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VENEZUELA : le bain de sang approche. Que fait la gauche internationale ?

par Jean Orti Jean Ortiz, Maître de conférences, université de Pau

Publie le vendredi 21 juillet 2017 par Jean Orti Jean Ortiz, Maître de conférences, université de Pau - Open-Publishing
3 commentaires

Il ne faudra pas venir pleurer demain lorsque l’on assassinera, torturera, « disparaîtra », les militants chavistes. Les précédents historiques sont malheureusement nombreux.

Les classes dominantes vénézuéliennes veulent une revanche sociale, liquider la « révolution bolivarienne », ou ce qu’il en reste, afin que le peuple des anciens « invisibles » ne relève plus jamais la tête. L’oligarchie veut que ces « fils de rien », auxquels le chavisme a donné statut et dignité, retournent au néant.

On peut émettre des critiques sur la gestion, sur la stratégie du président Maduro. Mais il a été élu, certes de peu, mais élu. Donc légitime. Il propose le dialogue, et a le droit de se défendre contre des émeutiers. La plupart des médias vénézuéliens et étrangers s’acharnent à donner une image chaotique du pays, à mettre sur le dos des chavistes les exactions commises par des groupes violentissimes, masqués, souvent armés, les « guarimbas », qui veulent la guerre civile.

L’opposition vénézuélienne n’est pas toute favorable à ce coup d’Etat permanent, qui va déboucher sur un massacre. Mais les secteurs qui dominent cette opposition sont parvenus à la radicaliser, à instrumentaliser le dépit de secteurs populaires éprouvés. Ils sont majoritairement d’ultra-droite. Ils veulent en découdre, et rapidement désormais. Ouvertement encouragés par la brute va-t-en guerre Trump, ils redoublent d’exactions, de sabotages, de destruction de bâtiments et de services publics, de violences en tout genre.

Le pays étant encore en grande partie capitaliste, l’oligarchie, les propriétaires, les possédants, organisent la guerre économique sur des produits ciblés, et font porter la responsabilité des difficultés structurelles, des pénuries et des queues interminables sur le gouvernement, qui n’est pas tout blanc, mais qui cherche, par la Constituante, une issue pacifique à la crise abyssale.

On peut, voire il faut, critiquer les erreurs du régime, mais n’oublions jamais que les chavistes et le peuple (même si une partie peut s’en éloigner) sont sous le feu permanent d’une véritable guerre menée par les Etats-Unis contre un pays aux énormes ressources pétrolières, et qui a osé résister à « l’Empire » pendant plus de quinze ans. Et chercher une autre voie que celle de l’inféodation, vers l’indépendance, la justice sociale, le socialisme. Qui a eu le culot, par la voix d’Hugo Chavez, de remettre les dirigeants des Etats-Unis (« ¡Váyanse pal carajo, yanquis de mierda ! ») à leur place.

N’est-il pas temps que la gauche dans son ensemble se ressaisisse et manifeste sa condamnation de l’ingérence étrangère dans un pays souverain, et affirme sa solidarité, fût-elle critique, voire conditionnelle (ni dans l’aveuglement, ni donneuse de leçon), avec la révolution bolivarienne ? « La solidarité est la tendresse des peuples » disait Che Guevara. Il faut être aveugle, ou inconséquent, pour ne pas saisir ce qui est aujourd’hui en jeu au Venezuela.

Messages

  • OK. avec ces observations ! Je crois surtout que dans notre pays industrialisé, les élections viennent encore de le démontrer, qu’il n’y a pas (encore) de majorité sociologique pour condamner le capitalisme ! Moyennant quoi elle s’appuie toujours sur un prétendu respect par le capitalisme de la démocratie ! La grande illusion persiste ! Et cela, médias officiels à l’appui, fait penser à cette majorité que c’est l’essentiel et que la guerre économique a de sérieuses retombées surtout sur une minorité et que par conséquent peut être pardonnée, individualisme commande ! Et par ricochet le Socialisme en essai dans d’autres pays ne les intéresse pas convaincus qu’ils ne sont pas dans l’erreur ! Dommage que cette soi-disante démocratie ne nous donne pas droit à une autre vision du monde, en tant qu’opposition au régime capitaliste ! Maintenant le Peuple Venezuelien a-t-il les moyens de résister à un flot de corruptions ? Ne jamais oublier que les gérants du capitalisme autant avares qu’ils sont pour bannir la pauvreté, autant ils sont prêts à dépenser sans compter pour le sauvetage coûte que coûte de ses privilèges !

  • Et est-ce que le projet des monstres est la répétition de l’assassinat de Salvador Allende au Chili, acculés qu’ils sont à une violence inouïe ?

  • Bien s$ur, on voit se rééditer, 44 ans après, ce qui s’est passé au Chili en 1973, et, comme à l’époque, dans l’indifférence générale !
    La gauche française est laminée, nulle. Le dernier numéro de Lutte ouvrière renvoie, par exemple, dos à dos les chavistes et la droite... C’est tout dire !