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États-Unis, Ferguson : faire reculer les vautours

par Spark

Publie le dimanche 21 septembre 2014 par Spark - Open-Publishing

Article paru dans Spark, du 15 septembre 2014, bimensuel édité par l’organisation trotskyste américaine du même nom.

La colère et les protestations contre le meurtre du jeune Noir américain Michael Brown par la police à Ferguson (Missouri) ne faiblissent pas, ce qui a incité le conseil municipal de la ville à réduire les amendes qui écrasaient nombre d’habitants, parmi les 21 135 que compte la ville. Le conseil a proposé une amnistie limitée à ceux qui doivent des sommes importantes à la commune.

Les responsables de Ferguson en étaient venus à dépendre de plus en plus des amendes pour le fonctionnement de la ville. Environ 20 % du budget municipal de 12 millions de dollars viennent des amendes, ce qui en fait la deuxième ressource de la commune. Pour augmenter cette recette autant que possible, les autorités avaient encouragé la police à verbaliser autant que possible, en fait à saigner les travailleurs et les pauvres.

Des reportages ont montré comment la ville a adopté de plus en plus d’arrêtés qui donnent aux policiers le pouvoir d’arrêter et de verbaliser les gens sous n’importe quel prétexte. La police met régulièrement des amendes aux passants pour avoir traversé hors des passages piétons. Un arrêté permet même de mettre des amendes aux jeunes qui portent des pantalons baggy (amples). Et il est notoire que les policiers arrêtent toute vieille voiture, juste pour trouver quelque chose à verbaliser.

C’est en partie cette situation qui a conduit au meurtre de Michael Brown. Une grande partie de la population de Ferguson, déjà appauvrie, n’est pas en mesure de payer ces amendes. Mais ne pas payer une amende donne aux tribunaux une excuse pour multiplier le montant originel de l’amende, avec des suppléments et des amendes s’ajoutant les unes aux autres, et pour émettre des mandats d’arrêt pour défaut de comparution au tribunal. Cela est devenu si courant qu’en moyenne le tribunal de Ferguson a émis trois mandats d’arrêt par foyer.

Qui dit mandat d’arrêt dit possibilité d’emprisonnement. Et, parce que la plupart des autres villes de la région font la même chose, des gens ordinaires peuvent avoir des mandats d’arrêt dans plusieurs endroits. Donc, une fois qu’ils sont arrêtés, ils font des peines non seulement dans une prison, mais dans plusieurs, étant transférés d’une prison à l’autre, etc.

Autrement dit, des gens ordinaires, qui essaient seulement d’aller au travail ou au magasin, sont traités comme des criminels, entraînant souvent toute leur famille.

En protestant contre le meurtre de Michael Brown, les habitants de Ferguson ont braqué les projecteurs sur cette pratique sordide. À des degrés divers, dans tout le pays, les municipalités réduisent les impôts sur les sociétés et cherchent à les compenser par des tarifs et des amendes oppressifs, qui visent la classe ouvrière et les pauvres.