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Que les chômeurs contrôlent les pouvoirs publics !!

par uguen bernard

Publie le vendredi 12 septembre 2014 par uguen bernard - Open-Publishing

Lancée comme une boutade, suite aux nombreux articles relatifs aux déclarations de François Rebsamen, demandant un contrôle renforcé des chômeurs, la proposition, selon laquelle ce serait plutôt aux chômeurs de contrôler les pouvoirs publics, n’est pas aussi farfelue qu’il y paraît.

Pour une grande majorité des citoyens,(certains disent les 99 %), il est clair que ceux qui abusent et profitent du système sont d’abord les acteurs de notre oligarchie au pouvoir. Pas une semaine ne s’écoule dans notre "triste démocratie", sans que des abus de tous ordres, des négligences coupables, des privilèges, des conflits d’intérêts, des incongruités, des gabegies, des passe-droits...,ne fassent l’objet d’une information. Un abus chassant l’autre, tout cela se perd dans la magma informe sans conséquences de nos actualités, à tel point qu’il y a un fort rejet de la politique et du monde politique.

Il semble donc bien, que la première chose à faire, pour retrouver un minimum de confiance, pour faire des économies, pour reconstruire un certain sens civique, serait de contrôler cette oligarchie au pouvoir. C’est une tâche d’intérêt général qui pourrait être remplie par les chômeurs. Le dire c’est bien, montrer que c’est possible c’est mieux.

Cette proposition peut se résumer en la création d’une « assemblée de chômeurs  » dont le travail rémunéré, serait de contrôler et de rechercher les abus de toute nature, dans le maquis des pouvoirs publics. Ce serait une sorte de travail d’intérêt général ou de TUC (travail d’utilité civique). Cette association pourrait être créée par les demandeurs d’emploi sous la forme d’un organisme de formation, afin de garantir dès le début une rémunération.

Ceci est d’autant plus logique qu’une formation spécifique serait nécessaire à l’accomplissement de cette mission d’intérêt général. (formation au droit public et sciences administratives, mais aussi formation multimédia, formation aux métiers de la presse et de la communication, formation à l’investigation etc..)

Cette proposition peut paraître déplacée au regard de la charge de travail et d’émotions que représente la recherche d’un emploi, au regard même de la situation dramatique de certains chômeurs, et enfin au regard de l’objectif essentiel du chômeur qui est de trouver un emploi. Cependant, elle pourrait peut être participer à rompre les solitudes éventuelles, à renverser le sentiment d’inutilité qui peut se développer chez certains, à recréer des liens sociaux, à favoriser une insertion dans la vie locale, dans la vie démocratique et économique de la cité.

Et, c’est un fait, les demandeurs d’emploi sont de plus en plus nombreux et leur nombre ne va pas baisser. Ce n’est pas conjoncturel, c’est structurel. Il y aura de moins en moins de travail, et malgré les efforts méritoires de certains, comme ceux du parti "Nouvelle Donne" de Larrouturu, la tendance serait plutôt à la suppression des 35 heures légales, qu’au partage du travail. De plus en plus de demandeurs d’emploi sont des chômeurs de longue durée, et l’in-employabilité augmente dramatiquement avec le seul critère de l’âge. Malgré les expériences passées, les compétences éprouvées, la recherche d’emploi devient un vrai travail de Sisyphe. Aujourd’hui, ce seul chômage de longue durée représente plus de deux millions de personnes. C’est ainsi que le chômage de longue durée a été déclaré en 2014, "grande cause nationale". !! http://www.ressources-solidaires.org/Le-chomage-de-longue-duree-declare . C’est à l’aune de cette annonce que l’on peut juger de l’indécence des propos de Rebsamen.

la formation continue peut être mise à contribution

Bien évidemment, ce n’est pas parce que les demandeurs d’emploi sont nombreux, que leur disponibilité individuelle est grande. Néanmoins, c’est en raison de la gravité du phénomène du chômage et de sa permanence, et du fait que la durée de non emploi s’allonge, que l’on songe maintenant à proposer des formations, des apprentissages, des contrats d’alternance à des chômeurs de longues durée, même agés.

Et il est vrai que les fonds importants dédiés à la formation sont très mal utilisés. ""En France, la formation professionnelle aspire plus de 30 milliards d’euros par an (un point et demi de la richesse nationale annuelle tout de même) pour des résultats pour le moins médiocres. "Le système français de formation professionnelle est caractérisé par une grande complexité, propre à décourager ses utilisateurs, qu’il s’agisse des salariés, des employeurs ou des demandeurs d’emploi", écrivent l’économiste Gilbert Cette et l’avocat Jacques Barthelemy ;

voir Le Point
http://www.lepoint.fr/economie/formation-professionnelle-un-magot-gaspille-21-11-2013-1760524_28.php.

Ces deux éléments, (accent sur la formation et fonds disponibles), indiquent clairement que l’auto-création par les chômeurs d’un organisme de formation associatif dédié à un tel travail dans le domaine public est tout à fait réalisable. Ce serait la première marche d’une entreprise de service public, au service de la citoyenneté, au service de la démocratie.

la fonction de contrôle dans une société démocratique

Le sentiment le plus partagé dans notre société c’est bien l’absence de contrôle de nos gouvernants ; la séparation des pouvoirs n’est plus qu’un vain slogan. L’oligarchie coopte ses propres contrôleurs et les bride tout aussitôt. Même le quatrième pouvoir (la presse) est aux mains de l’Etat par les subventions indispensables à leur survie, ou dans celles des banques. Bien entendu il faudrait argumenter plus longuement, mais ce n’est pas l’objet de cet article. Ce qui est certain, c’est qu’un régime sans contrôle n’est pas une démocratie. De plus en plus nombreux sont ceux qui luttent pour l’instauration d’un Contre Pouvoir Citoyen qui permettrait de faire vivre la démocratie non pas une fois tous les 5 ans lors des élections, mais dans la permanence par un contrôle citoyen à inventer.

A ce sujet, il ne faut pas se méprendre, il ne s’agit pas de créer une sorte d’institution judiciaire chargée de traiter les cas personnels d’élus ou de gouvernants en délicatesse avec une certaine éthique, et de sanctionner leurs fraudes éventuelles. Les tribunaux sont faits pour cela. Le contrôle citoyen sur la vie politique consiste à mettre en évidence les abus de pouvoir, les privilèges, bien évidemment légaux, de l’oligarchie, les laisser-faire et gabegies dans l’utilisation des fonds publics, et d’en proposer des correctifs par la communication et la pression citoyennes. Il s’agit ainsi bien d’un travail d’investigation publique mais aussi une mission de recherche de solutions et de propositions alternatives

Afin d’en préciser les fonctions potentielles d’une" assemblée de chômeurs", Il est peut être bon de donner quelques exemples

 a) exemple de privilège ; Il s’agit des ménages effectués par certains de nos députés ou sénateurs qui cumulent leur mandat avec leurs rémunérations de professeurs d’université. Ceci est parfaitement légal, mais est-ce normal ? En tout cas, il est bon de le savoir et de faire savoir.. Voir http://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/parlementaire-et-prof-dans-l-enseignement-superieur-ils-cumulent.html . A ce sujet, une mission de "l’assemblée des chômeurs" pourrait être l’étude enfin sérieuse du "Statut de l’élu", véritable serpent de mer des démagogues au pouvoir qui se gardent bien de le faire. (régime de chômage des élus, régime de retraite, les cumuls de fonctions , les incompatibilités etc et ).

 b) exemple d’abus. On peut parler de "la "réserve parlementaire", qui consiste en une somme importante allouée à chaque parlementaire pour subventionner tel ou tel projet dans leurs circonscription, voire de potentielles clientèles électorales. A l’évidence, ce n’est pas le rôle d’un parlementaire. Il s’agit bien d’un abus de fonction. A ce propos, il pourrait être judicieux de proposer l’affection de la réserve parlementaire au financement de ce Contre pouvoir citoyen.

 c) exemple de gabegie. Il y a peu on nous avait annoncé qu’il était possible de faire une dizaine de Milliards d’économies en supprimant toutes les agences inutiles, les comités Théodule et commissions fantômes qui ont été créés et reconduits au fil des années. Depuis, cette volonté s’est complétement dissipée. Il serait bon de refaire le point sur cette affaire et d’en établir les bilans.

 d) exemple de parasitisme. Actuellement, lorsque les pouvoirs publics se penchent sur une question économique, sociale voire sociétale, il est quasiment automatique d’établir un lieu de dialogue et de négociation spécifique. Ce sont les grandes messes, voire les "grenelles" de çi ou de ça . La question légitime que l’on doit se poser est donc celle de l’utilité d’une institution couteuse telle que le Comité économique et social et environnemental et du bilan réel de ses activités, Certains en proposent la suppression avec quelques raisons. Une mission d’investigation sur cette question serait alors très utile.

Ainsi, ces quelques exemples montrent l’étendue et la diversité de la charge que peut remplir une telle "Assemblée de chômeurs". Bien évidemment, cette association serait à même de définir ses propres objectifs et axes de travail dans toutes les secteurs de la vie publique.

Cette proposition s’apparente évidemment au projet de Contre Pouvoir Citoyen dont les acteurs et représentants seraient donc les demandeurs d’emploi. Pour voir un aperçu de cette idée .
http://changerlarepublique.over-blog.com/article-26789632.html

Nous savons fort bien que ce ne sont pas les pouvoirs en place qui institutionnaliseront un tel contre pouvoir. C’est donc aux citoyens de s’en charger et d’en débattre