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Géorgie : coup dur pour l’oligarque Bidzina Ivanishvili

par Nicolas Luchot

Publie le mercredi 13 juin 2012 par Nicolas Luchot - Open-Publishing

À moins de quatre mois des élections parlementaires en Géorgie, c’est un coup de massue que vient de recevoir le puissant homme d’affaire Bidzina Ivanishvili. Accusé de pression sur les médias et d’achat de voix, le candidat est au coeur d’une vive polémique qui traverse le pays.

« Les mensonges ne seront plus aussi facile à proférer qu’aujourd’hui [sous-entendu, « une fois que je serais élu »]. Ils ne seront plus en mesure de nous vendre de fausses histoires. Ils devront changer et agir, tel que la société le veut ».

C’est sur ces belles paroles du multi-milliardaire géorgien, que la polémique enfle. L’attaque visait un talk-show politique sur Channel One. Ses propos montraient du doigt la journaliste Eka Kvesitadze, trop agressive, selon lui, envers son parti.

La chaîne qualifie les mots du candidat comme « harcèlement ». La direction poursuit « si Ivanishvili arrive au pouvoir, l’avenir des chaînes publiques est à remettre en question. Il semble que Ivanishvili voit uniquement dans les média un intérêt pour son parti, ce qui entre en conflit avec la liberté de la presse. »

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Le magnat franco-géorgien, vient en outre, d’être condamné à verser séparément 126 millions de GEL (61 millions d’euros) et 22 millions de GEL (10 millions d’euros) dans une autre affaire.

Le Chambre de contrôle financier du Caucase vient de trancher. Bidzina Ivanishvili devra verser dans la semaine, 148 millions de GEL (soit 71 millions d’euros) pour donations illégales. Accusé de malversations, l’oligarque est reconnu coupable d’avoir fait affaire avec trois entreprises, Burji, Elita Burji et The Global Consulting Group.

Des antennes de TV auraient été distribuées sans frais, des véhicules proposés au rabais. La commission d’enquête aurait des preuves de l’usage illicite de ces matériels comme « objectifs électoraux et politiques de la coalition du « Rêve géorgien » ». C’est en violation avec la loi sur les partis politiques en Géorgie.

Enfin, la dernière controverse en vue, prend feu le 5 juin dernier, où plusieurs télévisions du Caucase rapportent que des activistes du « Rêve géorgien » - le parti de Ivanishvili constitué en avril dernier et en opposition au Mouvement national démocrate en place actuellement - ont distribué des « Dream cards » aux habitants de Koutaïssi, dans l’Ouest du pays. Ces flyers étaient destinés à acheter des voix.
Si les citoyens venaient au ralliement organisé le 10 juin par le parti, dans cette même ville, munis de leur carte et les souhaits qu’ils désiraient, inscrit dessus, ils recevraient en échange une aide pouvant atteindre 1.000 GEL (490€).

L’un des activistes du « Rêve géorgien », Misha Meskhi, directement impliqué dans la diffusion de ces cartes, a expliqué aux média locaux leur initiative. « Si une personne écrit sur le flyer qu’il veut une Lamborghini ou une villa, bien entendu, ça n’est pas réalisable. » Il poursuit « mais si quelqu’un nous fait part de ses difficultés financières et qu’il n’a pas de machine à laver, par exemple, il n’y a aucun problème. Son souhait sera réalisé avant les élections. »

Les invectives du camp opposé ne se font pas attendre. « Les activistes du « Rêve géorgien » sont des inconscients, en demandant aux citoyens d’exposer leurs vœux sur ces cartes. C’est en totale contradiction avec les principes de leur parti » souligne Tea Tsulukiani, député du parti démocrate. Et malgré les protestations des partisans pro-Ivanishvili soutenant que les jeunes activistes vus à la TV n’ont rien à voir avec le parti, les clichés et les vidéos prises ne trompent pas.

Le lendemain, le bureau d’État de l’Audit prend l’affaire en main et déclare l’action comme achat de voix, ce qui représente une infraction en vue du Code Pénal géorgien. Les activistes ont été déférés en justice. Une enquête est en cours.

Bref, une rude semaine pour notre milliardaire franco-géorgien, qui voit sa crédibilité baisser au fur et à mesure que les élections approchent.