’argent des banques, cherche à obtenir 500 signatures de maires pour le contrat social lancé par la Fondation qui a décidé de « faire du logement la priorité de la présidentielle ».

« Éric Cantona ne cherche pas des signatures pour se présenter à la présidentielle, mais pour le contrat social lancé par la Fondation », a précisé hier par téléphone Joachim Soares, directeur de l’action territoriale à la Fondation.

Le « contrat social » en quatre axes proposé aux candidats à la présidentielle imposerait de produire environ 500 000 logements par an, dont au moins 150 000 logements sociaux.
« Le phénomène a pris une telle ampleur »

Le logement, grande cause nationale ? Selon la Fondation, les difficultés concernent plus que les 700 000 personnes dépourvues de logement personnel (dont 133 000 sans domicile fixe selon l’Insee) : « 3,6 millions de personnes ne sont pas du tout ou très mal logées, et plus de 5 millions de personnes supplémentaires sont en situation de réelle fragilité de logement à court ou moyen terme. »

Fait nouveau depuis le début de la crise économique en 2008, « la situation est particulièrement dramatique pour les ménages les plus modestes, isolés, jeunes en difficulté d’insertion, femmes seules avec enfants avec des faibles revenus mais elle est aussi devenue complexe pour de très nombreux ménages qui sont pourtant insérés socialement et économiquement ». « On était loin de penser, il y a dix-sept ans, à l’époque du premier rapport, que le phénomène aurait pris une telle ampleur et qu’il touche désormais toutes les couches de la société, y compris les classes moyennes », explique Joachim Soares. Du coup, les ménages s’adaptent au prix de « renoncements importants » et en recourant à des mécanismes de solidarité qui « ne tiendront qu’un temps », souligne Christophe Robert. « La ligne générale des politiques a été de soutenir de façon inconsidérée les marchés immobiliers », explique pour sa part Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation, selon qui « il manque entre 700 000 et 800 000 logements en France ». À bon entendeur.
Ce que proposent les candidats

La crise du logement va-t-elle s’imposer dans la campagne électorale ? Au regard des chiffres inquiétants du mal logement, la Fondation Abbé Pierre propose désormais aux candidats un « contrat social » sur le modèle du « pacte écologique » de 2007.

Le président de la République était invité, hier par la Fondation, mais il s’est fait représenter par son conseiller spécial Henri Guaino. Le Président, qui n’est toujours pas officiellement candidat, a toutefois proposé que « tout terrain, toute maison, tout immeuble verra sa possibilité de construction augmenter de 30 %.

Le candidat socialiste François Hollande, outre l’encadrement des loyers dans les « zones de tension » dès la première location ou relocation, s’engage à construire durant cinq ans 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants (dont 150 000 logements très sociaux avec le doublement du plafond du Livret A).

Pour sa part, François Bayrou, candidat du MoDem, est favorable à la mise en place d’une mutuelle garantie par l’État pour couvrir les risques d’impayés, ainsi qu’à la tenue d’une conférence nationale du logement région par région. Il prône également la création d’un « observatoire des loyers », afin d’éviter les dérives.

La candidate d’Europe Ecologie-les Verts Eva Joly souhaite construire 500 000 logements par an, dont 160 000 sociaux et augmenter le seuil de la SRU à 25 %. Enfin, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, défend la construction de 200 000 logements par an, la réquisition des logements vides et l’arrêt des expulsions locatives.
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Le chiffre : 5 00 000

logements> par an. Le « contrat social » en quatre axes proposé aux candidats à la présidentielle imposerait de produire environ 500 000 logements par an, dont au moins 150 000 logements sociaux. Hier, François Hollande (PS), François Bayrou (MoDem), Eva Joly (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) ont fait leurs propositions.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/02/02/1275933-dix-millions-de-mal-loges-en-france-du-jamais-vu.html

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