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Transition énergétique : la maison brûle, Royal sort son arrosoir

par MD

Publie le vendredi 10 octobre 2014 par MD - Open-Publishing
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Apparemment ambitieux, le « projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte », débattu à l’Assemblée nationale depuis le 1er octobre, n’engagera pas la France dans la transition énergétique et n’apportera pas la croissance (fût-elle verte) rêvée par Hollande.
Les objectifs fixés sont contradictoires : réduction de la consommation d’énergie de 50 % en 2050, réduction de la part du nucléaire… tout en conservant la même capacité nucléaire. Et les moyens n’y sont pas.

Transports ?

Ségolène Royal prend clairement ses ordres chez Ghosn et Proglio. Elle veut promouvoir les transports « propres », comprenez la voiture électrique. Le dispositif proposé, au coût faramineux, réduira peu les émissions de CO2. D’une part, il faut faire plus de 50 000 km avant d’émettre moins qu’un diesel. Mais surtout, même si les 2 millions de voitures électriques promises pour 2020 sont au rendez-vous (ce qui est très peu probable), il restera 38 millions de véhicules à moteur thermique. Un bonus record de 10 000 euros par voiture va être accordé, soit 20 milliards d’euros. 7 millions de points de charge sont prévus (35 milliards d’euros, si les prix baissent de 75 %). Les bourgeois citadins vont se faire dépolluer les centre-villes aux frais des banlieusards et campagnards.

Pourtant, des solutions efficaces et moins coûteuses existent : transports publics gratuits, diminution de la vitesse…

Production d’énergie ?

On ne touche surtout pas au nucléaire : on ne fermera des réacteurs qu’au fur et à mesure de la mise en service de nouveaux… Pour Royal, le nucléaire est un atout pour la France. Que Denis Baupin (EÉLV) ait rapporté un texte qui prévoit l’allongement de la durée de vie des centrales à 40 ans en dit long sur les ambitions écologiques de son parti. Voitures électriques et nucléaire vont main dans la main.

Les autres mesures ? Privatisation larvée des barrages hydrauliques par le biais de sociétés d’économie mixte. Construction de 1 500 méthaniseurs : alors que les terres arables ont perdu les 3/4 du carbone qu’elles stockent, on va leur donner le coup de grâce pour faire du méthane. Développement de « biocarburants » dont l’emprise au sol viendra concurrencer les cultures destinées à l’alimentation. Ainsi on réduirait notre dépendance au pétrole en y incorporant 3 % de plus de « nécrocarburants » ! Et enfin, développement de la biomasse, et donc destruction programmée des forêts.

Habitat ?

Le texte prévoit la rénovation de tous les logements (soit 33 millions) d’ici 2050 pour qu’ils deviennent à basse consommation. Mais où est donc le financement ? La mesure phare est l’installation de compteurs d’électricité et de gaz « intelligents », dont le bénéfice pour les usagers est loin d’être assuré mais dont le coût, lui, leur incombera. Quant au chèque-énergie, qui remplace les tarifs sociaux, il permettra de remplacer « les chauffages électriques anciens et très consommateurs » par des chauffages électriques neufs…

Croissance verte, transports propres, navires écologiques, chimie verte, nouvelle économie climatique… cette litanie d’oxymores ne peut masquer le vide de cette loi. Royal a eu le culot d’invoquer le récent sommet de l’ONU et la COP 21 qui se tiendra à Paris en 2015. Ban Ki Moon « compte sur la France pour entraîner et mobiliser le monde ».
Mais surtout, Royal a été « frappée de voir que le monde industriel et des affaires américain s’engagent… dans l’économie verte ». Nul doute qu’ils feront de même en France, à coup de dizaines de milliards d’euros de subventions et de cadeaux fiscaux. Et ce n’est pas la simple expression « social-écologie » de Royal qui mettra sa piètre loi au niveau des enjeux de la crise écologique et sociale.

François Favre (Comité NPA du Gers)
Commission nationale écologie
http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article963

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