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Point de vue. Le 6 mai battre Sarkozy, oui, sans hésiter... mais comment oublier

par Antoine (Montpellier)

Publie le mardi 1er mai 2012 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing
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Titre complet : Point de vue. Le 6 mai battre Sarkozy, oui, sans hésiter...mais comment oublier Zapatero, l’ami espagnol de Hollande, tellement admiré hier par ...Sarkozy ?

Il est des rappels très utiles en ces temps d’entre-deux tours où tout nous pousse au choix binaire : pour Sarkozy /pour Hollande alors que, comme l’a martelé Philippe Poutou, c’est contre SarkoPen, pas plus, pas moins, qu’une gauche d’alternative, dépouillée de ses ambiguïtés envers "la" gauche d’institution, se doit d’être.

Oui, voter contre Sarkozy et jamais pour Hollande, car ce dont il s’agit c’est de se servir du bulletin de vote socialiste de façon purement instrumentale : en somme un vote mécanique, c’est-à dire électoral non électoraliste, sans autre contenu politique que le dégagement de la droite extrême de l’espace institutionnel avant inventaire anticapitaliste à mener avec le mouvement social !

Une fois le vide fait, premier rappel, nous savons, nous devrions savoir, que le syndrome de l’adaptation aux institutions travaillant le coeur des réponses du PS à la crise jouera vite contre la population. N’oublions pas comment sa majesté Mitterrand, que vénèrent Hollande mais aussi Jean-Luc Mélenchon, a pu se mouler dans ce "coup d’Etat permanent" que constitue la Ve République et qu’il dénonçait du temps où il voulait capter le vote de gauche. Le drame des années 80, on ne le dira jamais assez, aura été, que pour battre Giscard, tant de gens se soient laissé aller à "voter pour Mitterrand" et, à partir de 1983, se soient retrouvés sonnés par la "rigueur de gauche" qui cassait salaires, emplois, solidarités avec les immigrés, etc. ! Hollande ne renoue-t-il pas avec ce fil rose antisocial en déclarant vouloir "donner du sens à la rigueur" comme, à sa façon, son compère social-libéral Lionel Jospin a su si bien faire entre 1997 et 2002 (tu te rappelles, Jean-Luc, le temps où tu étais son ministre docile ?) ? Ou comment le mitterrandisme et l’enfumage du peuple qu’il trimballe sont à nouveau à l’oeuvre !

Pour nous rafraîchir la mémoire sur ces brouillages néomitterrandiens qui travaillent autour du vote du 6 mai, il est bon de lire le texte ci-dessous, publié par Rue 89, qui nous montre involontairement (1), contre le bluff sarkozyen de sa chasse électoraliste au socialiste, comment libéralisme et social-libéralisme ont sur le fond, sur le rapport au capital, une connivence pleine et entière que tempère quelque peu, chez le second, un refus de la xénophobie : on (re)découvre dans cet article que l’arme "espagnole" brandie par Sarkozy contre Hollande se retourne, par effet boomerang, contre lui...et contre Hollande. Eh oui, disons-le simplement : Sarkozy, qui stigmatise Zapatero et sa gestion de la crise espagnole, contre Hollande pour démontrer les aberrations des socialistes quand ils sont/étaient au gouvernement, prenait il n’y a pas si longtemps le même Zapatero pour le modèle de responsabilité "gestionnaire" à opposer aux choix aventureux (!) des socialistes français ! Ce démontage salutaire de l’opportunisme sarkozyen opéré dans Rue 89 se retourne, vite fait, bien fait, contre Hollande lui-même si l’on veut bien se souvenir que, la première visite à l’étranger qu’a faite le vainqueur des primaires socialistes, ce fut pour rencontrer son camarade espagnol (voir lien ci-dessous) qui était en train d’infliger à son peuple la cure d’austérité la plus rude depuis le retour de la démocratie espagnole. Et qu’on retienne bien le mécanisme implacable qui s’en est suivi de l’autre côté des Pyrénées : cette gestion social-capitaliste de la crise a amené le retour au gouvernement de la droite néofranquiste qui n’a fait qu’accentuer, sous la même égide de l’Union Européenne et du FMI que son prédécesseur de gauche, les mesures "socialistes" contre les salaires, l’emploi, la santé, l’éducation, etc. (2)

Alors nous voilà avertis : chasser Sarkozy via le bulletin Hollande doit nous rendre vigilants ; Hollande porte en lui un retour programmé d’une droite toujours plus dure, comme le mitterrandisme a pu programmer, par les déceptions qu’il a provoquées chez les salariés et les plus pauvres, l’avènement de Chirac, de Sarkozy et, depuis 2002 au moins, un renforcement de l’extrême droite et de sa capacité à tirer vers elle la droite ! Rajoy, petit-fils de Franco, Sarkozy, frère ennemi (de moins en moins ennemi) de Marine ! Le 6 mai, dégageons Sarkozy et sa bande ! Pas plus ! C’est déjà énorme ! Mais le plus dur restera à faire...C’est le mouvement social, loin d’une illusoire-dérisoire "révolution par les urnes", qui devra se donner l’objectif de casser le désastreux jeu d’alternance "gauche-droite, gauche-droite" et poser les termes de l’alternative anticapitaliste ! Autrement dit, il nous appartiendra de renouer un autre fil que le rose des démissions et capitulations prévisibles (ou le fil blanc cousu sur les rafistolages type "gauche plurielle" encore dans les cartons), celui des luttes cassé en 2010 lors des mobilisations en défense des retraites !

Dehors Sarkozy, pas de chèque en blanc à Hollande !

Antoine (NPA 34)

(1) l’auteur de l’article se propose de tirer les leçons " pour éviter que, de retour aux affaires, la gauche en France et ailleurs en Europe, ne refasse les mêmes erreurs" là où nous ne voyons aucune erreur mais la logique imparable du cours social-libéral des Partis Socialistes. A l’épreuve de la direction socialiste du FMI (Strauss-Kahn), de l’OMC (Lamy), de l’UE (hier Delors, aujourd’hui Almunia et quelques autres) et des gouvernements Blair (grand admirateur de Thatcher !), Schroeder, Jospin, Papandréou ou Zapatero, pour ne citer que ceux-là, il y a beaucoup d’ingénuité et d’angélisme à ne pointer que des erreurs là où font système des partis-pris de défense des marchés et, foncièrement, du capital financier-industriel.

(2) État espagnol : victoire de la droite, horizon de crise majeure

Espagne : manifestations contre les coupes budgétaires dans la santé et l’éducation

Grève générale du 29 mars en Espagne : un essai réussi

Espagne, la réforme de trop  ?

L’article de Rue 89 : Le trou de mémoire de Sarkozy quand il dénonce l’Espagne de Zapatero

Pierre Haski | Cofondateur de Rue 89

Nicolas Sarkozy au Parisien ce dimanche :

« Un choix historique s’offre aux Français. La France n’a pas le droit à l’erreur. Les Français regardent ce qui se passe ailleurs : en Grèce, les salaires ont baissé de 22,5 %, l’Espagne vient d’être dégradée et est à 24 % de chômage… Or l’Espagne socialiste de M. Zapatero était l’exemple à suivre pour François Hollande. »

Seulement pour François Hollande ?

Devinette. Qui a dit, en janvier 2007 à Madrid, après trois ans de pouvoir de José-Luis Zapatero ?

« Que la France sans renier aucune de ses valeurs de solidarité et de justice regarde l’Espagne. Elle y verra ce que peut accomplir une société d’entrepreneurs, une société qui libère l’initiative et récompense l’effort, le mérite, le risque. Elle y verra comment la joie de vivre revient avec la réussite économique, comment la créativité revient avec la prospérité, comment le bonheur peut redevenir une idée neuve dans un pays qui l’avait perdu depuis longtemps. “

Deuxième devinette. Qui, à la même époque, vantait le système des subprimes à l’américaine, qui a par la suite précipité l’Espagne dans la crise dont elle paye encore les conséquences ? Vous connaissez évidemment la réponse, même si Nicolas Sarkozy évite de s’en vanter aujourd’hui.

Voir la vidéo

Sarkozy et les subprimes

Une fois ces corrections établies, il reste un fait : l’Espagne et la Grèce avaient à leur tête des chefs de gouvernement socialistes qui ont une lourde responsabilité dans la crise qui frappe leurs pays.

En mars dernier, lors d’une réunion des sociaux-démocrates européens à Paris, il y avait un élément (modeste...) d’autocritique sur cet échec de leurs formations qui, à un moment, ont été en position de peser sur le cours de l’Europe, et ont cédé aux sirènes néo-libérales dominantes.

Au-delà des arguments de campagne de Nicolas Sarkozy, il y a assurément des leçons à tirer pour éviter que, de retour aux affaires, la gauche en France et ailleurs en Europe, ne refasse les mêmes erreurs.

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