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Cuba, 26 Juillet 1953 – 26 Juillet 2012 : « L’Histoire m’acquittera ! »

par Boubacar Sankaré via A.C

Publie le jeudi 26 juillet 2012 par Boubacar Sankaré via A.C - Open-Publishing
10 commentaires

Il y a 59 ans que Fidel Castro, alors commandant des troupes rebelles de Cuba et ses compagnons guérilleros, attaquaient le plus célèbre camp militaire de Cuba, Moncada, situé dans la partie orientale du pays, à Santiago. Objectif de l’opération : anéantir le pouvoir dictatorial et sanguinaire qui régnait à l’époque, sur l’île. L’assaut qui s’était soldé par un échec aura tout de même marqué le début de la fin d’une des dictatures les plus sanguinaires en Amérique.

Rétrospective sur un événement majeur dans l’histoire de Cuba.

Dans la nuit d’un certain 12 Mars 1952, Filgencio Batista appuyé par les USA réalisait un coup d’Eta à Cuba. Quelques heures après les faits, Fidel Castro jeune avocat, dénonçait le chaos qui devrait en suivre. Par conséquent, il invitait le peuple cubain à la lutte contre le nouveau régime.

Fidel a ainsi, réuni autour de lui, un groupe de jeunes avec lesquels, il est resté plusieurs mois dans l’expectative, prêt à collaborer avec toute organisation décidée à lutter pour le renversement du laquais américain, Batista.

La tactique du jeune avocat consistait à utiliser les formes les plus diverses de la lutte tout en donnant le rôle fondamental à l’insurrection populaire. Mais, il fallait donner l’exemple de l’audace, de la témérité et surtout de patriotisme. C’est ainsi que, le 26 Juillet 1953, El « commandante en jefe » en compagnie de ses camarades de lutte décidait d’attaquer l’une des plus célèbres casernes militaires de Cuba, « El Cuartel Moncada ».

Avant l’assaut, il s’adressa à ses « companeros », en ces termes : « Camarades : dans quelques heures, vous pourriez être vainqueurs ou vaincus, mais de toute façon, écoutez-moi bien camarades, le mouvement triomphera… Dans le cas contraire, notre geste servira d’exemple au peuple de Cuba pour reprendre le flambeau et aller de l’avant ».

Ainsi, dans la nuit du 26 juillet 1953, l’attaque du camp militaire est effectuée avec une poignée d’hommes qui accompagnaient le commandant Castro.

La bataille a été meurtrière et la tentative de prise du camp militaire, fut un échec. Fidel et ses hommes, ou plutôt ceux qui en restaient, replièrent alors vers les montagnes.

Quelques jours après, le commandant Fidel Castro et plusieurs camarades étaient arrêtés et faits prisonniers par le régime de Fulgencio Batista, le dictateur au service du puissant voisin, les Etats-Unis et qui bradait toutes les industries à leur profit. Au détriment de son peuple, en proie à la misère, au chômage, à l’esclavage et au racisme.

Quelques mois plus tard, le régime tyran de Batista faisait comparaître Fidèl Castro à la barre pour « complot contre la nation ».

Avocat de profession, le commandant Fidel Castro assure sa propre défense dans une célèbre et émouvante plaidoirie connue universellement sous le titre de « l’Histoire m’acquittera ». Fidel Castro accusé, est devenu l’accusateur.

Le problème de la terre, comme la santé, l’éducation, l’habitat, l’emploi, était entre autres les maux qui rongeaient la société cubaine de l’époque et auxquels Castro et ses guérilleros espéraient apporter des solutions en renversant le régime du dictateur au service de l’étranger.

Fidel termina se plaidoirie en plaidant coupable car, disait-il : « Je ne veux pas être libre pendant que mes compagnons croupissent en prison… Je ne veux pas être libre dans un pays où il y a comme dirigeants des voleurs et des assassins. Condamnez-moi ! Peu importe ! L’Histoire m’acquittera  ».

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Ainsi fut-il. Le tribunal cyniquement fantaisiste, condamna Fidel Castro à 26 ans de prison… pour avoir attaqué l’armée un 26 du mois de juillet 1953.

Trois ans après, Fidel Castro sortit de prison, à la faveur de la pression des rebelles et du peuple cubain. Il s’exila alors au Mexique où il rencontra le célèbre Ernesto Che Guevara, un médecin d’origine argentine.

Les deux hommes devinrent amis, liés par le même idéal de combattre l’impérialisme américain « donde quiera que séa » (où qu’il soit).

La résistance cubaine est de nouveau réorganisée.

En 1956, c’est l’embarquement des guérilleros (Fidel, Che Guevara, Raoul et bien d’autres) à bord d’un bateau dénommé Granma (c’est le nom que porte actuellement le quotidien national cubain) à destination de Cuba.

Ils étaient au nombre de 82 hommes pour lutter contre toute une armée.

Avant d’atteindre les côtes cubaines, ils furent mitraillés.

Seuls 12, parmi lesquels Fidel, son frère Raoul Castro et Ernesto Che Guevara ont survécu.

Le petit groupe d’installa dans les montagnes de la Sierra Maestra avant d’engager la bataille finale, victorieuse, contre les supports de l’impérialisme USA.

Une nouvelle page de l’histoire de Cuba et du Tiers Monde commençait à s’écrire…

Boubacar Sankaré

— (fin de citation A.C)

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Pour tous ceux qui , ici , sont à jamais frères de combat de FIDEL etdes Cubains, au delà d’analyses divergentes, de critiques souvent justifiées sur des dérives bureaucratiques, avec notre Salut REVOLUTIONNAIRE

http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/TRIUNFO-DE-LA-REVOLUCION-CUBANA-L-Hymne-du-26-Juillet_a3868.html

CUBA SI !

FIDEL AMIGO,
B.C .esta contigo !

Messages

  • Juste un bémol pour la vérité historique

    Trois ans après, Fidel Castro sortit de prison, à la faveur de la pression des rebelles et du peuple cubain.

    En fait, l’administration US pensait que Fidel, serait le parfait petit bourge pouvant remplacer un Batista pourri jusqu’à l’os., et ainsi assurer une relève sans conséquences pour les capitalistes de la United FRUIt ou les copains mafieux -maquereaux des tripots de Cuba !

    Comme par ailleurs , comme chaque fois qu’un mouvement a échappé à un contrôle"du PARTI" , le PCC -pourtant actif parmila population urbaine , notamment à Santiago, n’était pas énamouré de ces"barbus" atypiques..., tout cela aida -plus que la pression des masses, soyons clairs- à une libération anticipée de Fidel..

    Il y a du avoir , ensuite, côté CIA et autres conseillers du patron de l’impérialisme, des explications orageuses.!

     :)).
    Car,, si le Capitalisme avait pu prévoir la suite du 26 Juillet, Castro , comme Lumumba et autres Allende, n’aurait jamais atteint l’âge qui est le sien..

     :)

    A.C

  • Je veux juste porter une précision sur le parti communiste Cubain, il a été crée en 1925 par Antonio Mella et Carlos Baligno mais c’était une petite minorité, Mella fut assassiné à Mexico justement à cause de ses idées communiste pour Baligno je ne suis pas actuellement en mesure de vous dire ce qui lui est arrivé,je veux aussi ajouter que Raoul Castro appartenait aux jeunesses comunistes puis au parti communiste au début de la révolution mais pas Fidel encore, il faut savoir que les communistes étaient très persécutés a Cuba parce que le parti n’était pas légalisé.J’espère avoir apporté un peu de clarté dans vos propos,et je suis sûr de ce que j’avance parce que ça me vient de ma femme qui est Cubaine ety qui était secrétaire de cellule a Cuba avant qu’on se soi mariés.Alfred.

  • Les révolutionnaires cubains ont agir malgré les communistes patentés, stalinisés...
    comme ailleurs.
    Mais c’est le passé. La révolution socialiste a eu lieu, a du affronter encore une fois un isolement qui ne fut pas moindre que celui de la révo russe.
    Dans le cas cubain, la bureaucratie étouffe la révolution, mais tout n’est pas encore perdu :
    Réforme profonde mise en cause...
    http://alencontre.org/ameriques/amelat/cuba/cuba-un-transfert-laborieux-demplois.html

    • @Luis Et AL

      Camarades, méfions nous de nos certitudes, voire-je pense à AL- à ce qui nous est rapporté par tel ou tel cubain communiste d’aujourd’hui.

      .
      L’Histoire est complexe et cette REVOLUTION nécessite, selon moi, de sortir de certains clichés qui ont pu "coller" quant à lafaçon dont a été globalement analysé par les uns et les autres l’histoire des liens entre les Partis dits "communistes" (en gros, copies parfois grossières du modéle soviétique-) et "masses"

      Non, Cher AL, le PCC devenu PSP puis plus tard fusionnant avec le MP26 , ce n’est pas si simple de le présenter comme le mouvement populaire de CLASSE , fer de lance contre Batista

      Je vous renvoie à la façon dont il décida de participer entre 40 et 44 au gouvernement de Batista, par exemple et , à la façon dont -devenucertes lacible des forces "fascistes"appuyée par l’Impérialisme,- il concevait ses rapports avec Fidel..

      Moncada fut qualifié" d’expédition aventuriste" par le PSC..

      Or c’est cette commémoration qui justifie mon article

      Reconnaissons que cette divisions des forces anti-Batista ne pouvait que se nourrir de quelques curieuses interprétations du Marxisme et du rôle de la classe ouvrière..par les plus marxistes-léninistes des militants "castristes" !

      N’est ce point GUEVARA qui"nous " donne une curieuse définition de la lutte des classes dans son texte de 1960 intitulé"Guerra de Guerillas"

      La Révolution cubaine a apporté trois changements fondamentaux dans le mécanisme des mouvements révolutionnaires en Amérique :

      1°) Les forces populaires peuvent gagner une guerre contre l’armée régulière

      2°) On ne doit pas toujours attendre que soient réunies toutes les conditions pour faire la Révolution ; le foyer insurrectionnel peut les faire surgir.

      3°) Dans l’Amérique sous-développée, le terrain fondamental de la lutte doit être la campagne. (…) Le guérillero exercera son action en milieu rural et peu peuplé, là où se situe de préférence la lutte du peuple pour ses revendications, et ceci presque exclusivement dans la perspective du changement des structures sociales de la propriété des terres, le guérillero est avant tout un révolutionnaire agraire. »

      Analysant ce qu’un intervenant a cru bon de m’opposer, à savoir le rôle décisif de la classe ouvrière, -en tronquant mon propos qui visait le PSP, relisons tranquillement ce que le CHE "balance" , concernant la façon dont les forces de " résistance urbaine" et ses diverses composantes-dont le PSP- luttent, et selon moi objectivement, facilite ô combien la montée de FIDEL vers la Havane !!

      Mon admiration quasi "religieuse" pour le CHE ne m’interdit pas de livrer cette analyse un brin superficielle et qui reflète l’ambiance confuse en 58-59...

      Le CHE est loin de Marx et de la lutte DES CLASSES comme moteur de l’Histoire et certainement pas du tout un perroquet de l’I.C et de Kroutchev quand il décrit les "couches" d’opposants ainsi, parlant d’une divergence entre"plaine" et "montagne"

      (…)Pourquoi la grève d’avril s’est-elle déclarée ? Parce qu’il y avait au sein du mouvement un ensemble de contradictions que nous avons appelées « de la montagne et de la plaine ». et qu’une analyse des éléments considérés comme essentiels pour décider de la lutte armée rendaient manifestes, car ces éléments étaient diamétralement opposés dans chacune des deux catégories. La montagne était prête à mettre l’armée en déroute aussi souvent qu’il serait nécessaire, à gagner bataille sur bataille, à s’emparer de l’armement et à arriver un jour à la prise totale du pouvoir en se fondant sur son armée rebelle. La plaine était en faveur de la lutte armée généralisée dans tout le pays, culminant dans une grève révolutionnaire qui expulserait la dictature de Batista et établirait au gouvernement l’autorité des « civils  », la nouvelle armée devenant « apolitique ».

      On comprend dès lors comment notre CHE règle la question de l’échec relatif de la GREVE : dans ses " Notes pour l’étude de l’idéologie de la révolution cubaine :"

      Les nouvelles des succès croissants de nos forces rebelles parvenaient au peuple malgré la censure, et l’activité révolutionnaire de celui-ci allait rapidement aboutir. C’est à ce moment-là que s’est déclenchée la lutte sur tout le territoire national, à partir de La Havane, sous la forme d’une grève générale révolutionnaire qui devait détruire l’ennemi en l’attaquant simultanément sur tous les fronts. Le rôle de l’Armée Rebelle, dans ce cas, serait celui d’un catalyseur ou peut-être d’un « aiguillon » pour déclencher le mouvement. (…) Mais la grève révolutionnaire n’était pas convenablement organisée : on ne tenait pas suffisamment compte de l’unité ouvrière et on n’a pas cherché à ce que les travailleurs, dans l’exercice même de leur activité révolutionnaire, choisissent le moment adéquat. On voulut faire un coup de main clandestin, en appelant à la grève par radio, sans savoir que le secret du jour et de l’heure choisis était connu des sbires et non du peuple. Le mouvement de grève a échoué, et beaucoup de patriotes révolutionnaires parmi les meilleurs ont été assassinés sans pitié. C’est à ce moment-là que se produit l’un des changements qualitatifs les plus importants dans le déroulement de la guerre, lorsque s’impose la certitude que le triomphe de viendra que de l’accroissement des forces de guérilla qui permettra de vaincre l’armée ennemie en batailles rangées. (…) La supériorité de l’Armée Rebelle s’affirme donc de jour en jour, tandis que l’arrivée de nos colonnes à Las Villas montre que le Mouvement du 26 juillet est bien plus populaire que les autres : Directoire Révolutionnaire, Second Front de Las Villas, Parti Socialiste Populaire et petites guérillas de l’OrganisationAuthentique. »

      Rappelons aussi, -ce n’est pas insulter la REVOLUTION- que FIDEL tint -tactique simplement- à rassurer le Capital..

      Allant même jusqu’ à dire à NIXON en avril 1959..

      Le capitalisme sacrifie l’Homme... Le communisme sacrifie les droits de l’Homme

      Comme quoi, tout n’est ni blanc, ni noir..

      C’est pourquoi, je reviendrai pour contester l’expression "bureaucratique"qui ne rend absolument pas compte de ce qu’est l’expérience originale cubaine, de mon vécu, de mes dernières infos..

      UN parti "bureaucratique"..avec sa cohorte de méthodes (lien Parti-ETAT -administration , voire"corruptions" etc) , certainement !

      Mais une REVOLUTION CUBAINE, en 2012, sous la férule bureaucratique, non et non..

      Nous en reparlons plus tard

      Cordialemnt

      A.C

    • @ AC
      je ne comprends pas l’amalgame "Luis et AL".
      Je connais trop bien et n’ai jamais parlé de révolution "bureaucratique". Au contraire de révolution socialiste, puis de "bureaucratie", incarnée comme tu le signales dans le fonctionnement du parti.
      Les paramètres de cette bureaucratisation progressive sont nombreux : isolement de la révolution, malgré tous les efforts consentis par la révolution (pas seulement le Che), d’où dépendance de l’URSS, peut-être aussi tradition latino-américaine caudilliste. Elle a aussi une histoire. Et un présent, donc rend indirectement mais un peu compte l’article signalé.

    • @ AC je ne comprends pas l’amalgame "Luis et AL". Je connais trop bien et n’ai jamais parlé de révolution "bureaucratique

      Je n’entendais pas amalgamer et donc je te présente mes excuses.
      Je pensais avoir le temps de répondre à vous deux sur des points différents : la question du PCC et de ce que prétendait ALd’une part, et ton commentaire suivant, de l’autre :

      Dans le cas cubain, la bureaucratie étouffe la révolution, mais tout n’est pas encore perdu

      Si ta réflexion se veut effectivement une précision sur ce que tu entends par"bureaucratie", je ne crois pas que celle ci a pu" étouffer" la Révolution.

      Deux opinions donc.

      Une , qui donne une idée certainement un peu trop "idyllique" de la démocratie dans l’Ile au niveau des institutions..

      Ceci précisé, je crois que, pour nos lecteurs il n’est pas inutile de rappeler ce que d’original il existe à Cuba, en tant que lien entre "le PARTI" et la "démocratie "disons "participative" (sans pour autant parler le "ségolénien ". ;)
      On est loin de la façon dont les P.C ont réglé la question du "parti-Guide" qui aurait cependant permis une "démocratie poussée jusqu’au bout"

      Voire ce que j’ai défendu en son temps (22°congrès du PC-fév 76) comme relevant d’un "socialisme aux couleurs de laFrance"

      que nous rappelle cet extrait ?

      Cuba est une république parlementaire avec un système d’assemblées à tous les niveaux, Assemblée nationale, assemblées provinciales au nombre de 14, municipales 169, et l’échelon de base celui d’où tout part est le conseil populaire, celui de la circonscription électorale. Chaque commune est divisée ainsi entre 30 et 200 circonscriptions qui en gros sont des quartiers. Cela fait 15.000 délégués de circonscription, 1.199 délégués provinciaux et 614 députés. Les 15.000 délégués de circonscription sont désignés directement par la population mais les délégués provinciaux et les députés relevent d’une commission des candidatures. Nous allons voir que cela impose que le parti Communiste cubain ne peut pas proposer de candidats ni prendre part en tant que tel à aucun moment du processus électoral. Il y a beaucoup de délgués qui appartiennent au parti communiste, mais beaucoup n’y appartiennent pas

      plus loin :

      Ce qu’il faut bien voir c’est que les Cubains sont des gens très concrets, cette question des institutions ils se les posent par rapport à leurs problèmes de la vie quotidienne et pas dans l’abstrait. Mais revenons à la question de l’originalité du système cubain.

      Le parti communiste ne peut pas présenter de candidats dans les élections de base dont tout part et dans toutes les autres instances. Il ne peut pas le faire parce qu’il gère avec d’autres instances (les organisations de masse, le syndicat, les CDR, les femmes, la jeunesse) la commission des candidatures qui fait des propositions de candidatures à partir des assemblées provinciales dans la mesure où à ces niveaux les candidats ne sont pas connus de tous comme les délégués de circonscription. Les délégués des assemblées du peuple qui vont proposer et ratifier les candidatures sont choisies par les assemblées par vote secret, direct, à la majorité absolue (ils doivent obtenir plus de 50% des suffrages), ainsi les délégués des assemblées municipales, provinciales choisissent les candidats et délégués pour l’assemblée de niveau supérieur. Le parti peut conseiller dans les assemblées de circonscription ou les autres, tel ou tel candidat, comme d’ailleurs peuvent le faire les organisations de masse, mais il n’a pas le droit d’imposer. C’est un processus très vivant au niveau des circonscriptions : quelqu’un se lève et dit « je propose un tel ! » les autres lui répondent « Et pourquoi tu le propose ? » un débat est instauré assez franc mais sans diffamation, discrimination interdites.

      Il y a un haut niveau politique à Cuba.

      Pour équilibrer mon commentaire, un autre texte...

      Je pense que tu partageras un certain nombres de propos de Guillermo Almeyra
       politologue, professeur à la Universidad Autónoma Metropolitana de México) que mes amis de u Collectif POLEX rapportent ici :
      (je mets en italique ce sur quoi nous sommes certainement d’accord)

      http://www.collectif-communiste-polex.org/cuba/cuba_bureaucratie.htm

      L’originalité de la révolution dans l’île consistait dans le fait qu’elle a fait partie de la révolution anti-colonialiste mondiale et s’est déroulée durant une époque de crise profonde du stalinisme, après la mort de Staline [mars 1953].
      Même si tous ces faits sont bien connus, ils ont été oubliés ou mystifiés. Je les rappelle pour souligner quelques points essentiels : un gouvernement révolutionnaire prend le pouvoir dans un pays capitaliste dans lequel il n’a pas de base sociale [salariée de masse], mais où il doit construire une conception contre-hégémonique, anticapitaliste, socialiste. Le pouvoir, surtout dans les petits pays dépendants, est encore dans une grande mesure dans les mains du capital international qui, avec le marché mondial, sa technologie et ses finances, domine et entraîne la maigre et faible bourgeoisie nationale à fusionner avec lui, devenant antinationale.
      A Cuba le capitalisme ne réside pas dans une bourgeoisie qui a fui le pays et s’est établie à Miami, mais dans la dépendance par rapport au marché mondial capitaliste et dans l’influence culturelle hégémonique, héritée de pair avec l’appareil d’État par le gouvernement révolutionnaire.
      L’épaisseur socio-culturelle de cet héritage constitue un frein continuel pour ce dernier, entre autres parce que le bureaucratisme importé des soviétiques est venu s’ajouter à la tradition de l’appareil d’État capitaliste. A Cuba il se déroule une lutte pour construire volontairement et consciemment le socialisme, mais il n’y a pas de socialisme, car celui-ci est impossible à l’échelle d’une petite île peu peuplée, tout comme cela fut impossible dans la vaste Union soviétique. Le socialisme ne se construit que lorsque la société auto-organisée commence à dissoudre l’appareil traditionnel de l’État et à assumer directement beaucoup de ses fonctions. Or, ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui, puisque l’appareil d’État se renforce et constitue ce qui – selon Lénine – régnait en Union soviétique au cours des premières années, soit un capitalisme d’État avec un gouvernement anticapitaliste : un capitalisme sans capitalistes.
      La bureaucratie est dans une certaine mesure inévitable, non seulement à cause de la pénurie et du retard technique, qui lui donne un rôle d’intermédiaire, mais aussi parce que pendant une longue période de transition, la différenciation entre « ceux qui pensent et qui décident » et « ceux qui exécutent » subsiste. Pour contrôler politiquement la bureaucratie, même s’il n’est pas facile de la contrôler dans son rôle d’intermédiaire dans un régime de pénurie aggravé par le blocus impérialiste, il n’existe pas d’autre arme que la participation consciente et militante et le contrôle des travailleurs et travailleuses dans toutes les instances de la vie : sociales, culturelles, économiques, productives, dans l’élaboration de projets, et leur supervision constante.
      La lutte bureaucratique contre la bureaucratie – inspecteurs, commissions, évaluations, etc. – est nécessaire, mais insuffisante. Le seul antidote anti-bureaucratique est la pleine démocratie dans le parti et dans toute la vie sociale et politique, avec la possibilité qui en découle de débattre, de ne pas être d’accord, de faire des contre-propositions, et aussi avec la liberté qui en découle – en respectant toujours la défense du pays assiégé – pour ceux qui sont en désaccord, mais n’organisent pas des actions contre-révolutionnaires. La tentative de substituer aux décisions des travailleurs un appareil « éclairé » entretient les éléments culturels capitalistes et non socialistes comme l’inefficacité et la corruption, en plus du népotisme.
      L’effort pour faire taire des voix révolutionnaires dissidentes, partisanes de l’autogestion, entraîne la passivité politique et le désarmement idéologique. Tout cela est contre-révolutionnaire, surtout dans une période où Cuba et la lutte pour la libération nationale et sociale se préparent à subir de dures épreuves à cause de la situation mondiale. Une démocratie pleine et autogestionnaire : voilà le remède contre la bureaucratie, qui est la principale force contre-révolutionnaire.

      voili.

      .pour le débat..

      Cordialement

      A.C

    • Bien vu.
      1. Pas d’amalgame régime stalinien et bureaucratie cubaine.
      2. Je partage en gros l’analyse de Guilermo.
      Une précision toutefois : il a tord de racourcir et racornir l’analyse dans la dernière phrase, qui se veut un résumé. La bureaucratie n’est pas « la prinicpale force contre-révolutionnaire ». De même ma formule « la bureaucratie étouffe la révolution » n’est pas heureuse. C’est l’isolement, autrement dit l’agression impérialiste permanente qui étouffe la révolution. La bureaucratie est la conséquence de cette situation.
      L’implication est immense pour tous les progressistes : la meilleure façon de défendre la révolution, et donc la démocratie à Cuba, c’est l’extension de la révolution socialiste, à commencer par l’Amérique Latine.

    • Je pense qu’il y a les deux éléments.

      Les conditions matérielles de ces dernières dizaines d’années ont été l’obstacle essentiel au pouvoir démocratique des travailleurs.

      L’essentiel de ces conditions a été créé par l’impérialisme qui avant n’a pas développé Cuba, sauf à en faire un bar à putes, et après la révolution, a mis Cuba sous menace permanente et imposé un blocus économique.

      Les révolutionnaires à Cuba n’ont jamais été dupes ni sur les ex-pays de l’est ni sur l’espérance de l’extension pour écarter la menace de l’impérialisme ( créer 1, 2, 3 de nombreux vietnams !), particulierement en Amérique Latine, le Che en est mort.

      Ils connaissaient parfaitement les dangers de l’émergence d’une couche sociale bureaucratique. Et les connaissances liées.

      N’empêche on est là face à un processus historique qui a été inexorable malgré les dangers identifiés et la volonté de lutter contre et il manquait peut-être une série de clés, mais nul n’est à la place des autres pour penser faire mieux.

      Les processus qui limitent les libertés individuelles et collectives des travailleurs sont sans pitié sur long terme pour le socialisme.

      Ce sont des processus qui aident à l’ascension d’une couche sociale parasitaire qui finit et finira par estimer que le capitalisme au moins c’est plus clair pour eux et donne un statut légal à leurs rapines.

      Au passage on s’aperçoit que la propriété d’état des terres n’empêche pas la pénétration rampante du capitalisme, des méthodes de commandement du capitalisme adoptées par la bureaucratie sur la classe des travailleurs.

      La propriété collective prise entre les mains d’une bureaucratie n’est plus alors qu’un fruit mur au service des appétits.

  • La responsabilité de tout militant réellement de gauche, c’est non seulement de défendre inconditionnellement la révolution cubaine contre l’impérialisme, mais c’est aussi d’apprendre de ses limites et contradictions.

    Ici, en français, de bons aricles de réflexion, y compris une analyse de Celia Hart, fille de deux diriigeants éminents :
    http://orta.dynalias.org/inprecor/recherche-article-ayant-sujet?nom=Cuba