Accueil > BDS : Une tournée désastreuse pour les ballets israéliens Batsheva en Ecosse

BDS : Une tournée désastreuse pour les ballets israéliens Batsheva en Ecosse

Publie le mardi 4 septembre 2012 par Open-Publishing

La tournée entamée par la compagnie de ballets israélienne Batsheva, le week-end dernier à Edimbourg (Ecosse) a mal commencé.

Et on ne parle pas ici des critiques impitoyables de la presse anglo-saxonne à propos du contenu artistique de ces « soixante trop longues minutes » (le Financial Times) infligées au public par les 11 danseurs de Batsheva et leur show « Hora ». Le spectacle est tellement nul, écrit pour sa part avec ironie la chroniqueuse du New Yorker, « que les pro-Palestiniens seraient bien inspirés de laisser les pro-Israël protester à leur place ».

Non, nous voulons ici raconter le désastre de nature politique enregistré par la machine de propagande israélienne à cette occasion, dont les danseurs de Batsheva, parfaitement conscients du rôle qui leur est imparti, sont un des rouages.

Grâce à l’action de nos camarades de la Scottish Palestine Solidarity Campaign, avec le renfort des « Juifs écossais pour une paix juste », l’opération de blanchiment de l’apartheid a en effet lamentablement échoué. Pendant les semaines précédant le week-end d’Edimbourg (jeudi 30 août, vendredi 31 août, samedi 1er septembre), la campagne BDS de boycott de Bathseva s’est d’abord attachée, avec succès, à démontrer qu’on n’était pas en présence d’une manifestation artistique ordinaire, mais de la manœuvre stratégique d’un gouvernement israélien visant à redorer son blason.

Les dirigeants israéliens, conscients de l’effondrement de leur image dans l’opinion publique, y compris occidentale, ont ainsi alloué des fonds considérables à une campagne internationale, intitulée « Brand Israel » (littéralement, « promouvoir la Marque Israël »).

Le cahier des charges, soumis aux artistes qui veulent recevoir des subventions du ministère israélien des Affaires étrangères (dirigé par ce grand homme de culture qu’est l’ex-videur de boîte de nuit Avigdor Lieberman) est explicite :

« L’artiste est informé du fait que s’il est fait appel à ses services, c’est dans le but de promouvoir les intérêts politiques de l’Etat d’Israël, par le truchement de la culture et de l’art, aux fins de contribuer à donner une image positive d’Israël. Il est cependant entendu que le prestataire de services ne se présentera pas pour autant comme un agent, un émissaire, et/ou un représentant du ministère ».

N’est-ce pas assez clair ? Lisons alors la prose d’Arie Mekel, responsable à la direction des Affaires culturelles au même ministère : « Eh oui, nous envoyons à l’étranger des romanciers et autres écrivains connus, des troupes de théâtre, nous organisons des expositions … Ainsi nous montrons un visage plus sympathique d’Israël, histoire d’en gommer l’image belliqueuse », déclare-t-il au New York Times.

La campagne « Don’t dance with the apartheid » (« Ne dansez pas avec l’apartheid ») a reçu le soutien de nombreux intellectuels et artistes écossais, dont la « Makar » (« poétesse nationale » une institution typiquement écossaise), Liz Lochhead.

« C’est un court voyage en Palestine occupée au mois de juin qui m’a ouvert les yeux sur la réalité de l’oppression infligée par le gouvernement et l’armée israéliens à tout un peuple : l’arrogance des soldats au sinistre check-point de Qalandia, le désespoir d’un misérable berger de la Vallée du Jourdain, dont la maison venait d’être démolie deux fois de suite, et qui s’ était résolu à rejoindre le village le plus proche … C’est cela, et bien d’autres expériences traumatisantes, qui m’a amené à rejoindre la campagne de boycott culturel et universitaire », écrit Mme Lochhead.

Le jour venu, jeudi 30 août, plusieurs centaines de manifestants se pressaient donc devant la salle du Festival d’Edimbourg, drapeaux palestiniens au vent, exhortant le public à ne pas se rendre complice de l’opération.

La ministre israélienne chargée de la culture, Limor Livnat, membre du parti d’extrême-droite, n’avait pu s’empêcher de venir, sans apparemment se rendre compte qu’elle confirmait ainsi aux yeux de tous le caractère grossièrement propagandiste de toute l’ opération. Entourée de policiers, Livnat fut contrainte d’entrer (puis de sortir) par une porte dérobée.

Mais le spectacle était aussi à l’ intérieur de la salle, dans les travées et pas seulement sur scène. Une douzaine de militants BDS, qui s’étaient procuré des billets, interrompaient le déroulement de la « Hora » à plusieurs reprises aux cris de « Libérez la Palestine », avant de se faire expulser.

Résultat : « La représentation de la Hora a été complètement noyée ce soir par des militants des droits de l’homme. Qu’ils aient eu tort ou raison, ce sont eux qui ont occupé le devant de la scène », résumait le rédacteur de l’Edimburgh City Guide, le magazine touristique et culturel de la ville écossaise. Et s’il y avait eu 600 personnes pour acheter quand même un billet pour le jeudi, ils n’étaient plus que 300 le vendredi, et encore moins le samedi.

http://www.europalestine.com/spip.php?article7590

Portfolio