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Pour être riches : faites des pauvres !

Publie le lundi 6 juin 2005 par Open-Publishing

de Jean Dornac

D’abord une petite recette pour devenir riche ou le rester...

Citation :

 Prendre une grosse louche de politiciens de droite extrême et d’extrême droite (pour respecter le goût tout en évitant le « trop piquant, trop voyant »).
 Ajouter une petite louche de politiciens de gauche libérale. Ingrédient indispensable pour faire passer l’amertume.
 Ajouter une toute petite pincée de sauce sociale (surtout pas trop, c’est juste pour faire joli)
 Ajouter un kilo de levure chimique, la « spéciale idéologie néolibérale »
 Ajouter quelques kilos de farine « Bush certifiée »
 Mélangez le tout.
 Diluez les grumeaux dits du « droits du travail ».
 Supprimer les ersatz de « liberté ».

Battez, pétrissez bien ce mélange jusqu’à obtenir une pâte visqueuse à souhait. Faites cuire à feu très vif dans le four « patronal ». Lorsque l’odeur de roussi devient pénétrante, sortir du four... C’est prêt !

Avant de servir, pratiquez une publicité intense partout mais spécialement sur les télévisions affichant le label « cerveaux disponibles » en précisant bien que « c’est pour le bien des peuples, pour leur progrès social ».

Pour servir, ajoutez dans le plat le nectar libéral « no-conscience », prisé par tous les décideurs : politiciens, scientifiques, médiatiques au service de la finance.

Détail important : Mieux vaut éviter de saupoudrer avec du TCE. Nous avons constaté une sorte d’allergie qui agit comme un repoussoir... et transforme nos chers moutons blancs en sales moutons noirs...

* * *

Schématiquement, on nous fait manger de ce pain-là depuis la fin des années 70. Le résultat ne s’est pas fait attendre.

Une étude récente du Cerc montre que les Français qui ne disposent que de leur salaire pour vivre ont subi un recul social de cinquante ans !
« Depuis 25 ans, la progression du niveau de vie des ménages s’est considérablement ralentie. Les salariés ont été les plus touchés par ce mouvement. Le pouvoir d’achat des salaires a stagné depuis la fin des années 1970 et, depuis dix ans, les prestations sociales ne parviennent plus à compenser ce mouvement. Pour la majorité des salariés, qui ne peuvent compter que sur les revenus de leur travail, le niveau de vie relatif a considérablement chuté depuis 20 ans. Aujourd’hui, la condition salariale est comparable à ce qu’elle était il y a un demi-siècle. »

Source : www.bip40.org

A comparer avec ceci :
« De 1988 à 2002 le pouvoir d’achat des revenus monétaires de la propriété a augmenté de 202 % alors que celui de la plupart des salaires stagnait. Cette évolution divergente a conduit à une aggravation des inégalités de revenus, puisque les revenus des ménages les plus fortunés sont plus particulièrement constitués de revenus de la propriété. »

Source : www.bip40.org

Marianne nous en dit plus...

12 millions de Français vivent avec moins de 843 euros (5530 francs) par mois soit environ 20% de la population.

Ces 12 millions se décomposent en :
 3,2 millions de Français qui vivent avec moins de 602 euros (3950 francs) par mois.
 7,2 millions de Français qui vivent avec moins de 722 (4736) euros par mois.

C’est la France très sociale d’aujourd’hui, la France très libérale. Ce qui n’empêche pas, évidemment, l’OCDE, le Medef et quelques politiciens de considérer que le Smic revient trop cher aux entreprises et bloque la croissance de ces dernières. Et ce qui n’empêche surtout pas tous ces profiteurs de réclamer toujours plus de libéralisme, c’est-à-dire de dérégulation sociale et de dictature de leurs règles.

Le rêve libéral des vrais fourbes

Un vampire, par définition, se nourrit du sang de ses victimes. Par définition également, il ne survit qu’en parasitant ses victimes. C’est exactement le schéma appliqué par un certain nombre de patrons que je me refuse catégoriquement de nommer des « entrepreneurs ». Ce mot est bien trop beau pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font.

Pour illustrer ce propos, voici quelques extraits d’un article paru dans l’Express 30 mai 2005 sous la signature de Georges Dupuy. « ...Le portail Internet de Lycos a proposé à 34 de ses salariés d’être reclassés en Arménie pour 300 à 500 € par mois. De six à dix fois le salaire moyen local. La société Max Sauer, à Saint-Brieuc, avait, elle, offert de recaser certains de ses employés à l’île Maurice pour 117 € par mois. Mais l’alsacien Sem Suhner reste imbattable, qui a présenté des postes en Roumanie à 110 € brut par mois.

Les Roumains s’en sont encore plus scandalisés que les Français. (...) C’est bien là que le bât blesse. La Roumanie est de moins en moins la terre promise des délocalisations dévoreuses de main-d’œuvre bon marché, comme le textile ou les chaussures. (...)

Dès lors, la tentation est grande d’aller voir ailleurs. (...) Après les échecs de 1994, les entrepreneurs sont de retour en Ukraine, où la rémunération moyenne mensuelle frôle les 50 €. Mais le nouvel eldorado paraît être la Moldavie : le salaire moyen y varie entre 20 et 27 €. (...) Dans les années 1990, la vogue avait été la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Pologne (...) Un groupe vite détrôné par la Roumanie, la Bulgarie et le Maghreb. Aujourd’hui, donc, la Moldavie. Et après ? Ce pourraient être la Géorgie ou, s’ils se calment, les « Stan » d’Asie centrale - l’Ouzbékistan, le Kirghizstan ou le Kazakhstan, riches en laine et en coton.

Il leur faudra cependant déployer des trésors de compétitivité pour battre le Bangladesh : l’heure de travail dans le textile n’y dépassait pas 26 centimes d’euro en 2001. Qui dit moins ? »

Notre sang ne leur coûte rien et nos vies ne comptent pour rien

« Selon les chiffres de l’Organisation internationale du Travail, trois fois plus d’êtres humains meurent d’accidents ou de maladies liées au travail à chaque année que dans toutes les guerres en cours. De plus, les chiffres ont presque doublé dans les dernières années et dépassent maintenant les deux millions de victimes. Face à des pertes en vies ouvrières aussi massives, il me vient à l’esprit les arguments des « bonnes âmes frileuses » qui questionnent la réalité de la lutte des classes ou encore les propos de « camarades rrrévolutionnaires » qui nient l’existence même de la classe ouvrière. Il n’y a pas de pires aveugles que ceux et celles qui ne veulent pas voir... »

Source : Groupe Internationaliste Ouvrier
canada@ibpr.org

Conclusion

Comment respecter ça ? Comment ne pas être totalement écœuré par ces patrons, par ce grand nombre de patrons, qui ont en plus la prétention de nous demander de les admirer ? Outre le fait d’être exceptionnellement doués pour l’exploitation humaine, ces gueux ont des qualités extrêmes pour créer et alimenter sans cesse la haine. D’où la nécessité, du côtés des complices politiciens, des lois sécuritaires, de la multiplication, ici et ailleurs, d’une présence policière étouffante et naturellement dangereuse, des prisons surchargées, etc...

Le réveil des peuples par le NON au TCE est sans doute notre plus grande chance depuis des décennies.

Puisse cet élan ne pas s’affaiblir, mais tout au contraire s’intensifier et passer d’un pays à l’autre. Et puissions-nous avoir l’intelligence et la volonté, ici, de maintenir en vie très active les collectifs de combat et de les susciter dans tous les pays d’Europe.

Il y va de la paix, car il n’est pas possible que se poursuive une telle exploitation criminelle exercée par un petit clan d’humains contre tout le reste de l’humanité.

source : http://altermonde.levillage.org/art...

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