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Du grand entretien de Mediapart avec M. Mélenchon

par arnold

Publie le dimanche 25 mars 2012 par arnold - Open-Publishing
5 commentaires

Par Yvan Najiels

Le regretté Gilles Deleuze a dit quelque part qu’à chaque campagne électorale, le niveau de la connerie montait. Celle de 2012, semble-t-il, n’échappe à la règle, tant s’en faut. La connerie cette année se sera notamment illustrée par la polémique autour de la viande halal mais le drame de telles billevesées, c’est qu’elles peuvent se transformer en lois persécutoires.
Mediapart, dans tout cela, fait assez bien son travail, il faut le dire et il semble que la longue interview de Jean-Luc Mélenchon gagnerait - mais pas spécialement pour lui... - à être diffusée, partagée, connue. Les réactions aussi de certains lecteurs sont édifiantes dans leur colère face à Edwy Plenel qui a osé parlé de François Mitterrand, saint homme de la gauche et unique président "socialiste" d’une Ve République qu’il a refusé d’enterrer ("les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent", disait jadis Pasqua) après l’avoir pourtant dénoncée...

La mélenchonomania qui saisit "le peuple de gauche" n’est pas pour rassurer et ce sentiment est accentué par les commentaires qui disent clairement qu’il est inutile de parler de Mitterrand. Ce refus, du reste, illustre une dimension tragique du registre électoral. On pourrait dire, en prolongeant La Rochefoucauld, que le soleil, ni la mort, ni l’inertie globale du monde ne se peuvent regarder fixement. L’illusion électorale est une douceur sucrée sans lendemain mais qui, les quelques mois qu’elle dure, nous berce langoureusement. Il n’y aura rien - ou si peu - d’un strict point de vue électoral mais on y a cru et cette illusion lyrique de supermarché parlementaire rend plus douces nos rudes existences.

Pour autant, à l’injonction parlementaire "Votez !", il est faible de répondre par son inverse "Ne votez jamais !". Tout dépend des situations et s’il apparaît évident qu’il fallait participer au référendum de 2005 contre le carcan libéral du TCE, les élections post-Mai 1968 ou post-Révolution tunisienne furent clairement des opérations réactionnaires destinées à liquider le fond de l’air rouge ou, pour la Tunisie, la révolution en marche.

S’agissant de l’élection de cette année, élection antidémocratique s’il en est car nous collant une camisole de force pour 5 ans, il est assez ahurissant que cette question soit sous le boisseau. Il en va de même pour le vote Mélenchon. Est-on obligé de voter pour un homme qui veut incarner "l’autre gauche" (serpent de mer parlementaire, cela aussi...), qui fut sénateur PS à 35 ans, mitterrandolâtre ne doutant jamais de la grandeur de son mentor et jospiniste de choc dans un gouvernement qui comptait le flic Chevènement et le poujadiste Claude Allègre ? Tout cela n’est pas de l’ordre du détail, ni de l’histoire ou, en tout cas, d’une histoire close. Le mitterrandisme n’est pas une chose ancienne, définitivement derrière nous. Nombre de plaies de ce pays en viennent directement : l’invisibilité des ouvriers (spécialement s’ils sont étrangers), la laïcité belliqueuse qui proscrit les musulmans de ce pays, l’argent-roi qui désormais est le seul critère d’études réussies, la conversion de la France au capitalisme financier le plus vil, l’atlantisme assumé... En cela, Edwy Plenel a eu raison d’interroger Jean-Luc Mélenchon sur le mitterrandisme car ce point est tout sauf un détail et rester fidèle à cette période de désorientation et de corruption politiques ne dit rien qui vaille. Enfin, la fidélité à un homme qui n’avait d’autre principe que sa réussite politique personnelle est plus que déconcertante... Qu’est-ce qui garantit, en effet, que M. Mélenchon me mettra pas ses pas dans ceux de son Tonton ? Entre Saint-Just et Mitterrand, il va falloir choisir !

Le premier signe de cette éventualité est la justification que le co-président du PG donne à la rigueur. Celle-ci fut obligée, due à circonstances imprévues et extérieures... Qu’est-ce qui aujourd’hui assure que de telles circonstances ne se reproduiront pas ? Mystère. Et ce n’est pas la "révolution citoyenne" qui nous rassérènera car à vrai dire, cette expression n’est même pas oxymorique, elle est purement contradictoire puisqu’elle réconcilie l’idée de "révolution" avec "dîner de gala" sous les lambris de la Rrrrépublique ! C’est dire à quel point ce mot d’ordre est une blague ! Pareil pour "insurrection civique" où est entendu que civique concerne le vote stricto sensu. Cette expression est la version de gauche du fétichisme hollandais pour l’isoloir. Elle réconcilie, elle, manifestations et élections. Elle liquide, mais du côté gauche, l’événement-68.

On pourrait continuer à pointer les éléments inquiétants du discours mélenchonien ainsi que les positions politiques du bonhomme. C’est un peu dangereux vu la colère qu’elle engendre parmi les fans du candidat Front de Gauche (Edwy Plenel en a fait les frais) et, surtout, c’est peu utile car, au fond, tout le monde - y compris parmi les électeurs du FdG - est conscient du simulacre d’événement - et donc de la supercherie - que Jean-Luc Mélenchon représente. Chacun sait que le slogan "Prenez le pouvoir" est une blague et pourtant, nombreux sont ceux qui acquiescent. C’est la bêtise électorale pour s’inspirer de Deleuze - ou le crétinisme parlementaire, pour reprendre des bolcheviks que, pour le coup, Mélenchon raille assez souvent.

Que fera le Front de Gauche, une fois aux affaires ? Qui le sait vraiment ? En quoi serait-il le cartel qui, pour la première fois, résisterait au mur de l’argent ? La manifestation de la Bastille ne répondait pas à cela et, du reste, c’était une manifestation muette au sens où aucun énoncé singulier venu du peuple n’a été dit. Que personne ne pointe cela est étonnant : la manifestation pour la VIème République était un rassemblement pour un homme... providentiel, mais de gauche !

L’injonction "Ne votez pas !" serait faible et stérile. La campagne crée des dynamiques face auxquelles la lucidité est faible. Bien des gens voteront Mélenchon comme il y a trente et un an des salariés, Mitterrand, en pensant qu’il n’y aurait plus de chômage. Cela peut s’entendre et cela ne fait pas de ces gens-là des "nigauds" contrairement à ce qu’écrit Alain Badiou dans son dernier livre. Néanmoins, ce qui est insupportable et qu’ont quand même bravé Edwy Plenel et Mathilde Mathieu, c’est l’éteignoir parlementaire mis comme une camisole sur la pensée de notre émancipation.

Yvan Najiels

http://blogs.mediapart.fr/edition/mille-communismes/article/250312/du-grand-entretien-de-mediapart-avec-m-melenchon

Messages

    • Après cela comment peut on se dire à gauche du PS et voter pour cet individu ?

      En plus il ment et nous prend pour des imbéciles !

      C’est pas la France qui vend des avions c’est M DASSAULT essait de nous faire croire l’illusionniste Mélenchon .

      Ou il se fout de nous ou il est nul : c’est bien L’Etat français qui autorise et négocie ? C’est bien L’Etat français qui assure le risque financier encouru par le marchand d’armes ?

      Quand à comparer le conflit d’intérêt du marchand d’arme et sénateur Dassault avec le soit disant conflit d’intérêt d’un prof de fac qui voterait le budget de l’éducation nationale : QUEL CYNISME !

      Le prof de fac ne s’enrichit pas en votant le budget des universités alors que Dassault intervient directement pour défendre les intérêts matériel ( le chiffre d’affaire) de SA société !

      Mais on a bien compris Mélenchon :s’attaquer à cela c’est dit il du BOLCHEVISME !!!

  • Quelques années après après avoir été un ministre des colonies puis garde des sceaux d’une république pour qui l’Algérie c’était la France, Miterrand fut le candidat du PCF en 1965, obtint 31% des voix au 1er tour, mettant ainsi De Gaulle en ballotage. En 1972, un accord de gouvernement fit oublié l’homme du passé et Mitterand pu déclarer sa flamme à l’anticapitalisme

    De même, 10 ans après avoir été un ministre d’un gouvernement de la gauche plurielle championne des privatisations, Mélenchon est le candidat du PCF. Il obtiendra un score à deux chiffres, et si Hollande est élu président, ouvrira sans doute la voie à une gauche plurielle ripolinée. Dans le JT de 20h d’Antenne 2 le 18 mars, Mélenchon pu (enfin) déclarer sa flamme au "socialisme révolutionnaire" (rien que ça !)
    Tout comme les appareils des partis (on parlera alors des partis institutionnels et de la gauche de gouvernement), pour leur carrière, les politiciens doivent se couler dans le moule des institutions forgées par les classes dominantes.

  • @ Jules

    on chantait l’internationale en parlant de la Commune de Paris en réclamant l’augmentation des salaires, la baisse du temps de travail et l’internationalisme (l’amour).

    Si c’est le programme de Mélenchon, j’y souscrit immédiatement.

    Mais à condition qu’il me dise ou se cache le reste.

    Parce que ce que tu cites là comme "actions", ça fait 65 ans que je le fais, avec mes camarades communistes d’abord, puis avec ceux d’entre eux, (Et on est beaucoup), qui on trouvé que chanter l’Internationale sous les fenêtres de l’Immeuble de la Place du Colonel Fabien, puis même plus l’Internationale, ça faisait un peu court et ça faisait pas avancer le shmilblick.

    Alors qu’est ce que tu crois... Qu’on t’a attendu pour faire notre expérience sociale in-vivo ??

    Contrairement à ce que tu crois c’est pas parce que Mélenchon n’est pas "communiste" qu’on doute de lui.

    C’est qu’on l’a vu à l’oeuvre durant des decennies à nous tailler des croupières et à décevoir le Peuple.

    Comme on a vu Mitterrand dès 1956 quand il faisait guillotiner Yveton avant de se recycler en allié des cocos qui lave plus blanc.

    En 81 on a suivi les consignes des rigolos du CN du Parti parce qu’on était disciplinés... Et surtout très suivistes et très cons.

    Et c’est vrai que c’est impardonnable d’être aussi cons.

    Seulement manque de bol on est AUSSI marxistes avant même d’être communistes.

    On sait, si on a un peu de culture ouvrière, ce que Marx disait au sujet de l’Histoire qui bégaie.

    Et dans le cas Méluche c’est plus du "bégaiement", c’est de la "dyslexie".

    Tu voudrais pas que pour te faire plaisir on continue à tromper les victimes de cette politique pour bander dans une Féria Mélenchoniene.

    Si j’avais voulu chanter l’Internationale ça fait depuis 81 qu’on la chante bien plus dans les meetings du PS que dans le Parti Communiste Français.

    Alors à tout prendre je serai allé côtoyer Mélenchon dans son Ex-(Ex ???) Parti au lieu de casquer pour la souscription du PCF pour renflouer les dettes pharaoniques du Colonel Fabien.

    Etr pour mon compte je n’en veux pas à JLM. Il fait son boulot comme ses maîtres le lui ont dit de faire. Il est au moins constant et même prévisible dans sa démarche pour qui sait décoder.

    Mais j’en veux à mort à ceux qui se prétendent "communiste", dans un PCF dévoyé, et qui parlent au nom des deux générations de Communistes qui m’ont précédées dans ma famille et mes proches et dont le travail de toute leur vie a été jeté aux orties par une poignée d’arrivistes et de nulissimes.

    Des arrivistes qui ont dilapidé des années de confiance acquises dans les masses, au prix de vies, de peines, et de privations de liberté, en échange de prébendes et de tapes dans le dos des ennemis de classe majeurs du Prolétariat.

    ET C’EST MON DROIT.

    G.L.

  • Et Mélenchon un homme du passif mitterrandien !

    A lire les mélenchonades je ne suis pas sûr que Badiou parle à tort des nigauds.