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LE SILENCE DES BLAIREAUX

par irae

Publie le vendredi 17 novembre 2017 par irae - Open-Publishing

J’ai encore à l’oreille leurs bêlements extatiques. A la question pourquoi allez-vous voter pour lui des réponses aussi pertinentes que « sa fraîcheur ». Hallucinant ? pure invention ? absolument pas. Il s’agit là de la réflexion d’une intervenante, non professionnelle du journalisme, habituée d’une émission sur une chaîne de télévision détenue par un grand capitaliste, émission portant un doux nom d’une grande fraîcheur également.

Élire un président pour sa fraîcheur, non vous ne rêvez pas. Mais pas seulement pour sa fraîcheur, quand la jeunesse, la nouveauté, et un physique paraît-il avantageux tiennent lieu de compétence on peut s’attendre au pire. Et on l’a eu.

Les bêleurs ont aussi donné beaucoup d’eux-mêmes. Inlassablement toutes les nuits les affiches du futur prince étaient remises en état, démontrant les moyens financiers colossaux mis à sa disposition par ses soutiens financiers anonymes. Des textos anonymes furent envoyés appelant au vote du futur sauveur de la nation. Ils ont pourchassé, sombres crétins, l’abstentionniste jusque sur les sites de gauche, qui au nom de sa descendance « je vote pour assurer l’avenir de mes enfants » (les malheureux) qui pour appeler à faire barrage au diable créé de toutes pièces par le machiavel de Jarnac et savamment entretenu depuis bientôt 4 décennies par la caste politico-merdiatique uniquement préoccupée de conforter ses privilèges. Ils ont fait la claque sur commande par texto simulant l’enthousiasme lors de meetings tenus dans des salles à peine remplies mais aux cadrages parfaits pour donner l’illusion d’un raz-de-marée humain.

Partie prenante et gardiens du troupeau, les merdias. Des, couvertures à foison sur des revues dans des domaines aussi politiques que sciences et avenir, au « votez pour qui vous voulez mais votez pour lui » ou le « ni marine ni le pen » du délicieux canard laquais, là aussi l’argent a coulé à flots pour mettre sur orbite un médiocre qui n’aura réussi durant son court passage aux affaires publiques qu’à apporter la preuve de son arrogance insultante et de son manque absolu de créativité.

N’oublions pas les ralliements consternants de prétendus intellectuels supposés disposer d’un capital neuronal propre à les mettre à l’abri de l’instinct grégaire. Et pourtant, on en a vu de ces cadors de l’économie (lamentable pseudo-science à prétention mathématique pour faire crédible) type piketty miser sur le génie du dieu grec pour faire notre bonheur à tous. J’ai même entendu, les ébahie une jeune "intellectuelle de gôche" parler à son sujet de "jubilation de l’intelligence" qui lui aurait fait plaisir à voir. On doit pas avoir la même idée de l’intelligence.

Enfin, à ce vaste troupeau de gens qui, comme chacun le sait maintenant, dans une gare ne sont rien, se sont joints ceux qui paraît-il réussissent. Célébrités des arts, de la politique, du barreau, de droiche de gaute, avec en tête de peloton, les anciens ps et « écologistes » prêts à accepter toutes les avanies pour leur ration de foin. Allez pour le plaisir, valls, royal, cohen bendit, rugy, pompilli, solère, ceux que j’oublie voudront bien m’excuser mais ils sont si nombreux.

Il en aura été bêlé des âneries par ce troupeau. « Il faut lui laisser sa chance », « il bouscule la vie politique » (ni de gauche, ni de gauche mais surtout libéral), « il propose une rupture » (il disrupte, moi aussi quand j’ai trop mangé), et une offre tellement innovante et des solutions tellement jamais mises en œuvre depuis les années 1980 comme la suppression de toute forme de protection sociale, la mise en place de la politique de l’offre (tellement bénéfique à l’écosystème) ou encore le ruissellement (à savoir gorger tellement ceux qui sont déjà gavés qu’on puisse espérer qu’ils en vomissent un peu sur les pauvres). Bref, que du neuf et qui a conduit nos économies et nos sociétés à l’état florissant que nous connaissons.

Or, voilà que les premiers signes d’inquiétude commencent à poindre. En dépit des efforts frénétiques des merdias aussi bien pour glisser sous le tapis ses boulettes (chassez le naturel méprisant il revient au galop), excusant la blague hilarante sur les kwassa kwassa, pontifiant sur le bien-fondé des « fouteurs de bordel qui feraient mieux de chercher du travail » (à 150 km de leur domicile pour un smic), alors même que la moindre parole de ses adversaires donne lieu aussitôt à des tsunami de connerie, que pour passer sous silence ses résultats lamentables dans les sondages, les premiers crapauds apparaissent dans le merveilleux conte de fées.

Revenant enfin sur terre, quelques rares, parmi les illuminés qui avaient cru à sa promesse de renouvellement de la vie politique, perçoivent, enfin l’autoritarisme et la verticalité dont le personnage avait pourtant amplement apporté la preuve bien avant son élection.

Bien entendu, ce n’est certes pas du côté des plus fortunés avec qui nous sommes tellement méchants, qu’il faudra chercher la moindre trace de déception. Une économie d’un million annuel (calcul des services fiscaux suite à la décision de défiscaliser une partie des avoirs entrant dans l’assiette de l’ISF), cela fait quelques boîtes de caviar de plus pour les fêtes.

Pour l’heure, aucun retour des heureux salariés qui ne font pas partie des familles les plus fortunées mais ont contribué aux 24 % du premier tour et se voient à présent placés en situation de précarité et mis dans l’impossibilité de défendre leurs acquis sociaux, leurs revenus ou leurs conditions de travail.

On pourrait dès lors s’attendre à quelques actes de contrition, au moins de la part de ceux qui sont venus nous poursuivre (et tentent encore leur chance ici même le dimanche matin avant relecture par les modérateurs) de leur militantisme ultra-libéral de ravis de la crèche, jusque sur nos sites anti-libéraux, jusque sur nos téléphones personnels, mais non rien, le silence des blaireaux.