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"Boites à bébés" : les abandons de plus en plus nombreux

par MY EUROP

Publie le lundi 10 septembre 2012 par MY EUROP - Open-Publishing

19.07.2012 | 15:38

Par
Cléa Favre (Genève)

Une nouvelle "boîte à bébé" vient d’être ouverte à Davos. Des "boîtes à bébé", soutenues par les anti-IVG, qui soulèvent de nombreuses questions, éthiques et médicales. En Europe, 400 bébés ont ainsi été abandonnés dans 200 "baby boxes".

Et de deux. Après Einsiedeln, l’hôpital de la très select station de Davos ouvert, à son tour, une "boite à bébés", permettant l’abandon anonyme de nourrissons. L’hôpital a travaillé de concert avec "L’Aide suisse pour la mère et l’enfant", à l’origine déjà de ce que la fondation préfère appeler une "fenêtre à bébé". La fondation veut en ouvrir sept autres.

Une initiative d’autant plus controversée en Suisse que le Comité des droits de l’enfant de l’ONU s’inquiète qu’en Europe ou ailleurs dans le monde, ce sont très souvent des militants anti-avortement, notamment dans la république alpine par le biais de "L’Aide suisse pour la mère et l’enfant", qui soutiennent ces dispositifs au nom du "droit à la vie".
"Sa mère peut ête toxico"

De cette façon, ils encourageraient les femmes à accoucher dans des conditions très précaires, au lieu de leur proposer de venir à l’hôpital. Autre élément qui chiffonne sérieusement les Nations unies : ces boîtes violent le droit de l’enfant de savoir d’où il vient. Et il s’agit aussi d’un dilemme médical.

On ne connaît pas les antécédents du bébé. Il peut avoir de sérieux problèmes. Sa mère peut être toxicomane. J’ai vraiment peur qu’un enfant meure à la pouponnière. Si je disais qu’il n’y a aucun risque, je mentirais"

reconnaît Stefan Rupp, responsable de la pouponnière de l’hôpital de Einsiedeln qui a mis en place la première "boîte".

Tout a commencé le jour de la fête des mères en 2001 dans cette commune du canton de Schwytz. La "boîte" est inaugurée afin "d’offrir une aide d’urgence" et ainsi "éviter les abandons et meurtres d’enfants"

En Suisse, l’accouchement sous X étant interdit, le procédé est le suivant : la mère dépose son enfant de manière anonyme dans une sorte de grosse boîte aux lettres dans laquelle il y a un lit chauffant.
La porte se ferme, une alarme retentit…

Une "Lettre à la maman" est à disposition, rappelant les droits de la mère sur son enfant et prodiguant quelques conseils. La porte se ferme. Impossible de la rouvrir de l’extérieur. Une alarme retentit au bout de 3 minutes pour avertir le personnel de l’établissement. Et le bébé est confié à une famille d’accueil. Les parents ont ensuite la possibilité de revenir sur leur choix, tant que leur enfant n’a pas été officiellement adopté (processus qui est enclenché un an après l’abandon).

Le premier bébé a été déposé le 5 septembre 2002. Depuis, 6 autres enfants ont connu le même sort, dont un a finalement été récupéré. Selon "L’Aide suisse pour la mère et l’enfant", ce dispositif sauve des vies. La fondation met en avant le fait que, au cours des cinq années précédant la création de la fenêtre à Einsiedeln, 6 bébés ont été tués et un est décédé suite à son abandon.

Depuis que les "boites à bébé" ont été créées, de 2001 à 2010, "seuls" 5 bébés ont été tués, et un est mort après avoir été abandonné. Pour Stefan Rupp, il faut relativiser ces chiffres.
Les "boites" faux remède aux infanticides

Selon lui, il est impossible de savoir ce qui ce serait passé si la fenêtre n’existait pas. La mère aurait-elle avorté ou abandonné son enfant ?

Seule certitude, nombre de spécialistes contestent l’efficacité des "boîtes à bébé" en ce qui concerne les infanticides. Le pédiatre tire néanmoins un bilan positif de ces 11 années :

Je suis content que l’on puisse offrir aux mamans cette alternative à l’avortement".

Est-il anti-IVG ?

Non. Dans l’hôpital, aucun gynécologue ne pratique l’avortement. C’est contraire à leurs convictions religieuses. Moi, en tant que médecin, j’ai intérêt à sauver des vies. Je suis donc en adéquation avec la fondation. Mais je soutiens également les mamans."

Stefan Rupp est donc modéré. Mais le gynécologue à l’origine de ce projet est néanmoins très proche de "L’Aide suisse pour la mère et l’enfant", fondation clairement opposée au libre choix.
Au Moyen-âge déjà…

En réalité, ce dispositif est loin d’être nouveau. Au Moyen-âge déjà, les "tours d’abandon" étaient monnaie courante. Elles disparurent à la fin du XIXème siècle pour réapparaître en Allemagne en 2000 sous la forme de "Babyklappen".

"Culle per la vita", "Baby boxes"... le phénomène est aujourd’hui mondial.

Les Nations Unies s’inquiétent de cette expansion de ces "boîtes à bébé". Selon le Comité des droits de l’enfant, 200 "baby boxes" ont été installées en Europe ces dix dernières années, et plus de 400 enfants ont été abandonnés.

Pour l’heure, aucune "boîte à bébé" n’est prévue en Suisse romande. "Ce n’est n’est pas une bonne idée", estime Olivier Irion, directeur du département de gynécologie obstétrique aux hôpitaux universitaires de Genève.

Auparavant, on abandonnait les enfants sur les parvis des églises, aujourd’hui dans des boîtes chauffées. La femme arrive seule, repart seule. Je suis choqué par la solitude et la détresse extrêmes dans laquelle on laisse les mères. Sans oublier les risques liés aux accouchements sans surveillance médicale. Au contraire, il faut les soutenir, les entourer, garder un lien, travailler dans la pluridisciplinarité avec des assistants sociaux, des psychiatres etc".

Une fois de plus, il existe donc un vrai fossé entre Alémaniques et Romands… Pourquoi ? Nul ne sait vraiment.

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