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GRÈVE DE LA FAIM D’ORESTE SCALZONE

Publie le dimanche 10 avril 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

de Oreste Scalzone

Comme je l’ai annoncé le jeudi 7 Avril, je me suis joint -à compter du jour suivant - par une GRÈVE de la FAIM, à la grève de la faim et de la soif entamée il y a plusieurs jours par Marco Pannella, qui a motivé sa décision par son intention de mettre au pied du mur la "société politique" italienne, en s’adressant aux membres du Parlement, aux autorités institutionnelles - Président de la République, Premier Ministre, Gouvernement, partis d’opposition - afin qu’ils honorent la dette qu’ils avaient contractée vis-à-vis de Karol Wojtyla, quand ils lui ont rendu hommage, en l’applaudissant, lorsque celui-ci avait, à l’occasion d’une visite rendue au Parlement italien devant les deux chambres réunies, réitéré la supplication qu’il leur avait adressée l’année précédente au cours d’une visite à la prison romaine de Regina Coeli : celle d’une mesure d’amnistie et d’indulto ("), en faveur des gens emmurés dans les prisons.

Scalzone précise : "Je rejoins cette action dans le respect de toutes les différences de tout type, cela entre nous valant garantie d’indépendance réciproque. [...] Étant donnés les temps et les hommes, et la difficulté de pouvoir toujours opposer à "leur" étouffante malveillance, à leurs allégations, le "de TE fabula narratur ..." qu’elles méritent (Il nous arrive de vivre une basse époque, dirait Castoriadis ...), j’ai la plus scrupuleuse intention d’éviter d’offrir l’ombre d’un prétexte à une instrumentalisation de mon profil de “partie prenante”, pouvant faire de ma participation une occasion de "tirer vers le bas l’action de Marco Pannella.”

Chacun doit jouer le rôle qui lui est adapté, c’est un peu comme de "suivre son destin”...
Marco Pannella adresse son appel, sa forme de pression, à ses pairs de la "société politique”, en prenant les institutions de l’État, ses hommes, comme "partie adverse” dans la relation - toujours "dialectique” -de ce bras de fer , de cette "fatale” partie d’échecs, qu’est une grève de la faim.

Moi, je n’ai aucune relation, même pas une trace, un résidu... de relation dialectique avec l’État ; donc mon appel, mon conflit, ma revendication, pression " chantage “, ou formes toujours dialectiques de relation, c’est avec le "mouvement”, les mouvements, ce qui est appelé "mouvement des mouvements”, les réseaux, rhizomes, groupes, cercles, courants ... ce que j’appelle "la "Camaraderie”..., amis, adversaires, vieux frères et complices, "frères/ennemis”, simples Ð peut-être à tort, par erreur, par malentendus, par inertie, par illusion, par leurres Ð homonymes [...], ce sont les composants de cet "ensemble, malgré tout...”, de cette sorte d¹"éthnie phantasmatique”., que je prends à partie “.
Je pourrais dire pour concluire : Marco Pannella dit à ses "pairs” du "ciel de la politique” : "Je m¹engage pour aider le pouvoir italien à accomplir ce qui lui est un devoir".

C’est bien joué, avec son courage physique devenant "puissance” à l’appui.

Moi, de mon côté (d’abord, du "bas” de mes 48 kilos de départ...), je vole plus bas...
D’abord, je n’ai aucun conseil à donner "au pouvoir ". Dans une [non-]relation qu’est la mienne, dans un rapport d’"étrangeté hostile”, si possible augmentée au fil de tous ces années de "non-belligérance” au sens propre, stricte, je n’ai rien, en ce qui me concerne, à réclamer à l¹État ; je considère d’avoir à son égard ni dette à payer ni créance à exiger, ni pour moi-même ni pour autrui,. Je ne pose aucune revendication face à ce pouvoir - qui évidemment me répondrait avec une glaciale indifférence ("une démocratie ne peut pas céder au chantage d’un seul, notamment d’un ennemi"...).

Marco Pannella fait remarquer l’aspect de personnage tragique que prend Wojtyla, qui donne l¹idée d¹une voix prêchant dans le désert, alors même qu¹on assiste au grand spectacle de la course des puissants et des politiques au palmarès de qui est "[le] plus unanime que les autres”, à chanter les louanges d’un pape qui a fait époque : car le plus frappant c¹est qu’il lançait messages et supplications de tout type, et que le résultat systématique était que tout destinataire (on parle ici des "hommes de pouvoir”, hommes "d’État”, de "Gouvernance”...) lui répondait : niet.
Aujourd¹hui, quand tant de "beau monde” s’extasie sur le caractère exceptionnel, unique, de ce pape, Marco Pannella dit : il y a là une "chose” qui est encore ouverte, qui n’est pas perdue, il n’y a qu¹à la faire ! ...

Moi, de mon (petit) côté, je m’intéresse de tous ceux dont (peu importe si souvent ’à contrecoeur, en en étant désespéré...) je fais partie ; et je dis à ceux qui, dans les différences les plus radicales, sont censés être "les miens” (et moi "des leurs”) que _ notamment depuis l¹initiative de Pannella - on ne peut pas rester dans un silence assourdissant par rapport à cette question, et opposer à toute proposition des considérations " météorologiques “ sur le "...Vetter-Geist”, le "climat” qui est terrible...
J¹entre en grève de la faim pour qu’on me réponde (rien que ça) sur les points suivants :

Est-ce qu’on veut faire des manifestations pour soutenir Panella et s’engouffrer dans cette brèche, sachant de surcroît qu’ont été déposés et vont être discutés par le Parlement deux projets d’amnistie (dont un signé par trente sénateurs, dont l’ancien président de la République Cossiga, d¹anciens premiers ministres, tels Andreotti et Colombo, et d’autres sénateurs à vie ; et l’autre par un sénateur des "Démocrates de gauche") ?

Cela a déjà marqué des points.Cela a déjà renversé la "tendance sociale" (ou, si l’on veut, la tendance des passions, des affects, voire de l’Opinion, donc du "conformisme social”...). Avec un ’crescendo’ impressionnant, qui a dernièrement connu une accélération, les mots mêmes d¹"amnistie", "indulto", voire "grâce", "asile", voire "aménagements de la peine", "prescription", étaient devenus tabou, perçus comme scandaleux, louches... Cela dans une surenchère, parvenue à ’boucler la boucle, impunité” plus scandaleuse que le "mal" même..., les symboles de l’"impunité”... les "Ennemis publics de chacun/e, et Ennemis privés de TOUS”... Une sinistre maïeutique avait fait des "parties civiles" des toxicomanes de la punition, eux, elles aussi en étant les premiers mortifères, réduits à un grumeau de "manque”, de frustration insatiable.

Maintenant, même si, par malheur, tout devait finir dans "les sables mouvants de la partitocratie", comme l’a bien dit Pannella, une brèche est ouverte, et c’est à nous de la maintenir ouverte, voire de transformer en une béance.

Et si on devrait parvenir à une mesure "minimale", une amnistie générale de peu de années, ne concernant donc pas d¹une façon résolutive le noeud, le contentieux des "condamnés dans le cadre de l’"urgence antiterroriste", on peut dire que :
Point un, nous sommes toujours pour que soit arraché, fût-ce un seul jour, à l’emmurement carcéral qui que ce soit ;
Point deux, les taulards rendus à la vie, les 5.000 jeunes inculpés dans 18.000 procès pour des faits d’agitation et lutte sociale des derniers années soustrait[e]s à cette épée de Damoclès, cela ne peut être pour nous qu¹une excellente chose !

Quant à notre "problème dans le problème...”, eh bien, là, on arrive à ma question :
Est-ce qu¹on peut inscrire dans ce plus large espace des "spécificités”, tel :
envisager de lancer un référendum abrogatif de la loi de 92 qui demande une majorité de 2 tiers pour voter toute loi d¹amnistie (les tenants de la sacralité de la Constitution devraient agréer ce retour à sa norme...) ;
Lancer la proposition de porter au débat au Parlement (peut-être par une "loi d’initiative populaire” ) le projet de loi en la matière qui avait été approuvé en 97 par la Commission Justice des deux chambres , OU BIEN - SI LE DEBAT LE JUGERA POSSIBLE- UN PROJET D’AMNISTIE POLITIQUE POUR LES CONDAMNES SURSANCTIONNES DU FAIT DU CARACTERE SUBVERSIF- DEFINI < TERRORISTE - DES AGISSEMENTS LUI REPROCHES.

Se battre pour le rétablissement des dispositifs d’aménagement de la peine prévus par la loi "Gozzini”et actuellement (comme le cas, spécialément inique, de surcroît tissu de véritables forfaitures, de Paolo Persichetti [cf. S] le montre d’une façon flagrante) complètement gelée et désactivée ?

Je ne demande qu’une réponse, rien qu’une reponse, mais une réponse claire, et je n¹arrêterai pas ma grève tant que je ne l’aurai pas eue.

...à suivre, Oreste Scalzone, le 10 Avril 2005

NOTES

(1) O.S. fait partie des Italiens réfugiés en France car poursuivis par la Justice pénale d’Urgence, instaurée en Italie à la fin des années 70 sous l¹effet du retour de bâton qui a succédé à la longue onde de choc, parvenue à un état endémique de latence quasi insurrectionnelle, que le rapport final de la Commission parlementaire d’enquête sur la violence politique définit comme une "petite guerre civile à basse intensité, ayant impliqué des pans entiers, une consistante "minorité de masse" de la jeunesse”.

(2) Le leader "historique" du Partito Radicale, devenu Partito Radicale Transnazionale (Parti Radical Transational). Plusieurs fois député aux parlements italien et européen, son nom est surtout lié à ses campagnes (aux grèves de la faim, aux référendums, pour le droit au divorce, à l¹avortement, contre les prohibitionnismes, contre l¹extermination par la faim dans le monde ; contre la perpétuité, les longues peines, les régimes de détention "spéciale", et d¹une manière générale contre l’idéologie de l’enfermement).

L’amnistie (définie en droit comme un "renoncement à la peine”, "oubli judiciaire”) efface le jugement, donc "les faits” ; l’indulto efface la peine (en totalité ou en partie).

Pour nous contacter :
E-mail : oreste@altern.org

http://orestescalzone.over-blog.com

tél. 01 42 71 11 "8 (10-12 et après 22 h.)
tél. 01 43 15 08 61 (15-20h.)

Messages

  • le blog avec le lien :

    http://orestescalzone.over-blog.com/

    Courage !

    Qu’attend Negri pour prendre le relai d’Oreste qui a une santé précaire !?

  • Ciao Oreste,

    Juste un grand bravo pour ton(tes) action(s)
     À part ça - Pas très envie que tu te déglingues la santé plus qu’elle ne l’est !

    Mais c’est ton choix, et je n’ai pas vraiment droit au chapitre, à ce sujet ! Il y aurait-il une autre alternative ?

    Si tu en arrives là, c’est que le panorama semble quelque peu bouché !

    Je peux comprendre que tu veuilles mettre au pied du mur ces politicards, tout d’un coup, opportunément papophiles, pour essayer de sauver Paolo et Cesare (entre autres...)

     Mais depuis quand ces "élus" du peuple ont tenu une seule fois leurs promesses ?
     Ne parlons même pas de leur éternelle collusion avec les transnationales du fric et du profit.

     Crois-tu vraiment, qu’ils en aient quelque chose à foutre d’Oreste Scalzone, qu’il crêve de grêve de la faim ou d’autre chose ?

    ¡ Oreste, no seas pendejo ! - ¡ Si la palmas, les haras un favor ! - ¿ O quieres presumir de martirio ?

    Bueno colega, suerte, y un abrazo muy fuerte ! Ciao !

    Ya nos veremos !

    • Pardon, ami. Non ! pas d’amertume mais de l’espoir, que de l’espoir ! Que Marco Pannella ait entrepris cette grève de la faim est symboliquement remarquable même s’il est un parlementaire. Que les parlementaires s’engagent de la sorte pour leur cause ne peut que les rendre honorables : mais il est seul. Qu’Oreste le rejoigne solidairement dans l’affirmation de leur différence respective et leur respect réciproque est héroïque.

      D’abord, comme toi j’ai pensé qu’Oreste engageait une santé précaire mais il est fort de son courage et de sa conviction ; ensuite son discours m’a convaincue. Je pense qu’il nous désigne une situation circonstancielle exceptionnelle. Rien de plus fort ne pouvait être fait en cette période timorée à cause de l’engagement européen, pour Persichetti, Sofri, et tant d’autres déjà sous le coup de leur peine, et tant d’autres encore sous la menace. Nous pensons aussi à Cesare.

      Ce qu’il faut souhaiter, c’est d’autres personnalités représentatives pour les relayer, il faut d’urgence faire une chaîne solidaire transpolitique de grévistes de la faim, jusqu’à la victoire de l’amnistie, car elle est possible. C’est une question de persistance de l’engagement immédiat et d’endurance - mais aussi d’organisation de la chaîne représentative. Là est la question de confiance aux parlementaires : à l’image de Pannella qui met haut la barre : que sont-ils capables de faire ? Et les alternatifs représentatifs qui se tiennent en pouvoir intellectuel et expert ? Le pouvoir se paye d’un engagement symbolique, c’est le prix.

      Quant à Oreste, c’est sa vie (et c’est pourquoi nous le voulons sauf).

      Louise.