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Référendum sur la procréation assistée : l’Italie plus divisée que jamais

Publie le mardi 7 juin 2005 par Open-Publishing

Le 9 juin, à 19 heures, 120 rue Lafayette
le Collectif Bellaciao organise un débat sur : LE STATUT JURIDIQUE DE L’EMBRYON

L’Italie est profondément divisée sur le prochain référendum sur la procréation assistée, les tenants du oui à la modification de la loi en vigueur craignant qu’un échec de la consultation n’ouvre la voie à une remise en cause du droit à l’avortement.

50,2 millions d’électeurs sont appelés les 12 et 13 juin à se prononcer sur l’abrogation partielle de la loi sur la fécondation médicalement assistée, adoptée en 2004 et jugée très restrictive par rapport à celles de pays européens voisins.

Les Italiens devront répondre oui ou non à quatre questions : supprimer les passages du texte qui font de l’embryon un être humain à part entière, éliminer l’obligation de créer au maximum trois embryons et de tous les implanter sans diagnostic préimplantatoire, donner la possibilité aux couples de recourir à la fécondation hétérologue, c’est-à-dire à un donneur extérieur, et, enfin, éliminer les limitations aux recherches médicales sur les embryons.

Mais l’Eglise catholique, qui juge que ce texte est un moindre mal et est pour son maintien en l’état, a pesé de tout son poids pour l’abstention, sachant que si la participation n’atteint pas les 50%, le résultat du référendum ne sera pas validé.

A l’entrée de la campagne dans sa dernière semaine, la ministre de l’Egalité des chances, Stefania Prestigiacomo, militante active du »oui » a mis en exergue les carences d’une loi faite par le gouvernement auquel elle appartient et votée par une partie de l’opposition.

 »La loi 40 sur la procréation considère l’embryon comme un être à part entière tandis que celle sur l’avortement permet d’interrompre une grossesse d’un foetus de 4 à 6 mois : il y a là une incongruité grande comme une maison. Si congeler un embryon de 48 heures signifie intervenir sur une personne, alors l’avortement est un homicide », a-t-elle dit.

Pour elle, »le prochain objectif de ceux (qui veulent faire échouer le référendum, ndlr) sera la révision de la loi sur l’avortement ».

Mme Prestigiacomo a alors invité les Italiens »à avoir le bon sens de ne pas imiter les leaders politiques mais leurs épouses ».

La femme de Silvio Berlusconi, Veronica Lario, d’ordinaire très réservée, a pris position et dit qu’elle voterait quatre fois oui alors que le chef du gouvernement est l’un des rares dirigeants à ne pas avoir dit s’il irait voter ou non.

Plus net encore, Barbara Palombelli, journaliste connue du Corriere della Sera, votera quatre oui tandis que son mari Francesco Rutelli, numéro un du parti de centre-gauche La Marguerite, s’abstiendra.

 »Je ne me sentirai pas moins chrétienne par ce vote », écrit Mme Palombelli dans le journal, ajoutant : »Je suis contre la fécondation hétérologue mais je ne sentirais pas de l’interdire à d’autres personnes ».

 »Certains de ceux qui votent non aujourd’hui auront peut-être besoin demain d’aller à l’étranger recevoir les soins interdits en Italie. Qui pourra les excommunier », affirme-t-elle estimant que »les autorités religieuses doivent éviter de s’immiscer dans les législations des Etats ».

Le référendum divise profondément la classe politique. Dans l’ensemble, la gauche votera »oui » à l’exception notable de M. Rutelli.

Les principales formations de la coalition de centre-droit, Forza Italia de M. Berlusconi et Alliance nationale de Gianfranco Fini, laissent la liberté de vote à leurs adhérents. Les chrétiens-démocrates de l’UDC sont pour l’abstention tout comme la Ligue du Nord.

Marco Pannella, une figure historique du Parti radical qui a été parmi les promoteurs les plus actifs de ce référendum d’initiative populaire, a déclaré craindre que le quorum ne soit pas atteint.

http://www.tageblatt.lu/edition/article.asp?ArticleId=35796