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Liberté d’expression : silence ! ou le paradoxe…

par Chantal Mirail

Publie le mercredi 14 janvier 2015 par Chantal Mirail - Open-Publishing
4 commentaires

Une minute de silence imposé par l’Etat à toutes les écoles de France, c’est un drôle de paradoxe : on se bat pour la liberté d’expression mais on doit se taire. Les élèves qui se sont permis de parler se retrouvent sanctionnés (conseil de discipline ) et même livrés à la police. L’Etat propose une campagne d’éducation pour que tout le monde pense pareil… dans la plus grande liberté !

A-t-on analysé ce que ressentent des jeunes en permanence racialisés (assignés à leur identité ethnique et religieuse) face à cette union sacrée unanime, ne risquent-ils pas de le vivre comme un film où le terrorisme islamique, voire l’Islam serait désigné comme l’axe du mal face à un axe du bien ? Empêtrés dans un désespoir social, scolaire, professionnel, avec une Europe dont l’islamophobie s’affiche de plus en plus, d’abord au quotidien, puis dans les manifs de Pediga, mouvement européen contre l’islamisation de l’Occident (islamisation mise en scène par Houellebecq dans son roman), et y compris dans Charlie hebdo, ils voient un déferlement de bons sentiments venus d’un pays qui traite leur désespoir par l’indifférence.
Pire, ils se sont vus durement réprimés quand ils se sont exprimés politiquement contre les retraites (21 octobre 2010, des centaines de lycéens manifestants, triés au faciès, sont emprisonnés pendant 6 h place Bellecour à Lyon) ) et contre les massacres à Gaza (interdiction de manifs)
La minute de silence qui leur a été imposé risque de provoquer, comme tout paradoxe, ou la souffrance ou la colère ou la folie.

Il est important d’en avoir conscience.

La couverture à laquelle vous avez échappé cette semaine :
La Charlia imposée dans les lycées !

Messages

  • « minute de silence » et « imposé » sont incompatibles, par définition, non ?

    Participer à une minute de silence, se recueillir collectivement ne peut être qu’un choix personnel.
    Sinon ça n’a plus de sens.
    Sinon ça signifie que d’autres que vous décident de ce que vous devez non seulement penser, mais aussi ressentir.
    On devrait toujours avoir le droit à l’objection de conscience.

    • C’est pourquoi je trouve plus judicieux les applaudissements !

    • oui, une minute de silence imposée est un non sens. la minute de silence est une façon personnelle d’exprimer un ressenti personnel.
      Il me semble que c’est vraiment la première fois dans notre histoire que l’on doit obéir à une telle injonction sous peine d’être soumis à des sanctions( employés menacés de licenciements, élèves stigmatisées , sanctionnés).
      Le Président de la République avait décrété une journée de deuil national, pour que s’exprime une solidarité à l’égard des victimes de cette abominable tuerie. Dans la continuité, il pouvait proposer que les citoyens puissent se reccueillir pendant une minute dans le cadre de leurs activités ,collectivement et dans le respect des uns et des autres selon les principes de notre république. Pourquoi avoir été au delà , vouloir en faire un enjeu de lutte contre le terrorisme et s’en servir comme un outil de tri entre les bons et les méchants ?
      je suis choquée et voilà que j’ai le sentiment d’avoir perdu un peu de ma liberté au nom d’une prétendue défense de la liberté d’expression !!!!
       !Et on prétend ainsi mettre fin à la radicalisation des jeunes ? C’est vraiment ne rien connaître à la jeunesse et jouer avec le feu !
      Quelle peut être la réponse d’un jeune en équilibre instable entre ses difficultés au quotidien, sa religion, la peur de l’amalgame,son propre ressenti à l’égard d’un journal, à qui on impose dans un moment pareil de se taire ! Pour lui, cela ressemble à de la provocation, alors à méthode radicale, réponse radicale.
      Mr Hollande aurait été plus avisé de décréter journée neutralisée dans toutes les écoles avec prises de paroles et débats pour évacuer le choc de ce terrible événement et n’exclure personne. Heureusement certains enseignants, plutôt que de céder à la pression ont eu cette intelligence. Ils ont certainement bien plus fait avancer les principes de laïcité que tous les autres qui crient au scandale dans les médias et envoient des enfants de 8 ans au commissariat !!
      Une mamie de 60 ans qui s’inquiète de voir son pays privilégier l’exploitation d’une émotion légitime à la lucidité , le recul et la réflexion à la hauteur des enjeux.

  • Liberté d’expression : pour qui ? Pour la pensée unique, bien sûr. (Voir Placid par exemple).