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Au Brésil, une juge fédérale demande l’expulsion de Cesare Battisti

par Nicolas Bourcier

Publie le jeudi 5 mars 2015 par Nicolas Bourcier - Open-Publishing
2 commentaires

Une juge fédérale a ordonné l’expulsion de l’ancien militant italien d’extrême gauche et écrivain Cesare Battisti, condamné pour meurtres dans son pays. Cette sentence remet en question une décision de la Cour suprême qui avait rejeté une première demande d’extradition en juin 2010.

Il s’agit « d’un étranger en situation irrégulière au Brésil et qui, en tant que criminel condamné dans son pays pour meurtre, n’a pas le droit de rester » au Brésil, a expliqué la juge Adverci Mendes de Abreu dans son rendu. Joint au téléphone par Le Monde, Cesare Battisti a confirmé qu’il ferait appel de « cette énième tentative de déstabilisation orchestrée contre lui ».

La juge souligne que M. Battisti doit être expulsé au Mexique ou en France, pays où il est allé après voir fui l’Italie et avant de se réfugier au Brésil en 2004. Selon elle, cette décision n’est pas contradictoire avec celle de la Cour suprême ni celle de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva de ne pas expulser Battisti, étant donné « qu’il n’est pas nécessaire de livrer l’étranger à son pays de nationalité ».

« La juge veut revenir sur une décision de la Cour suprême et du président (Luiz Inacio Lula da Silva en 2010) pour avoir donné un visa permanent à Battisti et c’est pourquoi nous allons faire appel », a immédiatement déclaré le nouvel avocat de Battisti Igor Sant’Anna Tamasauskas.

« ENVERS DU SYSTÈME JUDICIAIRE »

Cesare Battisti, 60 ans, est réclamé par l’Italie après avoir été condamné en 1993 par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970 – les années de « plomb » du terrorisme –, crimes dont il se dit innocent.

Arrêté en Italie en 1979, alors qu’il est membre du groupuscule des Prolétaires armés pour le communisme (PAC), il est condamné dans un premier temps à douze ans de prison. Evadé en 1981 de la prison de Frosinone, près de Rome, il commence une longue cavale, qui le conduira au Mexique, en France, puis au Brésil.

« J’ai été condamné sur la foi des accusations d’un seul et unique repenti, Pietro Mutti, le chef de notre groupe, arrêté en 1982, et qui a collaboré en échange d’une remise de peine, a-t-il expliqué dans un entretien accordé en 2011 au Monde, à Cananeia un petit port colonial situé au sud de Sao Paulo. C’est l’envers du système judiciaire italien. »

Lorsqu’on lui rappela que divers acteurs de l’époque, avocats ou ex-militants d’extrême gauche, ont confirmé la fiabilité de certains propos de Pietro Mutti et de la procédure menée en Italie, sa réponse était immédiate : « Qu’on relise attentivement les saloperies du procès-verbal, personne aujourd’hui ne croira le vide qui entoure ce dossier ! »

QUATRE ANS DE DÉTENTION PRÈS DE BRASILIA

Cesare Battisti qui vit actuellement à une trentaine de kilomètres de Sao Paulo, ne dispose pas d’un statut de réfugié politique, mais d’un visa de résidence permanente accordé le 22 juin 2011 par le Conseil national de l’immigration. « J’ai appris la sentence de la juge ce matin [mardi 4 mars] et dois me réunir avec mon avocat jeudi », a-t-il précisé au téléphone.

Incarcéré pendant quatre ans près de Brasilia, Battisti avait été libéré le 9 juin 2011, quelques heures après que la Cour suprême du Brésil eut rejeté la demande d’extradition de l’Italie, provoquant la colère de Rome. Les juges ont estimé que l’Italie ne pouvait contester la décision « souveraine » de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva qui, au dernier jour de son mandat le 31 décembre 2010, avait refusé de l’extrader vers l’Italie. En représailles, Rome avait rappelé son ambassadeur à Brasilia.

Après Cananeia et un bref passage à Rio de Janeiro, Cesare Battisti s’est réfugié à Sao Paulo où il poursuit son travail d’écrivain. En avril 2012, il a lancé son roman, Au pied du mur, inspiré de ses quatre années de détention à la prison de Papuda, à Brasilia. Outre un roman policier, il a déjà écrit depuis son arrivée au Brésil Minha fuga sem fim (Ma cavale) et Ser bambu (une expression brésilienne qui signifie plier mais rester solide).

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/03/03/au-bresil-une-juge-federale-demande-l-expulsion-de-cesare-battisti_4586821_3222.html

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Messages

  • Ce sera un peu long mais j’assume .........
    " Comme on apprend que ces derniers jours qu’une juge fédérale brésilienne a demandé l’expulsion de Battisti, nouvelle péripétie dans la vie du plus célèbre "fugitif " italien, on va encore entendre que ses soutiens ici en France, s’ils venaient à demander qu’on cesse cette "comédie" assez ignoble et pour Cesare lui-même mais aussi pour les vicitmes des PAC, petite organsiation née de la radicalisation des années 70 en Italie, ses soutiens donc neseraient que des bobos dont le rayon d’action intellectuel et militant n’a jamais dépassé St Germain des Prés sauf peut être un bref séjour il y a lontemps au Larzac ou plus récemment à Tarnac sait-on jamais !

    Non que l’action menée par ce petit groupe soit particulièrment "remarquable" et à mettre sur le piédestal de la lutte pour l’émancipation du genre humain, mais voilà ce fut un épisode peu glorieux certes mais significatif d’une période de l’histoire fort trouble de l’Italie, pays dont on attend qu’il veuille bien sortir d’une sorte d’amnésie organisée par cetain(e)s qui ont peut être des choses à cacher et enfin affronter son passé récent ......... dans toute sa complexité !

    S’ils ne savent pas faire, l’Afrique du Sud pourrait leur conseiller pour orgnaiser une" Commission de vérité et de réconciliation (CVR), juridiction ou commission non juridique mise en place après des périodes de troubles politiques, de dictature ou de répression politique ; elle œuvre dans un esprit de réconciliation nationale."

    Mais avant toute chose comme on va encore entendre la petite musique " du pays démocratique qui n’ a jamais dérapé dans sa lutte contre les vilains terroristes" ( ou bien comme dirait Spataro " la lutte de l’intelligence contre les crétins" ), nous emprunterons à Serge Quadrupanni un extrait de son blog, extrait qui souligne auusi à l’occasion ce que peut être cette "belle gauche" moderne italienne dont on nous rebat les oreilles à chaque fois que revient le nom de Battisti ou d’une autre.

    Vous savez cette "gauche" transalpine qui elle n ’écoute pas les sirènes extrêmistes,, mais qui semble se laisser aller parfois à de drôles de combines .........

    " L’affaire Mafia Capitale, qui n’en est qu’à ses débuts....... , est exemplaire de l’organisation des pouvoirs dans le capitalisme tardif. Au niveau de la plus belle ville du monde, on retrouve la forme réticulaire qu’assume au niveau mondial ce qui me semble plus commode d’appeler l’Empire(1). En dépit du glamour méphistophélique de Carminatti, l’ex membre d’un groupe combattant fasciste mêlé à toute une série de meurtre, dont celui d’un journaliste qui enquêtait sur les liens entre l’Etat (incarné par Andreotti) et la mafia, on constate qu’au niveau de la Ville, comme à celui du monde, la figure du capo dei capi s’est effacée au profit d’une négociation permanente entre chefs sur la répartition des richesses. C’est ce que montrent les écoutes reproduites par la presse, de même qu’ils reproduisent bien le type de rapports réservés aux exploités.

    « C’est la théorie du monde du milieu, collègue. Il y a, comme on dit, les vivants en haut et les morts en bas. Nous on est au milieu. Et alors, ça veut dire qu’il y a un monde au milieu, dans lequel tout le monde se rencontre »

    « Je le tue comme un chien… l’enculé… mais peut-être j’y vais avec quelqu’un… je le lui dis dans 48 heures, t’es mort…je te salue !"

    (Carminati, à propos d’un entrepreneur qui lui doit de l’argent)

    « Tu le sais combien je gagne sur les immigrés ? Tu en as une idée ? Le trafic de drogue rapporte moins »

    Salvatore Buzzi, président de la coopérative 29 juin.

    Et pour ceux qui n’ont pas suivi, voici, par les excellents camarades de Militant, un bon résumé de l’affaire :

    La coopérative 29 juin est la plus grande de la capitale, un des organes sociaux du PD [Parti démocrate – post-gauche néo-libérale, NDT] les plus importants pour la gestion clientéliste de la ville. Inutile d’expliquer la centralité qu’une coopérative de ce genre assume dans l’appareil de pouvoir du PD : ramassage et traitement des déchets ; gestion de l’accueil des réfugiés ; manutention des espaces verts ; services de nettoyage pour entreprises privées et publiques ; etc. En pratique le secteur des services de la commune de Rome a été attribué à la coopérative. Son responsable, Salvatore Buzzi était (est) le bras droit de Massimo Carminati, célèbre néo-fasciste aujourd’hui recyclé dans la gestion criminelle des services publics externalisés. En pratique, une fraction importante du PD de la ville faisait des affaires avec la droite néo-fasciste et liée à la pègre. Argent qui était ensuite réutilisé pour des fins multiples, on imagine que quelques miettes aussi était arrivée directement à la droite politique proche de Carminati. Il n’y a jamais de limite au pire, mais cette fois, le « saut de qualité » apparaît vraiment notable. Le partage du pouvoir gestionnaire, la continuité politique essentielle entre centre-droit et centre-gauche, les gouvernements de fait unicolores, opèrent aujourd’hui un dangereux pas en avant. Aujourd’hui est venu au jour qu’une fraction importante du PD fiance à travers des appels d’offres truqués la droite néo-fasciste, pour ne pas parler de la pègre, toujours au sommet des discours rhétoriques des partis. Cerise sur le gâteau, la droite néo-fasciste fait de l’argent avec l’accueil des migrants. Est-il vraiment nécessaire de commenter ?

    (1) Ne pas confondre avec l’Empire négriste un petit peu trop fumeux pour moi, ni évidemment avec l’Empire de l’immonde Soral qui a trouvé un public en transformant ses troubles d’identité sexuelle en haine des juifs : pour lui, l’Empire c’est seulement leur autre nom.

    Publié il y a 5th December 2014 par Quadruppani "

    Nous voilà rassuré au moins sur un point, pas besoin d’extrader Massimo Carminati .... et pas besoin pour lui non plus de témoignage de "repenti" ................ "